Les taux sont trop élevés pour la réalité économique québécoise
Le courrier des lecteurs|Publié le 22 septembre 2024Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem (Photo: La Presse Canadienne)
Un texte de Jasmin Racine, B. Sc. économique de l’Université de Sherbrooke et candidat à la maîtrise en économique à l’Université Laval
COURRIER DES LECTEURS. Pour un troisième mois d’affilée, l’inflation a été plus faible au Québec qu’au Canada. Au mois d’août, l’inflation canadienne est sortie à 2%. Or, c’est là précisément la cible de la Banque du Canada que l’inflation soit le plus près possible de 2%, car une inflation basse et stable est vue comme étant bénéfique pour l’économie. L’inflation québécoise quant à elle fut de 1,5% durant la même période.
Si on exclut le logement, le Québec a connu une déflation entre août 2023 et août 2024, ce qui n’est pas le cas au Canada. L’inflation plus faible du Québec tend à indiquer que le taux directeur de la Banque du Canada est trop restrictif pour l’économie québécoise.
La zone monétaire canadienne n’est pas une zone monétaire optimale. L’hétérogénéité dans la dynamique des prix que nous observons aujourd’hui en est le symptôme. Le remède est de sortir de la zone monétaire canadienne.
Si l’inflation canadienne avait été au même niveau qu’au Québec durant les derniers mois, il est probable que la Banque du Canada aurait été de l’avant avec une baisse plus significative de 50 points de base. Par souci de contrôle de l’inflation pancanadienne, notre banque centrale n’a eu d’autre choix que de limiter sa dernière baisse de taux à un maigre 0,25%. La Banque du Canada a donc pris la bonne décision relativement à la réalité canadienne, mais celle-ci n’est malheureusement pas toujours optimale pour l’économie québécoise. Le même schéma risque d’être répété lors de la prochaine décision étant donné qu’il existe toujours un écart non négligeable entre l’inflation canadienne et l’inflation québécoise.
Comme il ne peut y avoir qu’une seule politique monétaire par monnaie, le Québec est à risque de subir les inconvénients économiques qui dérivent de l’absence de politique monétaire adaptée précisément à la réalité de notre économie. Avoir une banque centrale québécoise nous permettrait en ce sens d’avoir une politique monétaire plus finement ajustée aux situations économiques que nous rencontrons.
De plus, nous savons qu’avec l’actuelle crise du logement, il est urgent de régler les problèmes d’abordabilité, mais aussi du manque d’offre de logements. Or, une baisse de taux plus significative aurait justement permis de réduire davantage les coûts d’emprunts pour les acheteurs et de réduire le fardeau aux emprunteurs qui renouvellent actuellement leur hypothèque. Les bénéfices ne s’arrêtent pas là: des taux plus bas représentent aussi des mesures incitatives à la construction. Qui sait combien de logements ne seront pas construits sans cette baisse de taux qui serait pourtant justifiée au regard de la situation économique du Québec…
Voilà un exemple tout simple, mais ô combien d’occasions économiques importantes qui échappent au Québec en l’absence de banque centrale proprement québécoise.