Jay Grandmont lors de sa graduation au cégep à 19 ans (Photo: courtoisie)
«Le temps prend la valeur qu’on lui donne.»
EXPERT INVITÉ. J’ai entendu cette phrase à un moment dans ma vie où rien n’allait. Je souffrais mentalement et j’étais complètement perdu à travers mes pensées et dans ma vie professionnelle.
Le temps était long.
Pour vous mettre en contexte, les 12 mois de 2019 où je souffrais de dépression, étaient probablement les plus longs de ma vie.
Pourtant, c’est en relisant cette même phrase en 2024, à l’aube de fêter ma première année complète en tant que travailleur autonome, que je réalise toute sa profondeur.
En effet, les 12 derniers mois auront passé très vites (positivement).
Je suis persuadé que rien n’arrive pour rien dans la vie. Il y a une raison à tout, même si ça peut nous prendre du temps à la trouver. Nos meilleures opportunités dans la vie, surviennent parfois dans nos moments les plus sombres et les plus turbulents.
En fait, le temps est la seule chose qui nous unit tous et c’est avec ce préambule que je vous introduis à ma réflexion à propos de l’humain, la santé mentale et l’entrepreneuriat à travers cette lettre que j’ai décidé d’écrire au jeune moi de 2014, alors âgé de 19 ans.
Lettre au jeune entrepreneur que tu deviendras
Si tu lis cette lettre, c’est qu’on est devenu «entrepreneur». D’ailleurs, je te rassure, non ce n’est pas le terme qu’on dit aux autres parce qu’on n’a pas de job et qu’on veut avoir l’air de «brasser» de grosses affaires.
Toi, Jay Grandmont, tu deviendras entrepreneur à l’âge de 28 ans. Même qu’au moment d’écrire ces lignes, ça fait bientôt un an que tu bâtis ton entreprise brique par brique.
Je t’entends déjà me dire que tu as hâte d’être rendu-là, parce que tu aimes ça toi, avoir les choses rapidement.
Tu es travaillant, mais tu es impatient.
On va devoir travailler là-dessus, parce que tu verras qu’en affaires, il faudra savoir apprécier les moments plus durs afin de demeurer les deux pieds sur Terre quand tout ira bien. Il faudra être patient et toujours continuer de persévérer.
Je sais qu’en ce moment tu travailles dans les bars et que tu fais beaucoup d’argent. D’ailleurs, tu iras même jusqu’à penser pendant un certain temps que c’est l’argent qui te rendra heureux. Que pour réussir dans la vie, il faut faire de l’argent.
Cependant, tu vas constater rapidement que si ton but premier est de faire de l’argent dans ta carrière, tu seras inévitablement malheureux.
Un des grands apprentissages qui nous aide beaucoup dans notre carrière d’entrepreneur en ce moment, c’est qu’on est tombé en amour avec le processus.
«Trust the process» comme on dit.
Chaque jour est un nouveau défi et c’est ce qui nous rend meilleur au fil du temps.
Ce qui m’amène à une autre chose sur laquelle tu devras travailler, mais celle-là elle nous prendra du temps à comprendre et j’ai nommé: la perception des autres.
Depuis longtemps dans ta vie (et je sais qu’en ce moment dans tes années de cégep, tu ne t’en rends pas compte), mais chaque décision que tu prends est en fonction de ce que les autres vont en penser.
Sache une chose Jay: «La job que tu feras, tout le monde va s’en foutre.»
Un meilleur entrepreneur
Heureusement, c’est en acceptant de te rendre vulnérable et en travaillant sur toi-même que tu comprendras réellement cet aspect.
En effet, ta santé mentale est importante et d’en prendre soin fera de toi un meilleur entrepreneur. Si tu veux mon avis, nous sommes devenus entrepreneurs, grâce à notre connaissance de nous-mêmes.
Tu sais Jay, être travailleur autonome n’est pas un mode de vie qui peut convenir à tout le monde. Il faut accepter de vivre avec l’incertitude et ne rien tenir pour acquis. Pour toi, l’instabilité t’apporte un certain équilibre.
Tu comprendras juste après ton baccalauréat à l’université, que de ne pas savoir exactement où on s’en va avec notre vie professionnelle, c’est normal.
De surcroît, tes expertises le marketing d’influence, les médias sociaux, le marketing numérique sont en fortes croissances actuellement et les gens veulent tous comprendre comment tirer leur épingle du jeu.
Pourtant, la plus grande force qu’une personne puisse avoir c’est d’être passionnément elle-même.
Être soi-même, c’est à la fois si vague, mais à la fois tellement évident. Nous sommes tous uniques et c’est ce qui te permettra de te différencier en tant que travailleur autonome.
En terminant cette lettre Jay, j’aimerais te dire que je suis fier de ce que tu bâtiras dans les prochaines années. Oui, oui je suis fier et c’est important de le dire, de se le rappeler.
Lorsqu’on est entrepreneur, on devient rapidement pris dans les défis quotidiens et nous avons tendance à oublier tout le chemin parcouru. Nous sommes dans l’action, dans la réalisation, dans le prochain projet.
Cependant, une chose qui te gardera équilibré à travers les méandres de l’entrepreneuriat, sera de te rappeler d’où tu viens et de prendre le temps d’apprécier chacune des étapes du processus.
Je ne le répèterai jamais assez, mais le temps prend la valeur qu’on lui donne.
Jay, le temps sera parfois long, voire interminable, dans nos phases les plus creuses. Cependant, à bien des moments, nous ne verrons pas le temps passer et nous aurons même l’impression d’en manquer.
Nous chercherons alors à en faire plus par peur de ne pas être assez productif.
À ceci, je te répondrai qu’une santé mentale nous n’en avons qu’une seule et nous n’en aurons toujours qu’une seule. Alors, préserve-là à tout prix.
Les entrepreneur et les entrepreneures ont besoin d’être bien entourés et il te faudra continuer d’ouvrir la discussion auprès d’autrui, afin d’aider à déstigmatiser la santé mentale.
Après tout, le temps prend la valeur qu’on lui donne, donc utilise le tien à la hauteur de tes ambitions, mais assure-toi toujours de prendre le temps pour toi en premier.