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L’IA pourrait-elle améliorer les services publics au Québec?

Hugues Foltz|Mis à jour le 04 novembre 2024

L’IA pourrait-elle améliorer les services publics au Québec?

Photo: Fastfun23 pour 123rf.com

EXPERT INVITÉ. Ce n’est un secret pour personne que nos services publics manquent d’efficacité au Québec. Patienter des heures aux urgences, les longues listes d’attente pour obtenir un médecin de famille ou une place en garderie, le manque d’enseignants dans les écoles et les classes toujours plus volumineuses, le trafic sur les routes et des transports en commun désuets. Bref, de l’attente et toujours plus d’attente. Et notre population va en grandissant.

Imaginez un Québec où les services publics sont plus efficaces, plus rapides et plus personnalisés. Utopique, vous dites? L’IA pourrait bien être la clé qui nous mène vers ce futur. Comment pourrait-on transformer le système de santé, les garderies, la circulation et le transport en commun au Québec?

Le système de santé

Le système de santé est l’industrie qui gobe le plus d’argent dans le budget provincial. Cependant, selon l’Institut canadien d’information sur la santé, la moitié des Québécois admis à l’hôpital après un passage aux urgences en 2021-2022 ont attendu plus de 19,4 heures. Au moment où j’écris ce texte, le taux d’occupation des civières dans l’ensemble des unités d’urgences au Québec est de 124%. Plus préoccupant encore, environ 20% des Québécois n’ont même pas un médecin de famille.

Le gouvernement du Québec a mis en place plusieurs stratégies pour pallier les problèmes d’accès aux soins. On note l’augmentation du nombre de médecins formés, l’incitation des professionnels à pratiquer en régions éloignées et la création des groupes de médecine de famille (GMF). Ces mesures à elles seules ne suffisent toujours pas à répondre à la demande croissante.

Et si l’IA y mettait du sien pour améliorer la situation? Par exemple, elle pourrait analyser les dossiers médicaux pour identifier les patients à risque et prioriser leur traitement pour réduire les délais d’attente. Des agents conversationnels («chatbots») médicaux pourraient fournir des conseils de santé de base et orienter les patients vers les services appropriés, ce qui libérerait le temps des médecins. Des systèmes d’IA pourraient également optimiser la gestion des rendez-vous et des ressources hospitalières, ce qui assurerait une meilleure répartition des patients, moins d’attente et une utilisation plus efficace des infrastructures.

Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal utilise l’application AlayaCare pour optimiser les itinéraires des soins à domicile qu’ils offrent. L’application a montré des résultats prometteurs. Selon la compagnie, le CIUSSS aurait augmenté de 25% le nombre d’usagers ayant reçu des soins à domicile, de 18% le nombre d’interventions et de 20% les heures de traitements prodigués.

Ces perspectives sont alléchantes, n’est-ce pas? Et ce ne sont que les quelques idées qui me sont venues à l’esprit en y réfléchissant une minute. Imaginez tout ce que pourrait faire le système de santé s’il intégrait l’IA dans ses activités! Fini les temps d’attente frustrants et l’impossibilité de consulter dans un délai de moins d’un mois!

Les garderies

La difficulté de trouver une place en garderie est un problème majeur au Québec. Selon une enquête de l’Institut de la statistique du Québec, en 2023, environ 55 000 enfants étaient sur la liste d’attente pour une place en garderie. Les principales raisons évoquées par les parents non satisfaits étaient le manque de places (89%), l’absence de suivi (59%) et le coût (30%).

Le gouvernement du Québec a mis en place plusieurs stratégies pour régler la situation comme la création de nouvelles places en garderie, l’augmentation des subventions et des initiatives pour attirer et retenir le personnel éducatif. Malgré ces efforts, les défis persistent et de nombreux parents continuent de sacrifier énormément de temps dans la recherche de solutions de garde adéquates pour leurs enfants.

Et avec l’IA, à quoi pourraient ressembler les processus d’inscription en CPE? La technologie pourrait optimiser la gestion des inscriptions en fonction de la localisation et de l’âge de l’enfant, assurant une répartition plus efficace et rapide des places disponibles. Des systèmes d’IA pourraient également aider à prévoir les besoins futurs en matière de personnel et de ressources, permettant une planification en amont. Encore une fois, ce ne sont que quelques idées qui me sont venues en tête rapidement.

Le ministère de la Famille a d’ailleurs entamé la réalisation d’un nouveau guichet unique d’accès aux services de garde pour mieux répondre aux besoins des familles du Québec. Ce projet vise à mieux répondre aux besoins urgents des parents retournant au travail en utilisant des algorithmes pour prioriser les enfants en fonction de la date d’entrée souhaitée plutôt que la date d’inscription. Ce système est conçu pour optimiser l’utilisation des places disponibles. Espérons que l’innovation continue sur cette lancée!

En intégrant l’IA dans le système d’éducation, le Québec pourrait non seulement améliorer l’accès aux garderies, mais aussi prévoir la demande future et planifier en conséquence. Imaginez un futur où chaque enfant a accès à une place en garderie dès sa naissance et où le nombre d’éducateurs est suffisant pour les vingt années à venir!

Le transport

Selon le ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec, les temps de déplacement en heure de pointe à Montréal ont augmenté de 20% au cours des cinq dernières années. La Société de transport de Montréal (STM) fait face à un déficit financier important, malgré une augmentation de 400 millions de dollars en subventions gouvernementales. Cerise sur le sundae, la baisse des services dans le transport interurbain est bien réelle: pas moins de 85% des départs ont disparu depuis 40 ans.

Certaines stratégies ont été déployées par le gouvernement. Parmi elles, on retrouve le Plan stratégique 2023-2027 du ministère des Transports qui vise à optimiser les investissements dans le réseau d’infrastructures et à promouvoir les solutions de transport collectif. Dans ce cadre, le gouvernement finance des projets d’infrastructure pour améliorer les routes et les transports en commun, comme le Réseau express métropolitain (REM). Les résultats de ces initiatives tardent à voir le jour et le nombre de voitures en circulation ne fait qu’augmenter chaque année. Le portrait de l’avenir du transport n’est pas du tout reluisant au Québec.

Où l’IA pourrait-elle aider? Des systèmes de gestion du trafic en temps réel pourraient recourir à l’IA pour optimiser les feux de circulation et réduire les embouteillages. En matière de transport en commun, l’IA pourrait optimiser les horaires et les itinéraires selon les données réelles d’achalandage, ce qui pourrait convaincre plus d’utilisateurs de se fier sur le transport collectif au lieu de leur voiture. D’autres idées vous viennent-elles à l’esprit?

Grâce à l’IA dans la gestion des transports, le Québec pourrait réduire les temps de déplacement et offrir des services de transport en commun plus fiables, plus utiles et plus efficaces.

Le potentiel est immense et les bénéfices sont à portée de main. Nous pouvons créer un Québec plus efficace et innovant, où il fait bon vivre. Il est temps d’adopter l’IA et de transformer nos services publics pour le mieux. Alors, qu’attendons-nous?