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L’intersection entre politique, culture pop et technologie est là pour rester

Le courrier des lecteurs|Publié le 21 octobre 2024

L’intersection entre politique, culture pop et technologie est là pour rester

Kamala Harris (Photo: Getty Images)

Un texte de Lina Sakkal, spécialiste des relations publiques qui vit à Montréal

COURRIER DES LECTEURS. Il y a deux semaines, la candidate à la présidence Kamala Harris a fait une apparition dans le balado populaire d’Alexandra Cooper, Call Her Daddy, connu pour ses discussions parfois osées et toujours d’actualité sur le sexe et les relations.

Pour résumer, ce n’est pas vraiment le genre d’émission que je voudrais écouter avec ma mère.

Pas si longtemps auparavant, une interview sur une telle plateforme aurait disqualifié un candidat politique, mais la réalité, c’est que les médias reflètent la culture — et notre culture a changé. Beaucoup. Ce qui était autrefois considéré comme tabou est maintenant vu comme une bonne stratégie de communication. Pourquoi ?

Les démocrates et les républicains s’efforcent tous de séduire les jeunes électeurs. Le mode d’emploi qui fonctionnait pour leurs parents est désormais obsolète. Dans un monde où les jeunes se sentent si désillusionnés face à leur avenir—confrontés à des problèmes comme les prix du logement, le changement climatique et les prêts étudiants—les électeurs jeunes sont de plus en plus attirés par des candidats qui montrent vraiment qu’ils comprennent leurs luttes.

La politique a toujours été un concours de popularité, mais cette fois, c’est différent. Nous ne cherchons plus des candidats qui se présentent comme le « bon choix pour le poste ». Le culte de la personnalité est devenu roi.

Hillary Clinton a opté pour une approche éprouvée : respectable, soignée et posée. Cet été, nous avons vu Harris emprunter une autre voie : en dansant lors de rassemblements, en s’engageant avec les tendances TikTok, et en apparaissant sur un balado connu pour ses discussions franches entre femmes.

Ne vous méprenez pas : le pedigree en politique reste important. Mais plus que jamais, les candidats cherchent à rencontrer leurs électeurs là où ils se trouvent, peu importe à quel point cette plateforme peut être peu conventionnelle.

L’interview de Harris dans Call Her Daddy a révélé un côté plus accessible de sa personnalité, lui permettant de s’exprimer non seulement en tant que politicienne, mais aussi en tant que femme. C’était son occasion de montrer aux jeunes électrices ce qui se cache derrière le rideau. Mais ce n’est pas seulement ce qu’elle a dit, c’est aussi où elle l’a dit.

Une étude de Deloitte a révélé que 75 % des répondants font confiance aux animateurs de balado qu’ils écoutent, les rendant de véritables influenceurs pour leur audience. Les émissions sont intimes ; elles s’invitent directement dans nos foyers ou nos voitures à toute heure, nous permettant d’entendre exactement ce que nous voulons, quand nous le voulons. Au fil du temps, les animateurs commencent à ressembler davantage à des amis qu’à des têtes parlantes dans un studio à Los Angeles. Il y a une couche unique de confiance et d’authenticité intégrée dans ce médium.

Cette tendance ne se limite pas à Harris ; Donald Trump a également fait sensation avec ses apparitions sur des émissions controversées comme le balado ImPaulsive de Logan Paul, qui se décrit comme « … animé par une bande d’idiots ».

Il a invité des vedettes populaires de TikTok comme Bryce Hall à ses rassemblements, l’aidant à se connecter avec un public plus jeune, principalement masculin. En mettant en avant des visages familiers, Trump rend son message plus accessible et compréhensible, séduisant une démographie qui se sent davantage en phase avec les influenceurs en ligne qu’avec les politiciens traditionnels.

Pour être juste, la communication politique de Donald Trump a toujours été peu orthodoxe, voire provocante. Mais l’entrée de Kamala Harris dans la course seulement trois mois avant le jour des élections apporte une approche rafraîchissante qui a indéniablement rehaussé les enjeux, surtout alors que de nombreux jeunes électeurs se sont sentis désillusionnés par la candidature de Biden.

Cette année, la génération Z devrait représenter 17 % des électeurs éligibles, atteignant 35 % d’ici 2036. Combinés avec les milléniaux, ils pourraient constituer une majorité — jusqu’à 60 % — des électeurs potentiels cette décennie.

Alors que la politique et les campagnes électorales évoluent pour s’aligner sur les valeurs des jeunes électeurs, l’intersection entre politique, culture pop et technologie est là pour durer.

Ce qui semblait autrefois peu professionnel est maintenant une stratégie de communication astucieuse, et les candidats comprennent de plus en plus que se connecter avec les électeurs sur leurs plateformes préférées peut faire toute la différence pour engager un électorat actif.

Une chose est claire: le paysage de la communication politique est en période de transformation, et ceux qui s’adaptent pourraient se retrouver à résonner plus profondément avec la prochaine génération d’électeurs.