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Jean Sasseville

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Expert(e) invité(e)

Logement: Eric Girard est un coureur de fond

Jean Sasseville|Mis à jour le 28 juin 2024

Logement: Eric Girard est un coureur de fond

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, serre la main du premier ministre Francois Legault. (Photo: La Presse Canadienne / Jacques Boissinot)

EXPERT INVITÉ. Il faudrait construire 150 000 logements par an alors que l’on en construit à peine 40 000. Nous devons résorber cette pénurie. Pour le moins que l’on puisse dire, le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, veut éviter de s’essouffler avec un départ trop rapide.

Sérieusement, on se doutait que ce budget allait nous laisser sur notre faim. La marge de manœuvre du gouvernement est restreinte et les besoins sont nombreux. Alors que plusieurs provinces ont suspendu leur taxe de vente sur la construction neuve. Eric Girard a martelé depuis des mois que c’est, selon lui, une mesure inefficace. Les promoteurs et la majorité des économistes sont en désaccord. 

L’APCHQ accueille positivement l’investissement de 126 millions de dollars pour accroître la main-d’œuvre disponible et la productivité dans l’industrie de la construction. Cette somme vise à poursuivre l’Offensive formation en construction et à encourager l’innovation et la productivité dans l’industrie. 

Pour les autres mesures, consultez Aucune mesure pour relancer les mises en chantier. 

La réalisation de 8000 logements sociaux et abordables pour les cinq prochaines années découlant de la récente entente Canada-Québec ne représente que 2% de l’augmentation nécessaire de l’offre pour rétablir l’abordabilité.

 

Priorités pour les prochaines années

Il faudra adapter les infrastructures existantes aux changements climatiques, en construire de nouvelles dans les secteurs propices à la revitalisation et à la densification, soutenir adéquatement le transport collectif, intensifier les efforts pour assurer à tous les ménages un logement convenable, densifier encore plus et réduire l’étalement urbain.

Cela est un non-sens que l’on ne densifie pas près des stations REM par exemple. Il faut réduire l’étalement urbain.

Québec se doit de déployer encore plus de fonds pour les infrastructures pour soutenir les zones à fort potentiel en collaboration avec le fédéral afin d’augmenter l’offre de logements dans le Grand Montréal. Il y a trois secteurs à Montréal qui devrait être priorisée:

1. Le secteur Bridge-Bonaventure

2. Le quartier Namur-Hippodrome

3. L’Est de Montréal

 

Des solutions à coût nul?

Cela prend un cocktail de solutions. Injecter des fonds n’est pas la seule avenue.

Les délais d’obtention de permis font également grincer des dents le milieu de l’immobilier.

Les règles d’urbanisme ont leur raison d’être, mais certaines règles doivent être remises en cause.

Québec ne fixe pas d’objectifs et de règles de performances aux villes.

Certaines taxes et redevances de développement freinent la construction.

Québec se doit de prendre le taureau par les cornes.

Et pourquoi pas des prêts remboursables au développeur pour réduire la trop importante mise de fonds requise pour démarrer un projet?

 

Et le budget fédéral?

Permettez-moi de rêver.

Ce n’est pas notre première pénurie de logements. Inspirons-nous des solutions du passé qui ont eu du succès.

Les baby-boomers ont frappé le marché immobilier dans les années 1960 et au début des années 1970, déclenchant une forte pénurie de logements. Une provision fiscale nommée immeubles résidentiels à logements multiples (IRLM) encourageait la construction d’appartements, mais avec un bémol. Si un constructeur terminait une tour et la vendait ensuite pour profiter de la disposition fiscale, il devait alors consacrer les fonds ainsi obtenus à la construction d’un autre immeuble. Les années 1970 ont produit le même nombre de logements que les années record de 2021 et 2022 alors que la population était deux fois moins élevée.

Il y avait des défauts à cette mesure fiscale. Je ne recommande pas de le copier tel quel. Mais d’en concevoir une autre qui inciterait les particuliers à canaliser leurs économies dans la construction d’immeubles locatifs.

Ce n’est plus le temps de tergiverser. Aux grands mots, les grands moyens. Il est temps de mettre en place des mesures fiscales qui augmenteront les mises en chantier.

Une course de fond, c’est compréhensible. On ne peut tout régler rapidement. Mais ne nous engageons pas dans un triathlon.

 

 

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