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Marie-Eve Landry

Concilier entrepreneuriat et équilibre

Marie-Eve Landry

Expert(e) invité(e)

Lorsque l’optimisme devient toxique

Marie-Eve Landry|Mis à jour le 20 septembre 2024

Lorsque l’optimisme devient toxique

«Cette tendance à tourbillonner de gaieté excessive peut aussi engendrer des répercussions sur nos relations. L’ignorance momentanée de nos propres limites peut avoir comme effet de bousculer celles d’autrui.» (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉ. Septembre est un mois de bouillonnements, d’heureuses turbulences et de frénésie manifestes pour tous ceux qui sont enthousiasmés par le monde des possibilités, des occasions favorables et des lignes de départ.

Mais qu’advient-il de nous si cette énergie débordante est insuffisamment contenue et rapidement dilapidée dans cette amorce automnale?

La joie n’est pas une panacée

L’optimisme, au même titre que l’espoir, la résilience et l’autoefficacité, constitue un des piliers du capital psychologique défini comme un état de développement psychologique positif. Ces composantes permettent de réduire le stress et contribuent de façon significative à la santé mentale des entrepreneurs et des entrepreneures.

Tout ceci est exact, à condition de les investir sainement.

Bien entendu, les émotions positives et l’optimisme sont généralement reliés à des niveaux de performance et de bien-être plus élevés. Mais cela est vrai à juste dose, car un excès de joie peut devenir néfaste.

Une pomme par jour nous éloignera du docteur, nous enseigne le dicton. 50 pommes par jour, toutefois, nous y mèneront assurément.

Notre société de performance se gargarise bien souvent d’excès, notamment en ce qui a trait au mindset idéal à déployer pour réussir en affaires.

Surinvestir notre enthousiasme et notre positivité est une stratégie trop souvent valorisée comme voie de salut vers les plus hauts sommets en affaires.

Et dans la mire des sentiments à éventrer afin de poursuivre cette quête d’excellence figurent les émotions désagréables telles que la peur, la colère ou la tristesse, que l’on considère généralement comme des freins à notre ambition.

Dès lors que notre tendance naturelle est de voir les occasions et les brèches de possibilités, comme c’est le cas de la plupart des entrepreneurs, il apparaît que cette tendance potentielle à surinvestir ses émotions agréables est à surveiller de près.

Les risques d’un enthousiasme mal géré

Au même titre qu’une peur mal canalisée pourra se convertir en anxiété, une joie mal investie pourra aussi mener à des problèmes.

Sentir que nos idées se multiplient, se bousculent et se compétitionnent au point d’entamer de trop nombreux projets simultanément nous met de façon certaine à risque d’épuisement à plus ou moins long terme.

Ne plus être en mesure d’évaluer judicieusement les risques, parce que l’on est submergé d’optimisme, nous expose à des décisions impulsives, précipitées et parfois irréfléchies.

Et se laisser emporter par notre enthousiasme nous prive du regard absolument nécessaire sur nos limites, nos appréhensions et nos fragilités, remparts cruciaux permettant d’éviter de surestimer nos capacités et nous assurant de demeurer en santé.  

Accélérer consciemment

Si vous vous êtes reconnus dans cette tendance à vous laisser emporter par une certaine frénésie l’automne venu ou à d’autres moments particuliers de l’année, et que vous observez des contrecoups indésirables sur votre équilibre, profitez de votre motivation débordante actuelle pour changer les choses.   

Le premier pas est de reconnaître en vous cette tendance à l’emportement positif et à observer à quels moments ces vagues d’accélération ont tendance à survenir. Mieux vous serez en mesure de voir venir la vague, mieux outillés vous serez pour la canaliser.

Plusieurs personnes ont des cycles récurrents d’accélération/décélération dans l’année. Pour d’autres, leur emportement va être déclenché par certains types d’événements (un nouveau contrat signé, une occasion de partenariat, le développement d’un nouveau produit, etc.).

Travaillez à prendre conscience de cet élan vous permettra de mieux vous ajuster.

Prioriser

Une des choses les plus difficiles à concéder lorsqu’on se sent débordant d’énergie et de joie est de refuser de se laisser complètement submerger par cet état. Les émotions agréables sont bienvenues, mais elles ne doivent pas vous envahir au point de vous faire perdre vos repères.

Clarifiez votre alignement, vos objectifs et développez votre capacité à prioriser, particulièrement dans les moments heureux ou de nouveaux départs, et même lorsque vous goûtez à un entrain sans bornes, car cela vous assurera d’investir votre énergie et de canaliser vos ressources personnelles de façon harmonieuse.

Se voir dans le regard de l’autre

Enfin, cette tendance à tourbillonner de gaieté excessive peut aussi engendrer des répercussions sur nos relations. L’ignorance momentanée de nos propres limites peut avoir comme effet de bousculer celles d’autrui.

Donner la permission aux autres de vous faire part de leurs observations peut favoriser une meilleure conscience de vous-mêmes.

Pour ma part, quand mes proches ou mes collaborateurs me lancent un «Marie, ça serait peut-être le temps de ralentir un peu?», cela me reflète exactement l’état dans lequel je me trouve à ce moment-là. Et je sais que c’est alors le temps de déposer ma pomme, de m’asseoir et de respirer tranquillement.  

Important : Le contenu de cet article est ici simplifié et ne peut être considéré comme une information exhaustive sur le sujet ni comme une recommandation spécifique individuelle. Si vous observez avoir des phases d’euphorie d’une très forte intensité ou qui perdurent dans le temps, que vous rencontrez des difficultés à bien fonctionner ou que vous ressentez de la détresse psychologique, il est recommandé de consulter un professionnel de la santé.