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LES CLÉS DE LA CRYPTO. Les actionnaires du géant informatique vont devoir se prononcer sur la pertinence d’une diversification des investissements dans du bitcoin. On imagine ce qu’en pense un certain BlackRock, participant à hauteur de 7% au capital de Microsoft…
Actionnaires vs administrateurs. Le 10 décembre prochain, l’assemblée générale du géant informatique devra se prononcer sur une mesure inattendue: évaluer l’investissement dans le bitcoin.
Le think tank National Center for Public Policy Research, actionnaire de Microsoft, a en effet proposé d’évaluer la diversification des 484 milliards de dollars d’actifs de l’entreprise qui, pour l’heure, restent majoritairement investis dans «des titres du gouvernement américain et des obligations d’entreprises qui dépassent à peine l’inflation».
Or, rappelle le National Center dans son argumentaire, les entreprises ont le devoir de maximiser la valeur actionnariale non seulement en s’efforçant d’augmenter les bénéfices, mais aussi en s’efforçant de protéger ces bénéfices contre toute dépréciation.
Et, au cours des cinq dernières années, le prix du BTC a augmenté de 414%, surperformant les obligations d’entreprises d’environ 411% en moyenne.
Avec modération
Le groupe de réflexion invite ainsi Microsoft à revoir sa position, partant du principe que «les entreprises ne devraient pas non plus risquer la valeur actionnariale en ignorant complètement Bitcoin. Au minimum, les entreprises devraient évaluer les avantages de détenir une partie, même seulement 1%, de leurs actifs en bitcoin.»
Le National Center prend logiquement en exemple l’entreprise technologique Microstrategy, qui détient d’énormes quantités de bitcoins dans son bilan (près de 260 000 unités). «Cette société cotée a vu son cours de bourse surperformer celui de Microsoft de 313% cette année, malgré un chiffre d’affaires bien inférieur», note l’actionnaire dans sa proposition de vote.
Un passage que Michael Saylor, le CEO de Microstrategy, a mis en exergue sur les réseaux sociaux pour interpeller son homologue chez Microsoft, Sataya Nadella. «Si tu veux générer les prochains 1000 milliards de dollars pour les actionnaires, appelle-moi», a-t-il ironisé sur X.
Néanmoins, le think tank s’est montré moins railleur dans sa proposition, prenant soin de remettre en contexte et d’exhorter à une certaine modération, car, pour le moment, «le bitcoin est un actif plus volatil que les obligations d’entreprise, donc les sociétés ne devraient pas risquer la valeur actionnariale en en détenant trop.»
«Inutile et injustifié»
Dans les sphères décisionnelles du géant IT, on n’a pas cerné le bien-fondé de cette approche. Le conseil d’administration a même expliqué que la requête était jugée inutile «puisque la direction de Microsoft étudie déjà attentivement ce sujet».
Le département Services de Trésorerie et Investissements internationaux de Microsoft évalue déjà une large gamme d’actifs pour financer les opérations en cours de l’entreprise IT, y compris les actifs censés assurer une diversification et une protection contre l’inflation, et atténuer le risque de perte économique significative due à la hausse des taux d’intérêt.
«Les évaluations passées ont inclus le bitcoin et d’autres cryptomonnaies parmi les options envisagées, et Microsoft continue de surveiller les tendances et les développements liés aux cryptomonnaies pour éclairer les prises de décisions futures», a précisé le conseil d’administration, considérant les processus existants déjà assez «solides et appropriés» pour gérer et diversifier sa trésorerie à long terme. Concluant ainsi que «cette évaluation publique demandée est injustifiée.»
Bitcoinisation rampante?
L’adoption institutionnelle du bitcoin devient de plus en plus courante. Et Microsoft n’a pas attendu son deuxième plus important actionnaire, BlackRock et ses FNB Bitcoin au comptant, pour se pencher sur les avancées technologiques dévoilées par la blockchain Bitcoin.
La multinationale américaine planche depuis de longues années sur l’une des applications les plus prometteuses de la chaîne de blocs, mais restée jusqu’à présent potentielle : l’identité numérique décentralisée. Soit des identifiants portables qui fonctionneraient comme une clé passe-partout sur le web. Microsoft a dès lors déployé en 2021 son infrastructure ouverte d’identifiants (ION) en s’appuyant sur le réseau principal Bitcoin pour développer ce nouveau sésame. La cryptomonnaie bitcoin y est «la seule unité de valeur pertinente».
Mais il est désormais question de l’intégration du BTC dans la stratégie financière de Microsoft. Et l’actionnaire BlackRock, qui a acheté plus de 400 000 bitcoins pour les investisseurs dans son FNB, se retrouve encore plus au centre des spéculations.
Le vote sera suivi de près. Surtout que le principal actionnaire de Microsoft (à hauteur de 9% du capital en circulation), l’autre mastodonte de la gestion d’actifs Vanguard, s’est lui opposé au FNB Bitcoin. Sans oublier que la direction et le conseil d’administration de Microsoft gardent une influence déterminante sur le positionnement de la société.