Mieux comprendre le cerveau pour améliorer sa gestion financière
Institut de planification financière|Mis à jour le 30 août 2024Le cerveau est comme un muscle qu'il faut entraîner constamment. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. À la fin de l’été, les signes de la rentrée sont partout: les routes plus animées, le retour à l’école, et le monde professionnel qui reprend son rythme avec la fin des vacances. Durant l’été, le cerveau peut se mettre parfois en «pause», un peu comme un ordinateur en veille. Pourtant, on entend souvent dire que le cerveau est comme un muscle qu’il faut entraîner constamment.
L’une des façons de mieux comprendre comment fonctionne notre cerveau est de se pencher sur ses modes de pensée. Par exemple, imaginez un casse-tête simple: un bâton et une balle coûtent ensemble 1,10$. Le bâton coûte 1,00$ de plus que la balle. Combien coûte la balle ?
La plupart des gens répondent instinctivement 0,10$. Cependant, en calculant, on se rend compte que la balle coûte en réalité 0,05$. C’est une belle démonstration du fonctionnement du cerveau, qui selon Daniel Kahneman, récipiendaire du prix dit Nobel d’économie en 2002 et auteur du livre Thinking, Fast And Slow, aurait deux modes de pensée: le système 1 (rapide, intuitif et émotionnel) et le système 2 (lent, réfléchi et logique).
Ces raccourcis mentaux, ou biais cognitifs, sont très présents dans notre vie quotidienne. Ils nous permettent de prendre des décisions rapides, mais qui sont parfois erronées! Ils sont issus de millions d’années d’évolution : pour la survie, le cerveau a appris à répondre rapidement à des besoins primaires, comme la recherche de nourriture et l’évitement des prédateurs.
Disons que les besoins primaires de l’époque sont loin des questions d’optimisation du décaissement des revenus de retraite ou de la comparaison de produits d’investissements et d’assurance. Le cerveau privilégie donc la rapidité de réaction plutôt que l’analyse approfondie. Ainsi, il est plus facile pour notre cerveau de privilégier le court terme, comme lorsqu’on préfère une petite récompense maintenant plutôt qu’un grand bénéfice plus tard. Ce biais peut influencer nos décisions financières, comme lorsqu’on a du mal à épargner pour la retraite, car elle semble si lointaine.
Un autre exemple de biais est l’optimisme excessif (aussi appelé effet de surconfiance ou effet Dunning-Kruger). Beaucoup de gens surestiment leurs compétences, comme lorsqu’ils ou elles considèrent mieux conduire que la moyenne. Ce genre de confiance excessive peut aussi affecter nos choix financiers, en nous poussant à prendre des risques que nous ne comprenons pas bien.
Il est important de reconnaître ces biais, car ils peuvent interférer avec une bonne gestion financière. Par exemple, le biais d’adaptation hédonique (en anglais hedonic treadmill), qui fait que même si nos revenus augmentent, nous ne sommes pas forcément plus satisfaits, car nous nous habituons vite à notre nouveau niveau de vie et cherchons toujours plus. Ce phénomène, lié à la pression sociale et que l’on appelle parfois le syndrome du voisin gonflable, peut entraîner une surconsommation et des problèmes financiers persistants, malgré une apparence de prospérité.
En conclusion, bien que notre cerveau soit incroyable, il n’est pas toujours adapté aux décisions financières complexes d’aujourd’hui. Comprendre ses limites peut nous aider à prendre des décisions plus éclairées et à mieux gérer nos finances.
Salomon Gamache
LL. M. Fisc., Pl. Fin., CLU, CIM, FCSI