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Josée Methot

Espace minier

Josée Methot

Expert(e) invité(e)

19 juin 2024 | 1:56 pm

Mine: le Québec au 5e rang mondial, mais pour combien de temps?

Josée Methot|Mis à jour le 20 juin 2024

Mine: le Québec au 5e rang mondial, mais pour combien de temps?

«Déjà, nous observons que le Québec est passé du 7e au 17e rang mondial en ce qui a trait à l’incertitude concernant l'administration, l'interprétation et l'application des règlements existants et du 19e au 32e pour ce qui est de l’incertitude en regard de la règlementation environnementale.» (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. Le Québec a reçu en mai son bulletin annuel de l’Institut Fraser (Survey of Mining Companies) concernant son attractivité comme juridiction minière. Bonne nouvelle: nous arrivons au 5e rang mondial et au 2e rang canadien, tout juste derrière la Saskatchewan. Nous devons nous réjouir de cet intérêt des investisseurs envers le Québec, mais on peut faire mieux!

Cette 5e place représente un bond de trois positions par rapport au coup de sonde précédent. Avec le récent dépôt du projet de loi sur les mines et les modifications législatives qui s’en suivront, nous sommes toutefois en droit de nous demander si nous pourrons maintenir cette attractivité.

Les investisseurs miniers ont horreur de l’incertitude et de l’imprévisibilité.

Le régime actuel n’ayant que 10 ans, il aura vécu grosso modo qu’un seul cycle minier.

Était-ce le moment pour proposer des modifications? La question peut se poser.

Chose certaine, l’industrie reconnaît que le monde évolue rapidement, que les préoccupations et exigences de la population sont changeantes et qu’il faut s’adapter. C’est en ce sens que l’Association minière du Québec et ses membres formuleront des recommandations dans le cadre de l’étude du projet de loi.

C’est aussi pourquoi l’Association minière du Québec (AMQ) a formulé dans la dernière année des propositions pour maximiser l’acceptabilité sociale des projets.

Parmi celles-ci, l’obligation de tout projet minier à être soumis au processus d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement et au BAPE. Peu importe le minerai ou la taille du projet.

Ce sont certes des obligations et un fardeau supplémentaires, mais l’industrie comprend que la population est rendue là.

Cela permettrait aussi d’augmenter la prévisibilité des projets miniers, si chère aux investisseurs. Nous avons donc reçu très positivement l’intégration de cette proposition dans le projet de loi.

Espérons que les pourparlers et les débats à venir quant aux nouvelles dispositions législatives ne nuiront pas.

Les investisseurs voient plus d’incertitude au Québec

Déjà, nous observons que le Québec est passé du 7e au 17e rang mondial en ce qui a trait à l’incertitude concernant l’administration, l’interprétation et l’application des règlements existants et du 19e au 32e pour ce qui est de l’incertitude en regard de la réglementation environnementale.

Est-ce un impact des nombreuses discussions et consultations qui ont précédé le dépôt du projet de loi?

Nous sommes en droit de nous le demander.

Si le Québec a observé au cours des dernières années une tendance à la hausse des investissements miniers, n’oublions pas qu’outre la qualité des gisements, la perception que les investisseurs ont des politiques en place dans une juridiction joue un grand rôle dans la décision ou non d’y investir.

D’où l’importance de proposer une législation et une réglementation qui permettront au Québec d’assurer sa compétitivité, mais sans faire de compromis sur les critères environnementaux et sociaux.

Dans cette optique, quand on voit dans le projet de loi que le gouvernement souhaite soustraire des territoires à la prospection, à l’exploration et à l’exploitation minières on a de quoi être inquiets.

Pour développer une mine, il faut trouver le minerai. Et, pour cela, il faut explorer le territoire.

En limitant les sites où l’exploration est possible, le gouvernement risque de priver le Québec d’un fort potentiel minier. Cela fera assurément l’objet de nombreuses discussions au cours des prochains mois.

Il n’en demeure pas moins qu’au fil des ans, le Québec a su se distinguer sur la scène internationale, grâce notamment à la qualité de sa main-d’œuvre, à l’expertise de ses entrepreneurs et à la diversité de son potentiel géologique.

La nécessité de mieux communiquer

C’est aussi ce qui sera mis de l’avant chaque mois dans ce nouveau blogue.

Espace minier – le nom de ce nouveau blogue – permettra d’aborder des sujets d’actualité bien sûr, mais aussi de mettre en lumière ce qui se fait de bien dans le secteur, et ce qu‘il faut aussi améliorer.

Bref, ce qui nous rend fiers de dire que nous travaillons pour l’industrie minière.

Les raisons sont nombreuses, mais elles sont souvent méconnues.

Si l’Abitibi-Témiscamingue vibre au rythme des mines depuis plus de 100 ans, que la région du Nord-du-Québec voit son potentiel grandir chaque année et que la Côte-Nord a devant elle une opportunité de prospérer grâce à son fer de haute pureté, certaines autres régions font l’objet d’un intérêt plus marqué que par le passé pour le potentiel de leur sous-sol.

C’est une source d’inquiétude pour la population et l’industrie le comprend.

C’est pourquoi il faut prendre le temps de bien expliquer les façons de faire, les impacts et les mesures de mitigation.

Parlons-nous, c’est la clé du succès.

Surtout qu’avec les nombreux gouvernements qui ont déposé des plans pour assurer la transition énergétique vers des sources moins polluantes, il est plus que jamais essentiel de favoriser le développement minier.

Les MCS incontournables à la transition énergétique

Ce n’est plus un secret pour personne que les métaux et les minéraux deviennent des incontournables de cette lutte aux changements climatiques.

Par les nombreux minéraux présents sur le territoire, ses pratiques respectant les plus hauts standards ESG et sa stabilité politique, le Québec aura un rôle central à jouer dans ce vaste chantier.

Il faudra alors expliquer ce rôle des métaux et minéraux, démontrer que l’industrie minière d’ici opère de manière responsable et en fin de compte, susciter l’acceptabilité sociale des projets.

Mais ce n’est pas gagné d’avance.

En effet, beaucoup d’informations circulent sur l’industrie minière.

Oui, le secteur minier québécois se porte plutôt bien, aidé par les prix avantageux de l’or et du fer, sans parler de l’attrait pour les minéraux critiques et stratégiques.

Mais non, le Québec n’est pas sous l’emprise des claims, c’est-à-dire le seul titre d’exploration valable au Québec.

Non, l’industrie ne s’implante pas où elle veut, quand elle veut, comme elle veut et oui, les sociétés minières multiplient les initiatives pour réduire leurs impacts.

Bref, c’est un secteur en pleine mutation qui fait jaser, et nous tenterons de le démystifier au fil des billets.

Les préoccupations sont légitimes.

Mais nous demeurons convaincus qu’on a plus à gagner qu’à perdre à développer des projets ici plutôt qu’ailleurs dans le monde.

C’est donc avec grand bonheur que j’ai accepté cette invitation à me joindre à l’équipe d’experts invités de Les Affaires afin de mieux faire connaître l’industrie minière québécoise, ses innovations et ses engagements envers un véritable développement durable.