Nourrir le Québec et le monde, une innovation à la fois
Louis J. Duhamel|Mis à jour le 02 septembre 2024(Photo: Adobe Stock)
EXPERT INVITÉ. Lors d’une récente rencontre avec des membres de l’écosystème agroalimentaire, un chef d’entreprise m’a fait remarquer la chose suivante. On peut bien parler de tendances lourdes, de grands défis, de nouvelles structures ou de stratégies porteuses et innovantes pour développer le secteur de la transformation alimentaire, il en reste que la raison d’être des acteurs du secteur demeure avant tout de nourrir la population.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça nous remet les deux pieds sur terre!
La récente crise ferroviaire a créé pour le moment plus de peur que de mal. Elle aurait pu engendrer des perturbations majeures à un élément critique de la chaîne de distribution alimentaire, en empêchant la livraison d’intrants et de denrées agroalimentaires.
Cette situation expose l’interrelation étroite entre les maillons de la chaîne de valeur.
Disons que des pénuries d’intrants de base pour nos transformateurs auraient été tout un casse-tête pour un secteur dont la mission est de nourrir le Québec.
C’est sans parler de l’incidence sur les exportations et le lien de confiance avec nos clients à l’étranger.
On l’a échappé belle!
Rappelons que le secteur est déjà affecté par 29 mois d’une inflation supérieure à 3%, une pénurie de main-d’œuvre qui est là pour rester, ainsi que la gestion de problématiques climatiques importantes.
Un secteur névralgique qui a des défis
Sur une note positive, n’oublions pas que l’industrie est résiliente de nature et que la transformation agroalimentaire est le premier sous-secteur manufacturier au Québec, pesant pour du 15% du PIB de l’ensemble du secteur de la fabrication.
Les perspectives du secteur demeurent favorables à long terme.
La population mondiale est en croissance, tandis que le Canada est un exportateur net de produits agroalimentaires qui reste bien positionné sur le marché mondial.
Les soubresauts climatiques favorisent la serriculture et le Québec y porte attention.
Plusieurs diront que la Montérégie et Saint-Hyacinthe représentent l’épicentre du monde agroalimentaire et de la santé animale au Québec.
En effet, on y retrouve une forte concentration d’entreprises et d’intervenants de haut niveau.
On parle ici de 1200 fermes de culture et d’élevage, plus de 150 institutions de recherche et entreprises agroalimentaires qui comptent 200 chercheurs permanents de réputation mondiale.
À cela s’ajoutent une présence universitaire importante et un total de 8000 emplois en agroalimentaire et en biotechnologie.
Les entreprises évoquent un accès difficile à certains équipements et à des infrastructures de tests.
En somme, l’offre en infrastructures s’avère plus limitée que l’accompagnement technique, en gestion ou en finance. L’appui en commercialisation des innovations est aussi moins développé, priorisé et disponible. On retrouve des écarts de compétences pour innover.
C’est justement sur le territoire maskoutain que le projet de zone d’innovation de la «Cité de l’innovation agroalimentaire» cherche à combler ces lacunes et représente indubitablement un espoir et une avancée importante pour l’économie du Québec.
Une zone d’innovation qui en était déjà une
La Cité de l’innovation agroalimentaire, zone d’innovation nationale en devenir, a comme objectif de soutenir l’innovation agroalimentaire de l’idéation à la commercialisation.
Elle anticipe renforcer son positionnement de lieu d’échanges, de promotion scientifique et industrielle puis de services aux entreprises. Finalement, la zone permettra d’attirer, de créer et de développer des entreprises innovantes.
Autant de futurs fleurons dont le Québec sera fier.
Il va sans dire que l’étape finale d’obtention de la désignation de zone d’innovation contribuera de manière significative à renforcer le positionnement du secteur de l’agroalimentaire québécois.
Tout d’abord comme un secteur innovant et créateur de richesse.
Mais aussi, bien sûr, si on revient à la base, à nourrir le Québec peu importe les aléas de l’économie.