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Michel Bundock

Vers des organisations inspirantes

Michel Bundock

Expert(e) invité(e)

On dirige selon nos croyances

Michel Bundock|Publié à 14h08

On dirige selon nos croyances

Un entrepreneur qui a confiance en lui et fait confiance autour de lui génère une équipe confiante et positive. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Près de chez moi, il y a une entreprise qui a un air plutôt maussade et elle a beaucoup de difficultés à attirer et surtout à conserver son personnel. Cette entreprise est d’ailleurs convaincue que, pour la plupart, les employés sont des gens: paresseux, immatures, négligeants, inconscients, irresponsables et incompétents.

Cette entreprise semble tendue. Je dirais même un peu méfiante. Car comme elle croit qu’il ne faut pas trop faire confiance aux employés, elle a mis en place un curieux fonctionnement. Elle opère en contrôlant strictement les horaires ; en concentrant les décisions au sommet ; en restreignant l’autonomie ; en mesurant constamment l’exécution ; en surveillant les comportements, en exigeant de la reddition de comptes justificatrice ; en rédigeant de nombreuses politiques et règlements, créant ainsi un subtil climat de rigidité et de peur.

Juste en face, de l’autre côté de la rue, il y a une entreprise très différente ; une entreprise qui sourit. La direction de cette entreprise croit que les collaborateurs sont, pour la plupart, des gens bien intentionnés.

D’ailleurs, bizarrement, la majorité des collaborateurs qu’elle recrute sont: fiables, généreux, créatifs, responsables, compétents, motivés à se développer et à développer l’entreprise.

C’est pourquoi cette entreprise fonctionne en privilégiant la confiance. Elle aime son monde ; minimise les contrôles ; distribue les autorités à travers des rôles agiles, cultivant l’esprit d’initiative et célébrant les réussites collectives. Je la décrirais comme étant une sorte d’entreprises en jeans.

Même ville, deux entreprises, deux croyances fondamentales, deux modes de fonctionnement.

Au fil de mes rencontres et accompagnements d’entrepreneurs, j’ai observé maintes et maintes fois cette réalité. Des deux côtés de la rue.

Un entrepreneur qui a confiance en lui et fait confiance autour de lui génère une équipe confiante et positive.

L’inverse est encore plus vrai.

Dans les années 1960, un psychologue industriel, Douglas McGregor, a décortiqué ce phénomène. Selon lui, deux croyances fondamentales conditionnent notre vision des autres. Et dans l’entreprise, ces deux croyances conditionnent notre vision des ressources humaines: soit l’être humain est fondamentalement bon, soit l’être humain est fondamentalement mauvais.

Nos agissements, en particulier lorsque nous sommes dirigeants, s’appuient principalement sur l’une de ces deux croyances: car veut, veut pas, on dirige selon ce que l’on croit.

Soit, on choisit de faire confiance à notre monde, soit on choisit qu’il est mieux de ne pas trop leur faire confiance.

La posture fondamentale que nous avons comme dirigeant face aux employés influence tout dans l’entreprise: la façon de prendre les décisions, les structures hiérarchiques, la délégation, les relations interpersonnelles, le management des équipes, les outils de contrôle, le télétravail, les marges d’initiatives, les modes de communication interne, la divulgation financière, la gestion de projet, etc.

Toutes nos pratiques et tous nos outils de gestion sont influencés par la croyance principale que nous avons. Ce n’est pas rien!

Personnellement, j’ai surtout expérimenté que l’humain est bon. Cela a commencé très tôt dans ma vie. C’est ce qui m’a conduit vers les types d’entreprises en jeans (voir mon article dans Les Affaires).

Mais, je dois admettre que, comme dirigeant, j’ai quand même eu plusieurs rechutes dans cette conviction. J’ai douté tantôt de la bonne volonté, tantôt de la capacité de mes collègues à vivre ce leadership responsable.

Principalement à cause de déceptions humaines et de mauvaises communications. Mais aussi à cause de mes propres fragilités. Et dès lors que j’ai peur, comme leader, ma confiance ratatine et mes croyances passent au mode sombre.

Mais malgré ces moments d’égarement, au fond de moi est demeurée la conviction que l’humain est bon. Même s’il est loin d’être parfait.

Présentement et dans les temps qui viennent, les défis de recrutement de personnel, d’agilité opérationnelle, de gestion de coûts, de fidélisation de personnel, vont intensivement obliger les entreprises à développer à la fois leur attractivité et leur efficacité.

Selon vous:

  • Quelle conviction fondamentale permettra de mieux naviguer dans les turbulences actuelles? La conviction que les collaborateurs sont surtout bons? Ou bien la croyance que les employés ne sont pas fiables?
  • Quelle croyance avez-vous sincèrement comme leader?
  • Quelle est la conviction profonde de votre équipe de direction face aux employés?

Car on dirige et décide selon ce en quoi nous croyons.