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Pour un financement à la hauteur de l’urgence climatique et sociale

Le courrier des lecteurs|Publié le 22 octobre 2024

Pour un financement à la hauteur de l’urgence climatique et sociale

(Photo: Adobe Stock)

Un texte de plusieurs signataires*

COURRIER DES LECTEURS. On le sait, on le voit, on en souffre: les bouleversements climatiques se multiplient, les crises sociales, territoriales et démocratiques qui y sont liées s’aggravent de jour en jour et nos gouvernements continuent de dépenser des milliards pour financer le statu quo ou de promouvoir des mirages technologiques.

Pourtant, nous le constatons au quotidien dans les quartiers, dans les villes et les campagnes québécoises: il est possible de changer nos façons d’habiter nos milieux de vie, de modifier nos habitudes de mobilité, de renforcer nos systèmes démocratiques, de créer un avenir plus écologique, sobre et solidaire. De faire une véritable transition socio-écologique, et pas seulement énergétique.

Les initiatives existent déjà. Elles sont nombreuses, riches et incroyablement porteuses de solutions. Elles sont créées par des groupes citoyens, des élu-es, des organismes communautaires ou des entreprises d’économie sociale. Elles permettent d’aborder les enjeux de la mobilité sobre en carbone, de lutter contre l’insécurité alimentaire, de proposer des solutions pour la crise du logement, de diminuer la surconsommation d’objets de toutes sortes et, surtout, de renforcer le lien social, la solidarité et la résilience des collectivités locales. La progression de ces leviers de transition ne se mesure pas en réduction de GES dans l’immédiat, mais c’est pourtant ce travail de fond dont nous avons besoin.

Il est nécessaire d’accompagner ces initiatives et cela ne se fera pas sans financement structurant. Mais ce n’est pas le chemin que l’on prend. Par exemple, ce printemps, le gouvernement du Québec annonçait les résultats du premier appel à projets d’Action-Climat Québec. Sur plus de 160 projets soumis, seuls 16 ont reçu une réponse positive. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres du véritable fossé qui se creuse entre la volonté des gens partout sur notre territoire, et le soutien qui leur est donné par nos gouvernements.

Et que dire du moins de 1% du budget total de la province 2024-2025 qui est alloué pour «protéger l’environnement et s’adapter aux changements climatiques»? Et on ne parle même pas ici du sous-financement du transport collectif, du logement social ou des organismes communautaires. Tout ceci n’est-il pas dérisoire, face à l’immensité des besoins pour atténuer les catastrophes que l’on vit déjà partout au Québec et qui prennent davantage d’ampleur chaque année?

Pourtant, de l’argent, il y en a. On pense aux 9,3 milliards annoncés pour la mise à jour du Plan pour une économie verte 2030, qui sont uniquement tournés vers l’industrie et la baisse de GES par l’électrification des transports.

Nous faisons le constat d’une vision politique provinciale et fédérale qui manque d’ambition et qui alimente les causes profondes du problème: un modèle économique basé sur la surproduction et la surexploitation des ressources naturelles, qui détruit les liens avec le vivant.

Nous proposons:

  • Une augmentation majeure des fonds dédiés à la transition socio-écologique grâce à une enveloppe récurrente pour que les projets puissent se faire sur le temps long — Multiplier par 10 le financement d’Action-Climat serait un bon début.
  • Un élargissement des indicateurs — La réduction comptable des GES est importante, mais elle doit s’inscrire dans une reconnaissance du travail de fond que propose la société civile sur les enjeux systémiques.
  • Un plus grand soutien aux personnes en situation de vulnérabilité, qui sont en première ligne pour répondre aux changements climatiques (inondations, vagues de chaleur, etc.) — En augmentant les fonds alloués, d’une part, aux municipalités et d’autre part, aux organismes communautaires. Faisons grandir ensemble les projets collectifs et les impacts qu’ils ont dans nos milieux de vie : ils sont, chacun, un morceau de la solution. Portons plus loin notre vision d’une transition socio-écologique vers un modèle plus solidaire et réjouissant que nous transmettrons avec fierté à nos enfants.

Organismes signataires:

Ahuncycle, Association coopérative d’économie familiale (ACEF), Association québécoise Zéro Déchet, Assomption en transition, Attac Québec, Ateliers de la Transition Socio-Écologique, CDC Centre-Sud, CDC de la Pointe région Est de Montréal, la Centrale agricole, Centre d’écologie urbaine, Chaire de recherche sur la transition écologique de l’UQAM, Chemins de transition de l’Université de Montréal, Coalition Montréalaise des Tables de Quartier, Coalition mobilité active de Montréal, Collectif LAGORA, UQAC, Conseil des Montréalaises, Coop Carbone, Culture Montréal, Demain Verdun, Éco-quartier de Rosemont, Environnement Vert Plus, Équiterre, Espace des possibles Ahuntsic, Fondation David Suzuki, La Collective théâtre de l’Opprimé, La planète s’invite au parlement, Le catalyseur du Bronx, Maison de l’innovation sociale, Marchés Ahuntsic-Cartierville, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville, Mouvement écocitoyen UNEplanète, Outremont en famille, Piétons Québec, Pôle sur la Ville résiliente de l’UQAM, REQ, Regroupement vigilance énergie, Réseau des femmes en environnement, Réseau LocoMotion, SNAP Québec, Société écocitoyenne de Montréal, Solon, Travailleuses et Travailleurs pour la Justice Climatique, Vélo Québec, Vigilance OGM, Ville en Vert.

Personnalités, chercheurs et chercheuses signataires:
Luc Audebrand, professeur titulaire, département de management, FSA ULaval, Université LavalMembre du Collectif de Recherche sur les Initiatives, Transformations et Institutions des Communs
Laurence Bherer, professeure en science politique, UdeM
Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD et Député de Rosemont–La Petite-Patrie
Geneviève Cloutier, professeure en aménagement du territoire à l’Université Laval, directrice du
Centre de recherche en aménagement et développement
Jonathan Durand Folco, professeur à l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère de l’Université
Saint-Paul
Kregg Hetherington, PhD, titulaire de la Chaire en Recherche de Concordia sur l’ethnographie
environnementale
Sylvain Lefèvre, professeur au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale
à l’UQAM
Maude Léonard, professeure au département d’organisation et ressources humaines, UQAM
Hélène Madénian, postdoctorante Labo Équité Climat, Institut national de la recherche scientifique
Dan Furukawa Marques, PhD., titulaire de la Chaire de leadership en enseignement Alban
D’Amours en sociologie de la coopération (CLEASC), Professeur agrégé, Sciences sociales –
Département de sociologie, Université Laval
Nathan McClintock, PhD, codirecteur du Collaboratoire Villes Voix Visions (C3V) et
professeur-chercheur titulaire au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS
Valérie Michaud, professeure au département d’organisation et ressources humaines, UQAM
Marie-Anne Perreault, doctorante en innovation sociale et membre du Collectif de Recherche sur les
Initiatives, Transformations et Institutions des Communs
Sophie L. Van Neste, PhD., titulaire de la Chaire de recherche du Canada en action climatique
urbaine, professeure à l’Institut national de recherche scientifique, codirectrice du Labo Équité
Climat
Sonia Tello-Rozas, professeure au département d’organisation et ressources humaines, UQAM