Pour Montréal, Younes El Moustir, courtier immobilier, recommande un assouplissement significatif de la réglementation, l’émission rapide de permis de construction et l’élimination du règlement 20-20-20. (Photo: courtoisie)
EXPERT INVITÉ. La construction résidentielle au Québec connaît une reprise marquée en 2024, mais
Montréal peine à suivre le rythme. Cette situation met en lumière l’impact négatif des
régulations urbaines strictes dans la métropole, contrairement à d’autres municipalités
québécoises qui ont assoupli leurs règles avec succès.
Younes El Moustir, courtier immobilier et acteur médiatique, souligne la nécessité d’un
changement radical à Montréal. Il critique la réglementation excessive qui entrave la
construction privée et mentionne que la ville se traîne les pieds pour délivrer des permis,
comparé à d’autres municipalités qui sont beaucoup plus efficaces.
L’an passé́, alors que le délai moyen pour obtenir un permis à Montréal était de 291 jours,
il a été de 120 jours à Laval, 71 jours à Longueuil, et de 30 jours à Québec et
Sherbrooke.
Kelowna a préapprouvé les plans de quatre modèles d’immeubles avec 4 à 6 logements. Si un de ces plans est choisi, un permis est délivré en 10 jours. La SCHL est en train d’établir un catalogue de plans préapprouvés. Souhaitons que l’on s’en serve ici pour réduire drastiquement les délais d’émission de permis.
Pour le secteur Bridge-Bonaventure, la Ville impose une limite de développement de
7600 unités résidentielles, alors que son potentiel est évalué́ à 15 000 nouveaux
logements.
«Je salue qu’après dix ans, le projet de l’hippodrome ait avancé, souligne Younes El Moustir. Mais Montréal, Québec et Ottawa n’ont déboursé à date que 2 millions [de dollars] chacun pour la création d’un bureau d’étude. On est loin d’une première levée de terre.»
Et la liste d’autres projets retardés est longue.
Certaines municipalités ont introduit un zonage de logement locatif qui permet une plus grande densité de plein droit. La ville de Vancouver, par exemple, a récemment adopté un zonage qui autorise de plein droit des projets locatifs de six étages à proximité de certaines routes principales.
«Le gouvernement Legault a donné le pouvoir aux maires d’octroyer le droit de bâtir plus haut que le zonage permis en échange d’une compensation destinée au logement à but non lucratif,
indique Younes El Moustir. C’est une idée qui a été proposée par la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. C’est une approche beaucoup plus prometteuse que le règlement 20-20-20.»
L’échec du règlement 20-20-20
Le règlement 20-20-20, introduit pour stimuler l’offre de logements abordables, s’avère
être un échec coûteux. Les promoteurs préfèrent payer des pénalités exorbitantes plutôt que de se conformer aux exigences contraignantes.
La mise en place de ce règlement entraîne une augmentation du coût de construction
allant jusqu’à 10 500$ par logement pour les constructeurs. Ces derniers ont payé 38
millions de dollars (M$) en pénalité à la ville de Montréal depuis 2021. Une autre somme
soutirée par la ville, en plus des augmentations des taxes de construction, des frais de
permis et autres frais connexes imposés aux promoteurs.
Non seulement le règlement du 20-20-20 est un échec incontestable, mais il aggrave la
crise du logement actuelle. Cette règle alourdie administrativement et financièrement les
projets de construction ralentissant ainsi les mises en chantier dans la métropole.
Besoin d’un leadership fort et de mesures décisives
Avec la baisse des taux d’intérêt en 2024 et 2025, les mises en chantier vont augmenter. Mais cela ne sera pas suffisant. Les municipalités ont avantage à prendre des mesures pour encourager la construction et répondre à la demande.
Pour Montréal, Younes El Moustir recommande un assouplissement significatif de la
réglementation, l’émission rapide de permis de construction et l’élimination du règlement
20-20-20.
Il appelle à un engagement ferme de la part de la municipalité pour surmonter
la crise du logement et répondre efficacement aux besoins des Montréalais en matière
d’habitation.