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John Plassard

Préparé pour le futur

John Plassard

Expert(e) invité(e)

Présidentielle américaine: et si on était concret?

John Plassard|Publié le 19 août 2024

Présidentielle américaine: et si on était concret?

Kamala Harris (Photo by Andrew Harnik/Getty Images)

EXPERT INVITÉ. On parle beaucoup des sondages quand il s’agit de la présidentielle américaine. Kamala Harris serait en tête dans les États clés (swing states) alors que Donald Trump l’était une semaine avant. En fait, les cotes d’approbation des 2 protagonistes vont nettement évoluer avant novembre pour en définitive peut-être se tromper! Pour cette raison, il est beaucoup plus important (intéressant) de se focaliser sur les programmes des 2 candidats qui commencent à se dessiner. Synthèse et analyse.

Les faits 

Qui de Kamala Harris ou Donald Trump propose le meilleur programme électoral, tant social qu’économique? La réponse est bien évidemment extrêmement difficile. Difficile pour 2 raisons spécifiques. Tout d’abord, car les informations à ce sujet sont souvent incomplètes de la part des protagonistes, volontairement ou non. Ensuite, parce qu’une fois en place, le/la futur (e) locataire de la Maison-Blanche n’a pas toutes les ressources en main pour mettre en application ses promesses. À moins de 3 mois de l’élection présidentielle américaine, il nous a semblé très important de mettre en avant les informations que nous avions sur Kamala Harris et Donald Trump après un week-end où la démocrate a dévoilé son programme. Nous avons voulu le mettre en comparaison, sans parti pris, de manière extrêmement simple et didactique.

Les programmes 

Si nous allons avoir de plus en plus d’informations ces prochaines semaines concernant les programmes exacts des 2 prétendants à la Maison-Blanche, voici ce que nous avons actuellement sur des sujets très importants. Honneur à Kamala Harris tout d’abord et ensuite Donald Trump.

Kamala Harris (Kamala Harris for President)

Voici un résumé des propositions et positions de Kamala Harris et de Donald Trump sur différentes questions majeures :

  • Frontière américaine : Kamala Harris a modifié sa position par rapport à sa campagne de 2020, au cours de laquelle elle avait suggéré de reconsidérer le rôle des services d’immigration et des douanes. Aujourd’hui, elle met l’accent sur l’application des lois frontalières tout en reconnaissant que l’immigration est un problème mondial et humanitaire. Elle s’est engagée à ressusciter un projet de loi bipartisan sur la sécurité des frontières et a critiqué l’ancien président Trump pour s’y être opposée.
  • Guerre entre Israël et le Hamas : Kamala Harris soutient le droit d’Israël à se défendre, mais souligne l’importance de la manière dont il mène cette défense afin de minimiser les pertes civiles. Elle a exprimé son inquiétude quant à l’impact humanitaire sur Gaza et s’est montrée disposée à remettre en question les politiques israéliennes. 
  • Guerre entre l’Ukraine et la Russie : Kamala Harris s’aligne sur la politique de Joe Biden qui consiste à fournir une aide militaire et humanitaire à l’Ukraine afin d’empêcher toute nouvelle agression de la part de la Russie. Elle soutient l’engagement continu d’aider l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle l’emporte. 
  • Cour suprême : La position de Kamala Harris a évolué : alors qu’elle envisageait d’élargir la Cour suprême, elle soutient les réformes proposées par Joe Biden, notamment la limitation du nombre de mandats et l’adoption d’un code de déontologie judiciaire, sans toutefois augmenter le nombre de juges. 
  • L’avortement : Kamala Harris est favorable à une législation fédérale visant à rétablir la protection de l’accès à l’avortement à l’échelle nationale, à l’instar de Roe v. Wade. Elle a toujours défendu les droits reproductifs et s’oppose aux restrictions imposées par les États en matière d’avortement. 
  • Police : Initialement favorable à des peines sévères pour les auteurs d’actes de violence armée, Kamala Harris a changé d’avis en 2020 pour soutenir des réformes de la justice pénale telles que l’interdiction des étranglements, la création d’un registre national des officiers fautifs et la décriminalisation de la marijuana. 
  • Droits des armes à feu : Kamala Harris plaide en faveur de «lois raisonnables sur la sécurité des armes à feu», y compris l’interdiction des armes d’assaut, la vérification universelle des antécédents et les lois sur les drapeaux rouges. Elle soutient des mesures telles que l’entreposage sécurisé des armes à feu et la fin de l’immunité pour les fabricants d’armes. 
  • Soins de santé : Kamala Harris entend protéger et étendre la loi sur les soins abordables (Affordable Care Act). Elle a précédemment proposé un plan «Medicare for All» qui étendrait Medicare à tous les Américains tout en conservant des options d’assurance privée, financées par une augmentation de l’impôt sur les revenus les plus élevés.

Économie

Voici un résumé des positions de Kamala Harris sur des questions économiques clés telles que le commerce, les réductions d’impôts et l’énergie :

Commerce : Kamala Harris n’a pas proposé de changements significatifs aux politiques commerciales actuelles, mais s’aligne sur l’approche de Joe Biden, qui consiste à équilibrer les relations commerciales tout en protégeant les emplois américains. Elle soutient les mesures visant à lutter contre les pratiques commerciales déloyales, en particulier avec la Chine, mais n’a pas plaidé en faveur de droits de douane généralisés comme M. Trump. Elle s’est davantage concentrée sur le maintien des alliances et la collaboration avec les organisations internationales pour résoudre les différends commerciaux que sur l’imposition unilatérale de droits de douane. Mme Harris a également insisté sur la nécessité de mettre en place des politiques commerciales qui tiennent compte des droits des travailleurs et des normes environnementales, reflétant ainsi une approche plus globale et coopérative du commerce. 

  • Énergie : Kamala Harris est une fervente partisane des énergies renouvelables et des initiatives de lutte contre le changement climatique. Elle soutient les objectifs de Joe Biden en matière d’énergie propre, notamment l’objectif d’émissions nettes nulles d’ici 2050 et l’investissement massif dans les technologies vertes. Kamala Harris a insisté sur la nécessité d’abandonner les combustibles fossiles au profit de sources d’énergie durables et a soutenu des mesures telles que le «Green New Deal», tout en soulignant l’importance de protéger les travailleurs des industries énergétiques traditionnelles pendant cette période de transition. Sa politique énergétique donne la priorité à la protection de l’environnement, à l’investissement dans les énergies propres et à la lutte contre le changement climatique, s’alignant ainsi sur un programme démocrate plus large en matière de durabilité.

Dans l’ensemble, les positions économiques de Kamala Harris mettent l’accent sur l’équité sociale, la durabilité environnementale et une approche coopérative du commerce mondial, ce qui contraste avec les politiques plus protectionnistes et axées sur les combustibles fossiles de Donald Trump. 

Ceci résume les propositions et les positions actuelles de Kamala Harris sur les principaux sujets, reflétant à la fois ses déclarations récentes et ses positions historiques.

Suivant: le programme de Donald Trump

Donald Trump (MAGA

Maintenant voici les positions et propositions de Donald Trump sur les mêmes grands thèmes que Kamala Harris : 

  • Frontière américaine : Donald Trump est connu pour sa position intransigeante en matière d’immigration. Il a fait campagne sur la construction d’un mur le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique et sur l’application de politiques d’immigration plus strictes. En tant que président, il a mis en œuvre des politiques telles que le programme «Rester au Mexique» et la séparation des familles à la frontière. Donald Trump a toujours insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité aux frontières et de réduire l’immigration clandestine, en la liant souvent à la sécurité nationale.  
  • Guerre entre Israël et le Hamas : Donald Trump a été un fervent défenseur d’Israël, reconnaissant Jérusalem comme sa capitale et y déplaçant l’ambassade des États-Unis. Son administration a négocié les accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs pays arabes. Il a critiqué le Hamas et soutenu le droit d’Israël à se défendre, mais il s’est montré moins loquace sur les questions humanitaires à Gaza qu’il ne l’a été sur le soutien à Israël. 
  • Guerre entre l’Ukraine et la Russie : Donald Trump a adopté une position controversée à l’égard de la Russie et de l’Ukraine. Au cours de sa présidence, il a été critiqué pour ne pas avoir adopté une position plus ferme face à l’agression russe. Il a exprimé son scepticisme quant à la poursuite de l’aide américaine à l’Ukraine, suggérant que les pays européens devraient supporter une plus grande part du fardeau. DONALD Trump a également fait allusion à la recherche d’une solution diplomatique pour mettre fin à la guerre, mais n’a pas fourni de plans spécifiques sur la manière dont il aborderait le conflit. 
  • Cour suprême : L’influence de Donald Trump sur la Cour suprême a été significative, avec la nomination de trois juges conservateurs qui ont modifié l’équilibre idéologique de la Cour. Il n’a pas préconisé l’élargissement de la Cour, mais a critiqué l’idée d’une réforme de la Cour suprême, y compris la limitation du nombre de mandats. Ses nominations judiciaires visaient à assurer une majorité conservatrice pour interpréter la Constitution conformément aux principes originalistes. 
  • L’avortement : Donald Trump est farouchement opposé à l’avortement et a contribué à la nomination de trois juges de la Cour suprême qui ont voté en faveur de l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade. Il a appelé à restreindre l’accès à l’avortement, les exceptions étant généralement réservées aux cas de viol, d’inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger. Il soutient les interdictions et les restrictions de l’avortement au niveau des États et a fait l’éloge des États qui ont adopté des lois restrictives sur l’avortement. 
  • Police : Donald Trump a toujours soutenu les forces de l’ordre et s’est opposé à des mouvements tels que «defund the police». Il plaide pour un maintien de l’ordre fort et s’oppose aux réformes qui, selon lui, affaiblissent les forces de l’ordre. Au cours de sa présidence, il a signé un décret visant à encourager les services de police à adopter de meilleures pratiques, mais il s’est fortement opposé au mouvement «Black Lives Matter» et a souvent critiqué les manifestations contre les violences policières. 
  • Droits des armes à feu : Trump est un fervent défenseur du deuxième amendement et s’oppose à de nombreuses formes de contrôle des armes à feu. Il s’est opposé à l’interdiction des armes d’assaut et a soutenu des mesures telles que l’armement des enseignants dans les écoles pour prévenir les fusillades de masse. Pendant son mandat, il a interdit les «bump stocks» à la suite de la fusillade de Las Vegas, mais il s’est par ailleurs opposé à toute mesure significative de contrôle des armes à feu. 
  • Impôts : La principale réalisation législative de Donald Trump est la loi sur les réductions d’impôts et les emplois (Tax Cuts and Jobs Act) de 2017, qui a abaissé le taux d’imposition des sociétés de 35% à 21% et réduit les impôts des particuliers, en particulier ceux qui gagnent beaucoup d’argent. Il affirme que ces réductions ont stimulé la croissance économique et la création d’emplois. Donald Trump n’a eu de cesse de faire de la baisse des impôts et de la réduction de la réglementation des éléments centraux de sa politique économique. Ses détracteurs soulignent toutefois que le fait de rendre permanentes les réductions d’impôts de 2017 pourrait ajouter 3 500 milliards de dollars au déficit national, ce qui aggraverait la dette fédérale déjà importante.
  • Soins de santé : Donald Trump a fait campagne sur l’abrogation et le remplacement de la loi sur les soins abordables (Obamacare), mais il a eu du mal à faire adopter une réforme globale des soins de santé. Son administration a pris des mesures pour affaiblir l’Obamacare, comme la suppression de la pénalité liée au mandat individuel, mais n’a pas présenté de plan de remplacement complet. Donald Trump a soutenu l’élargissement de l’accès aux comptes d’épargne santé et la promotion de la concurrence entre les assureurs pour faire baisser les coûts.

Économie 

Commerce : Donald Trump prévoit d’intensifier sa politique commerciale conflictuelle en imposant des droits de douane sur la plupart des produits importés, potentiellement à un taux de 10%. Il propose également d’éliminer progressivement les importations chinoises de biens essentiels sur une période de quatre ans. Ses partisans, comme l’ancien conseiller économique Stephen Moore, affirment que ces droits de douane rendraient les industries nationales plus compétitives, créeraient des emplois et stimuleraient l’industrie manufacturière américaine. Toutefois, de nombreux économistes avertissent que ces droits de douane pourraient entraîner une hausse des prix à la consommation, affectant de manière disproportionnée les ménages à faibles et moyens revenus, et risquant de ralentir la croissance économique en raison de l’augmentation du coût de la production nationale. 

  • Énergie : Donald Trump s’est engagé à réduire les coûts de l’énergie et de l’électricité en augmentant considérablement la production nationale de combustibles fossiles. Son plan prévoit des allègements fiscaux pour les producteurs de pétrole, de gaz et de charbon, et il vise à supprimer une grande partie de la loi sur la réduction de l’inflation, qui encourage les projets d’énergie propre. L’approche de Donald Trump, résumée par son slogan «Drill, baby, drill», contraste fortement avec l’accent mis par Joe Biden sur les énergies renouvelables et les préoccupations environnementales. Ses détracteurs affirment que l’augmentation de la production de combustibles fossiles pourrait exacerber le changement climatique et soulignent la nécessité d’une approche équilibrée entre la croissance économique et la protection de l’environnement.
  • Inflation : Donald Trump a proposé plusieurs mesures pour lutter contre l’inflation, bien qu’il n’ait pas fourni de plans politiques détaillés. Ses principales stratégies consistent à imposer des droits de douane à ses partenaires commerciaux, à réduire l’impôt sur les sociétés et à stimuler la production de pétrole, de gaz naturel et de charbon afin de réduire les coûts de l’énergie. Il prévoit également de réduire les impôts sur les pourboires et d’éliminer les politiques de Joe Biden en faveur des véhicules électriques et des énergies renouvelables. 
  • Dans l’ensemble, les propositions de Donald Trump mettent l’accent sur la relance de l’industrie manufacturière américaine, le maintien d’un faible taux d’imposition et le développement de la production d’énergie traditionnelle, tout en étant critiquées pour l’augmentation potentielle des coûts pour les consommateurs et l’impact sur l’environnement. 
  • Ces résumés mettent en évidence les positions de Trump sur des questions clés, reflétant à la fois ses actions au cours de sa présidence et sa rhétorique de campagne. 
  • Synthèse 
  • Vous allez sourire (peut-être), mais très peu de personnes votent pour les programmes économiques. D’habitude, on vote pour un homme ou une femme ou encore un parti politique duquel on se sent proche. Pourtant, ces programmes vont avoir des influences très importantes sur les Américains/es et bien évidemment pour les marchés financiers. À conserver sous son oreiller!