Quand ajouter du bitcoin réduit le risque de votre portefeuille
François Remy|Publié le 30 septembre 2024(Photo:123RF)
LES CLÉS DE LA CRYPTO. Souvent caricaturée comme la «mère des bulles spéculatives», la capitalisation de marché du bitcoin pourrait finalement nous raconter une autre histoire. À en croire une approche méthodique, allouer du BTC à son portefeuille serait non seulement bon pour la diversification, mais aussi pour le rendement et la volatilité.
Résultats contre-intuitifs. Mais, puisque de plus en plus d’investisseurs particuliers allouent une part de leur patrimoine aux cryptomonnaies, la question se posait légitimement : dans quelle mesure accorder une place au bitcoin dans son portefeuille pour en tirer parti? Et sans en affoler le profil de risque? Pour tenter d’y répondre, les analystes de la plateforme Crypto.com ont adopté la théorie moderne du portefeuille (MPT) une méthode mathématique utilisée pour structurer ses investissements en maximisant le rendement selon un niveau de risque acceptable.
Pour les non-initiés, on doit cette approche à l’un des lauréats du Prix Nobel des sciences économiques de 1990. L’économiste américain Harry Markowitz avait développé quarante ans plus tôt une théorie de l’allocation des actifs financiers des ménages et des entreprises dans des conditions d’incertitude.
Markowitz a montré que dans certaines conditions données, la sélection d’un portefeuille par un investisseur peut se réduire à l’équilibre entre deux dimensions, à savoir le rendement attendu du portefeuille et sa variance. Ainsi, en général, le risque ne peut pas être totalement éliminé, quel que soit le nombre de types d’actifs représentés dans un portefeuille.
L’économiste est parvenu à simplifier le problème complexe de la constitution multidimensionnelle d’un portefeuille, permettant de surcroît d’estimer simplement une allocation d’actifs optimale, soulignait à l’époque l’Académie royale suédoise des Sciences.
Des retombées positives mesurables
Refermons cette petite parenthèse historique de l’économie financière pour en revenir au rôle de la cryptomonnaie. Ces dernières années, le BTC a eu tendance à surperformer d’autres actifs majeurs. Et le lancement aux États-Unis des fonds négociés en bourse (FNB) Bitcoin au comptant ont permis aux investisseurs, institutionnels y compris, de diversifier encore un peu plus leurs placements. Tout en se prémunissant contre certains risques. Dans un récent rapport, les analystes de Crypto.com ont dès lors intégré les cryptos aux instruments financiers traditionnels (TradFi) pour étudier comment la répartition des actifs affecte la performance et le risque du portefeuille.
Et les conclusions ne manqueront pas d’étonner les détracteurs du BTC. En effet, leurs calculs indiquent qu’«allouer du BTC aux portefeuilles des investisseurs pourrait contribuer à augmenter le rendement jusqu’à 2% par an sans impact significatif sur la volatilité».
À y regarder de plus près, il ressort de la moyenne des rendements au cours des dix dernières années que l’ajout de bitcoin à un portefeuille composé de l’indice élargi américain S&P 500, du Core US Aggregate Bond (un FNB reproduisant les résultats d’un indice composé de l’ensemble du marché américain des obligations de première qualité), d’or et de sociétés d’investissement immobilier cotées (REIT) a contribué à augmenter le rendement de 0,4% à 2%.
À titre de comparaison, si de l’ether (ETH), la cryptomonnaie native de la chaîne de blocs publique Ethereum, est ajouté simultanément à du bitcoin à ce type de portefeuille, les rendements moyens augmentent encore jusqu’à 2,5%.
Le portefeuille optimal? Avec un pourcentage limité de BTC
Par rapport aux rendements moyens d’un portefeuille ne comportant pas de cryptos, la répartition respective de 2,5% de bitcoin et de 2,5% d’ether donne un rendement moyen sur 5 ans de 11,11%, contre 9% sur dix ans.
Comportement notable, il apparaît que l’allocation de 1 à 5% de BTC et d’ETH au portefeuille type ne se traduit pas par une augmentation significative du risque global. D’ailleurs, lorsque le bitcoin représente de 1 à 5% du portefeuille, la volatilité globale diminue (d’environ 1,23%).
«Un portefeuille optimal est obtenu en ajoutant le BTC comme seul actif crypto avec un poids limité (moins de 5%)», notent les analystes de Crypto.com.
L’honorable référence absolue en matière de diversification, le 60/40, le portefeuille composé à 60% d’actions et à 40% d’obligations, avait déjà pris du plomb dans l’aile. Pressions inflationnistes et politiques monétaires «extraordinaires» se faisant. La stratégie du 40/30/30, où 30% d’actifs alternatifs ont fait leur entrée, gagnait jusqu’ici en popularité. Mais faudrait-il désormais opter pour un nouvel étalon-or des investissements diversifiés, avec pas plus de 5% de cryptos?