Répercussions d’une victoire de Kamala Harris sur la Bourse américaine

Quelle attitude adopter face à la Chine?

Lorsqu’il s’agit de la Chine, Kamala Harris soutient l’approche de l’administration Biden, qui consiste à «dérisquer» plutôt qu’à «découpler». 

Elle met l’accent sur la gestion de la concurrence par l’engagement diplomatique, le maintien de droits de douane élevés sur les produits stratégiques, la relocalisation des chaînes d’approvisionnement et la lutte contre l’influence chinoise sans rompre totalement les liens économiques. 

Kamala Harris met aussi l’accent sur l’équilibre entre les préoccupations de sécurité nationale et la promotion de la coopération internationale, en particulier dans la région indopacifique. 

Sa stratégie consiste notamment à s’attaquer aux violations des droits de l’homme, telles que la répression en cours au Xinjiang et à Hong Kong, tout en maintenant une approche plus diplomatique par rapport aux politiques de confrontation de Donald Trump.

De combien le déficit va-t-il progresser ces 10 prochaines années? 

Le plan fiscal de Kamala Harris devrait alourdir la dette nationale américaine de 3 500 milliards de dollars d’ici 2035, ce qui porterait la dette à 133% du PIB, selon les principales estimations du Comité pour un budget fédéral responsable (Committee for a Responsible Federal Budget).

Son plan prévoit des dépenses importantes pour des programmes sociaux tels que le crédit d’impôt pour les enfants, les soins de santé et l’éducation, compensés par une augmentation des impôts sur les sociétés et les ménages à hauts revenus. 

Dans le pire des cas, le plan de Kamala Harris pourrait augmenter la dette de 8 100 milliards de dollars, selon les différentes estimations de coûts. Bien qu’elle propose plusieurs mesures visant à accroître les recettes, celles-ci ne suffisent pas à empêcher une augmentation substantielle du déficit. 

Dans le meilleur des cas, son plan pourrait être neutre sur le plan budgétaire, mais il ne contient pas de propositions concrètes pour relever les défis budgétaires à long terme posés par la croissance de la dette nationale et l’augmentation des coûts d’intérêt.

SUIVANT: La hausse des impôts va-t-elle influer sur la performance du S&P 500?

La hausse des impôts va-t-elle influer sur la performance du S&P 500?

Cette élection met en évidence des différences marquées dans les politiques économiques, en particulier en ce qui concerne l’impôt sur les sociétés. 

La nouvelle présidente (théorique toujours) Harris a proposé dans la campagne d’augmenter le taux d’imposition des sociétés de 21% à 28%, dans le but d’accroître les recettes publiques pour financer les programmes sociaux et les infrastructures et, éventuellement, réduire les inégalités de revenus. 

Les marchés financiers, en particulier les indices boursiers, n’ont cependant pas encore pleinement intégré l’éventualité d’une hausse des impôts, probablement en raison du scepticisme quant à la capacité des démocrates à obtenir la majorité nécessaire au Congrès pour adopter une telle législation.

Une augmentation de l’impôt sur les sociétés aurait un impact négatif direct sur les bénéfices des entreprises, ce qui pourrait peser sur le cours des actions, en particulier dans les secteurs où l’exposition à l’impôt est la plus forte. 

La présidente Harris est toutefois confrontée à des contraintes lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre son programme politique, car de nombreuses décisions clés requièrent l’approbation du Congrès. Cela limite la mesure dans laquelle les politiques économiques de l’un ou l’autre candidat pourraient être mis en œuvre sans compromis important, ce qui rend les résultats réels moins extrêmes que ce que la rhétorique de la campagne pouvait suggérer. 

En résumé, bien que la politique fiscale des entreprises soit un enjeu crucial et qu’elle puisse affecter directement les performances du marché, les réalités politiques et les obstacles législatifs suggèrent que les changements réels de politique pourraient être moins spectaculaires que prévu. Toutes choses égales par ailleurs, il est estimé par la Bank of America que la proposition de Kamala Harris d’augmenter le taux d’imposition des sociétés de 21% à 28% porterait un coup de 5% au BPA du S&P 500.

Comment réagissent les marchés en cas de Congrès divisé? 

Si les investisseurs n’ont pas encore une vision claire de la réaction des marchés après ces élections, ils peuvent néanmoins prendre note des performances historiques des actions lorsque le Congrès est divisé entre les partis.

En fait, ce qui est peut-être contre-intuitif, les actions se comportent bien lorsque le Congrès est divisé, le S&P 500 enregistrant en moyenne des gains annuels de plus de 17% dans de tels scénarii.

Selon les analystes de LPL Financial, les actions ont progressé au cours de chacune des 11 dernières fois où le Congrès était divisé, et 2024 pourrait être la douzième. 

La raison en est que le blocage du Congrès réduit la probabilité de changements politiques perturbateurs, ce que les actions favorisent généralement. 

Dans le contexte actuel, un Congrès divisé pourrait également minimiser le risque de hausses d’impôts importantes sous une administration Harris. 

Un gouvernement divisé rassure généralement les marchés en offrant un environnement politique plus prévisible. 

Les analystes notent également que si les contrôles du pouvoir peuvent être bénéfiques, la coopération est essentielle pour relever les défis économiques actuels posés par la pandémie.

Depuis 1929, la configuration la plus fréquente à Washington a été un contrôle de la Maison-Blanche et des deux chambres du Congrès par les Démocrates, ce qui a entraîné une hausse annuelle moyenne de 9,4% du S&P 500 sur 34 ans. 

La deuxième configuration la plus courante a vu les Républicains à la MaisonBlanche et les Démocrates diriger les deux chambres, avec un rendement annuel plus faible de 4,9% sur 22 ans.

 La meilleure performance sous un gouvernement divisé s’est produite avec un président démocrate, un Sénat démocrate et une Chambre républicaine, avec une hausse moyenne de 13,6%, bien que cela n’ait duré que de 2011 à 2014 sous Obama. Plus de détails dans le graphique de Fidelity ci-dessous.

SUIVANT: Comment réagissent les marchés avec un Congrès totalement Démocrates? 

Comment réagissent les marchés avec un Congrès totalement Démocrates?

Lorsque le Congrès est entièrement contrôlé par les Démocrates, le S&P 500 enregistre une hausse annuelle moyenne de 9,4% depuis 1929. Bien que cette performance soit inférieure à celle observée sous un Congrès divisé, elle reste significative. 

Un Congrès démocrate favorise généralement des politiques de dépenses publiques et de régulation plus strictes, ce qui peut freiner certaines entreprises. Cependant, ces mêmes politiques peuvent soutenir des secteurs comme les énergies renouvelables et les infrastructures, créant des opportunités spécifiques d’investissement.

La cohésion politique sous un gouvernement démocrate complet tend à permettre des changements législatifs rapides, mais cela peut aussi introduire des incertitudes, surtout en ce qui concerne les régulations et la fiscalité des entreprises. 

Toutefois, cette configuration assure une capacité d’action efficace sur des enjeux clés comme la santé publique ou les réformes économiques, ce qui peut à terme être bénéfique pour les marchés.

Quels secteurs pourraient bénéficier de l’arrivée de Kamala Harris 

Voici les secteurs qui pourraient bénéficier des futures politiques de la présidente Harris :

• Secteur des nouvelles énergies : Les entreprises liées aux véhicules à énergie nouvelle, aux énergies renouvelables et aux technologies vertes sont à surveiller de près. Kamala Harris a proposé un plan climatique à hauteur de 10 000 milliards de dollars visant à accélérer la transition des États-Unis vers une économie verte. Ce plan inclut des objectifs ambitieux : zéro émission pour tous les bus, poids lourds et flottes d’ici 2030, zéro émission pour tous les véhicules d’ici 2035, neutralité carbone pour les nouveaux bâtiments et le réseau électrique d’ici 2030. Elle prévoit également la suppression des subventions aux énergies fossiles et la mise en place d’un système de tarification des émissions de carbone pour inciter les entreprises à réduire leurs émissions. 
• Réglementation de l’intelligence artificielle et cybersécurité : Le secteur technologique, en particulier les entreprises spécialisées dans la cybersécurité et la régulation des risques liés à l’IA, pourrait profiter des régulations que Harris souhaite mettre en place. Elle met un accent particulier sur les risques des deepfakes, des biais algorithmiques et de la désinformation. Kamala Harris a aussi encouragé la participation des organisations de défense des droits civils dans les discussions sur l’IA afin de limiter l’impact des erreurs ou biais potentiels sur les groupes vulnérables. 
• Infrastructures : Les secteurs de la construction, de l’immobilier et des matériaux de construction devraient tirer profit de la continuation des plans d’infrastructure de Biden. Kamala Harris pourrait accroître les investissements dans les routes, ponts, transports publics et infrastructures numériques, ce qui stimulerait la modernisation des infrastructures aux États-Unis et, par conséquent, la croissance économique et la création d’emplois. 
• Santé et services publics : Les entreprises liées à la santé publique, aux biotechnologies et aux assurances maladie devraient bénéficier des politiques de Kamala Harris. Elle souhaite aussi augmenter les investissements dans la santé publique, améliorant ainsi l’accessibilité et la qualité des soins médicaux, ce qui pourrait renforcer la performance des entreprises dans ce secteur.

De manière globale, les initiatives de Kamala Harris dans les domaines de l’énergie, de la technologie, des infrastructures et de la santé publique présentent des opportunités d’investissement intéressantes. 

Cependant, si Kamala Harris devait diriger le pays avec un gouvernement divisé, nous pourrions constater sur le moyen terme une surperformance du secteur des semiconducteurs, des énergies renouvelables, des biens d’équipement et des infrastructures. Il n’y a donc pas une grande différence entre un Congrès divisé ou uni…

Et sur le long terme alors? 

Il est souvent difficile de séparer ses investissements de la politique, mais il est important de ne pas accorder trop d’importance aux résultats des élections pour prendre des décisions financières. En effet, les résultats électoraux ont peu d’impact sur les rendements des investissements à long terme. Malgré les discours alarmistes entourant les campagnes présidentielles, les marchés financiers ont tendance à bien se comporter, quel que soit le parti au pouvoir. 

Pour illustrer cela, depuis 1950, le S&P 500 a généré un rendement cumulé de 359 416% (dividendes réinvestis), couvrant 14 présidents, dont sept républicains et sept démocrates. En d’autres termes, un investissement de 1 000 dollars dans le S&P 500 en janvier 1950, avec réinvestissement des dividendes, vaudrait aujourd’hui environ 3 594 160 dollars. 

Ce chiffre montre que les investisseurs ne devraient pas baser leurs stratégies sur les résultats des élections, mais plutôt adopter une vision à long terme.

SUIVANT: Comment vont évoluer le dollar et les cryptodevises? 

Comment vont évoluer le dollar et les cryptodevises? 

C’est une nouvelle fois une question difficile, car il y a de nombreux facteurs qui expliquent l’évolution du billet vert (l’économie, la dette ou encore les taux d’intérêt). Si on peut imaginer sur le court terme qu’avec la victoire de Kamala Harris le dollar va baisser, sur le moyen terme, les choses ne semblent pas aussi évidentes. 

En analysant une nouvelle fois le passé, on constate les évolutions suivantes : 

• Sur les six dernières administrations, c’est sous le président Clinton que le dollar a le mieux performé, gagnant 19,61% de sa valeur.  
• Le dollar a connu la pire performance sous le président W. Bush, perdant 22% de sa valeur. • 
• Sur l’ensemble des mandats démocrates, le dollar a gagné 54,37%

Sous une présidence de Kamala Harris, le secteur des cryptomonnaies pourrait évoluer vers une réglementation accrue, une responsabilité environnementale et une légitimité renforcée. 

Kamala Harris pourrait promouvoir un cadre réglementaire clair pour protéger les consommateurs et encourager des investissements plus sûrs, ce qui pourrait initialement freiner l’activité spéculative, mais assurer une stabilité à long terme. 

Les préoccupations environnementales pourraient conduire à des restrictions ou à des taxes sur les activités minières à forte consommation d’énergie, poussant le secteur vers des alternatives respectueuses de l’environnement telles que la preuve d’enjeu.

L’accent mis par Kamala Harris sur l’inclusion financière pourrait favoriser l’utilisation des stablecoins et de la blockchain pour des services financiers accessibles et peu coûteux, tandis qu’un éventuel «dollar numérique» soutenu par le gouvernement pourrait avoir un impact sur la demande de stablecoins privés. 

En outre, le soutien à l’innovation en matière de blockchain pourrait favoriser des applications plus courantes dans des domaines tels que la gouvernance et les chaînes d’approvisionnement. Des politiques fiscales alignant les cryptomonnaies sur les actifs traditionnels pourraient également voir le jour, encourageant la conformité et légitimant davantage les cryptomonnaies en tant que classe d’actifs grand public.

Quelles sont les matières premières à privilégier? 

La présidence de Kamala Harris pourrait être très bénéfique pour les produits de base essentiels à la sécurité nationale et à l’indépendance économique, en particulier les minéraux critiques tels que le lithium, le cobalt et l’antimoine. 

Ces minéraux sont essentiels pour des industries telles que la production de batteries et les systèmes de défense. Les politiques proposées par Kamala Harris visent à créer une réserve nationale de ces minéraux, à stimuler la production nationale et à réduire la dépendance à l’égard de la Chine en encourageant les investissements dans l’extraction et le traitement durables. 

En outre, les éléments de terres rares utilisés dans l’électronique et la défense verraient probablement une augmentation de la demande dans le cadre des efforts déployés par son administration pour renforcer les chaînes d’approvisionnement en minerais essentiels et soutenir les industries nationales. 

Enfin, les nouveaux projets de logements pourraient aussi bénéficier aux métaux industriels et au bois (wood and lumber).

Le résumé crucial 

Vous trouverez ci-dessous un résumé des évolutions potentielles des différents actifs/régions à une arrivée de Kamala Harris à la Maison-Blanche.

Synthèse 

Dans une victoire hypothétique de Kamala Harris, ses priorités incluraient des réformes fiscales, le soutien aux énergies renouvelables, et un renforcement de la réglementation en matière de technologie et de santé publique. Son programme mettrait l’accent sur des initiatives environnementales et sociales avec un impact potentiel sur le dollar et les cryptomonnaies, en particulier par une réglementation accrue et des exigences en matière de durabilité énergétique. En ce qui concerne les matières premières, sa présidence pourrait favoriser les métaux critiques comme le lithium et le cobalt, essentiels pour les batteries et les technologies vertes, tout en stimulant la production nationale pour réduire la dépendance étrangère. Ceci n’est bien évidemment que de la théorie…