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EXPERT INVITÉ. Depuis quelques mois, on me pose souvent la même question: «Dominic, comment fais-tu pour écrire chaque semaine dans Les Affaires, publier quatre livres (bientôt cinq), tout en étant président de Connect&GO et en gérant tes nombreux projets?». En effet, de l’extérieur, cela peut donner l’image que j’ai une armée de rédacteurs à ma disposition (ce qui n’est absolument pas le cas) ou encore que je travaille 80 heures par semaine, ce qui serait en totale contradiction avec ma philosophie de vie, soit de travailler moins, mais mieux!
Ma réponse est pourtant simple: j’ai découvert comment maîtriser et déclencher l’un des superpouvoirs du TDAH: l’hyperconcentration, et ça fait toute la différence!
Contrairement à ce que la majorité des personnes pensent, le TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) ne signifie aucunement que vous êtes une personne incapable d’être attentive. Au contraire! Cela veut simplement dire que vous aurez beaucoup plus de difficultés que la moyenne à être attentif sur des éléments qui ne vous intéressent pas. Malheureusement, une grande partie de la vie d’adulte consiste à réaliser des tâches plutôt ennuyantes comme payer nos impôts, nettoyer la maison et sortir les poubelles!
En revanche, lorsque vous êtes passionné, votre concentration est décuplée par au moins dix. Il s’agit de cette capacité à vous plonger si profondément dans une tâche que tout le reste s’efface. C’est un peu comme une expérience «hypnotique» durant laquelle nous pouvons nous concentrer sur une tâche pendant des heures, sans être distrait ou intéressé par d’autres choses – en oubliant souvent la notion du temps.
Ce n’est malheureusement pas quelque chose qui s’active simplement en cliquant sur un bouton ou en se disant: «allez cerveau, c’est le temps d’être hyperconcentré». Cependant, j’ai découvert que j’avais la capacité de créer des conditions idéales pour déclencher cet état lorsque nécessaire, et ainsi je deviens capable de réaliser bien plus de choses que n’importe qui d’autre. En fait, le défi n’est pas tant de me concentrer, mais de trouver les bons déclencheurs pour activer cet état d’hyperconcentration et l’aligner sur mes priorités professionnelles.
Pourquoi l’hyperconcentration se produit-elle?
Selon plusieurs études, les épisodes d’hyperconcentration se produiraient pour la même raison qui fait que les personnes atteintes de TDAH ont souvent de la difficulté à se concentrer: un manque de dopamine dans le cerveau. La dopamine est un neurotransmetteur (substance chimique du cerveau) impliqué dans la motivation et la récompense. Lorsque nous faisons une activité que nous trouvons épanouissante ou excitante, notre cerveau libère une petite quantité de dopamine, nous encourageant à refaire l’activité.
De faibles niveaux de dopamine peuvent amener les gens munis d’un TDAH à rechercher constamment de nouvelles stimulations (et donc à libérer de la dopamine), ce qui entraîne une inattention et le passage d’une tâche à l’autre. À d’autres moments, cependant, de faibles niveaux de dopamine peuvent rendre le changement d’activité plus difficile. C’est pour cette raison que lorsque les personnes atteintes de TDAH s’intéressent à la tâche qu’elles accomplissent, elles peuvent manquer de motivation pour passer à d’autres tâches moins stimulantes, ce qui conduit à des expériences d’hyperfocalisation.
Faites place à l’hyperconcentration
L’hyperconcentration arrive parfois de manière assez surprenante. Par exemple, la semaine dernière, je me suis installé pour débuter l’écriture de mon prochain livre, qui traitera de l’implantation d’une culture de sport dans les affaires. Mon idée initiale était de m’y consacrer environ une heure. J’ai rapidement réalisé que j’y avais passé quatre heures, sans aucune pause, et que non seulement j’avais rédigé plusieurs chapitres, mais j’avais aussi réalisé un plan détaillé pour les chapitres suivants, en plus d’avoir écrit à plus de 15 personnes pour qu’elles participent au projet.
Pour entrer dans cette phase d’hyperconcentration, il est crucial de créer les bonnes conditions pour qu’une fois que vous y êtes, vous puissiez surfer sur cette vague durant un bon moment.
Un environnement idéal
La première étape pour moi est de créer un environnement optimal qui minimise les distractions et me permet d’être vraiment concentré. Par exemple, je sais très bien qu’il est impossible pour moi de me mettre en mode hyperconcentration au bureau ou encore à la maison si mes enfants y sont. Très souvent, mes grandes périodes d’hyperproductivité sont soit en voyage (dans l’avion ou à l’hôtel), soit très tôt le matin lorsque tout le monde dort.
Ensuite, je tente de m’assurer d’avoir suffisamment de temps devant moi pour profiter de cette période lorsqu’elle se déclenche. Il n’y a rien de plus frustrant que de m’être installé pour réaliser une tâche qui me passionne, de commencer à me sentir hypnotisé, et qu’après seulement 30 minutes, mon téléphone me rappelle que je dois me connecter à une @%&*@(% de rencontre sur Teams et interrompre ce flux d’efficacité pour discuter de je-ne-sais-quoi pendant une heure.
Je fais donc tout mon possible pour m’assurer de disposer d’un maximum de temps pour vraiment réussir à profiter de mes phases d’hyperfocalisation. Par exemple, l’écriture de tous mes blogues se déroule dans le même environnement, le dimanche matin, café à la main vers 5h30 du matin. Je m’assure d’avoir un minimum de deux heures avant le réveil de la famille pour être certain d’avoir terminé lorsque les distractions arriveront. Bien que cela me prenne souvent les deux heures entières pour faire la rédaction, il y a des moments où je réussis à écrire trois billets de blogues en une seule session. Pas question pour moi de gâcher cet élan!
Ne pas tenter de forcer son cerveau
Pendant trop longtemps, j’ai pensé que je pouvais réussir à déclencher mon hyperconcentration en me forçant à être concentré sur une tâche. Je disposais de l’environnement idéal et me répétais que c’était crucial que je puisse avancer rapidement. La vérité: j’ai remarqué que plus j’essaie de me concentrer et de déclencher mon hyperfocalisation, plus ma concentration semble vouloir s’enfuir! C’est un peu comme si j’avais une réserve quotidienne de concentration, et que si je l’utilise sur des éléments futiles, elle sera totalement épuisée avant que je puisse me lancer dans quelque chose d’important.
C’est pourquoi j’abandonne très rapidement lorsque je sens que cela ne fonctionne pas. Par exemple, il y a quelques semaines, je devais préparer une présentation importante pour mes investisseurs dans le but de leur soumettre un potentiel projet d’acquisition. Je me suis donc installé derrière mon ordi pendant que j’étais seul à la maison et très motivé. Après 20 minutes, je n’avais même pas une seule page de présentation réalisée. Plutôt que de me forcer, j’ai mis un terme à cette session de travail. J’ai fermé mon ordinateur, je suis allé faire un tour dehors pour faire du jogging. Quelques heures plus tard, quand j’ai rouvert mon ordinateur, l’inspiration était là. J’ai rédigé l’intégralité de la présentation en une seule session, avec une clarté et une efficacité que je n’aurais jamais eues en m’obstinant plus tôt. Parfois, le meilleur moyen de progresser, c’est de savoir quand faire une pause et revenir plus tard avec un esprit rechargé.
Utiliser la procrastination à mon avantage
Personne ne voit la procrastination comme un avantage. Pourtant, j’ai fini par accepter que je suis maître dans celle-ci, mais que je suis aussi capable de l’utiliser à mon avantage. Par exemple, l’hyperconcentration n’arrive jamais quand j’ai des heures devant moi pour accomplir une tâche. Non, non.
Donnez-moi une journée entière, et je vais passer la moitié du temps à errer entre ma cuisine et mon bureau, à réfléchir au meilleur menu pour le dîner ou à vérifier l’évolution de la météo. En revanche, donnez-moi un délai serré, et soudain, je deviens une machine de productivité.
J’ai compris que mon cerveau fonctionne mieux sous pression, alors j’ai décidé de m’autopirater. Comment? En créant de faux délais. Par exemple, je me dis que si je n’ai pas écrit mon blogue le dimanche, il me sera impossible d’avoir une seule minute pour m’y consacrer durant la semaine. Donc, même si ma remise est pour le jeudi, je m’oblige à réaliser le tout dans un court laps de temps.
Lancez-vous dans l’hyperconcentration!
Pour les entrepreneurs avec un TDAH, l’hyperconcentration est vraiment un superpouvoir! Si vous êtes en mesure de trouver ce qui le déclenche et d’aligner le tout avec vos priorités et objectifs d’affaires, vous pourrez utiliser cette superpuissance pour vous permettre d’en réaliser beaucoup plus qu’une personne standard! Pour bien réussir, mettez en place le bon environnement, assurez-vous d’avoir suffisamment de temps pour profiter de votre élan, et tentez de pirater votre cerveau si nécessaire pour contrer la procrastination!