Tour de la Bourse de Montréal. (Photo: MARC BRAIBANT/AFP via Getty Images)
EXPERT INVITÉ. Je suis convaincu qu’il n’est pas dans la nature de la majorité des gens d’être optimistes. Il est beaucoup plus facile de voir le côté sombre des choses.
Chez COTE 100, lors de nos rencontres de direction hebdomadaires, nous entamons nos discussions par un tour de table où chaque participant doit partager une bonne nouvelle, qu’elle soit liée à son travail ou sa vie personnelle. Je vous assure que l’exercice n’est pas facile !
Un article récent de Nicolas Bérubé, paru dans La Presse, fait état de « 10 choses qui fonctionnent au Québec ».
Je vous mets au défi de trouver une ou deux autres bonnes nouvelles pour le Québec ! Et pendant que vous y êtes, pourriez-vous énumérer cinq aspects qui vont vraiment bien dans votre vie personnelle ou professionnelle ?
Pas facile ? Pourtant, je suis convaincu que si je vous demandais d’énumérer cinq choses qui ne vont pas bien au Québec ou sur la scène internationale, vous ne rencontreriez aucune difficulté à les citer.
Ce phénomène est, selon moi, dû à notre nature ainsi qu’au fait que nous sommes constamment bombardés de mauvaises nouvelles par les médias. On ne peut pourtant pas les blâmer : ce sont les mauvaises nouvelles, les nouvelles sensationnelles, qui attirent l’attention des lecteurs.
Dans son article, M. Bérubé écrit que « se fier à l’air du temps et aux manchettes pour se faire une opinion de la santé de la province, c’est la recette parfaite pour passer son temps à s’indigner sur le sort de la société ».
J’écrivais récemment que la pensée de l’investisseur, axée sur le long terme plutôt que sur le court terme, était un muscle qu’il devait développer à force d’exercice. L’optimisme est un autre muscle névralgique que l’investisseur doit sans cesse exercer.
Si l’on veut investir à long terme dans les marchés boursiers, il faut être doté d’une épaisse carapace et d’un inébranlable optimisme envers le marché boursier, l’économie, l’adaptabilité des entreprises, et la capacité de l’humain à trouver des solutions aux défis qui le menacent.
Je me réfère régulièrement à un article écrit par Warren Buffett et publié dans le New York Times en octobre 2008, intitulé « Buy American. I am. », au beau milieu de la crise financière de 2008-2009. Pour Buffett, il a toujours été coûteux à long terme de miser contre l’économie américaine et son marché boursier. En octobre 2008, il écrivait que « les craintes concernant la prospérité à long terme des nombreuses sociétés américaines en bonne santé ne sont pas sensées ».
Serais-je en mesure d’identifier deux autres bonnes nouvelles pour l’investisseur québécois ?
En voici une : en dépit de la petite taille du marché boursier québécois, nous avons la chance de compter un nombre proportionnellement élevé de sociétés de qualité qui ont grandement enrichi leurs actionnaires au cours des nombreuses années ici-même, au Québec. Je pense notamment à des sociétés telles que CGI, Couche-Tard, Dollarama, Metro, la Banque Nationale, MTY, Stella-Jones, Transforce ou WSP Global. J’en ai sûrement oublié quelques-unes.
Une autre bonne nouvelle : à mon avis, les entreprises nord-américaines d’aujourd’hui sont nettement plus attrayantes qu’elles ne l’étaient il y a 30 ou 40 ans. En effet, l’entreprise typique d’aujourd’hui jouit d’un modèle d’affaires qui nécessite beaucoup moins de capital et d’immobilisations qu’il y a 40 ans.
Les services et la technologie ont pris une place de plus en plus importante dans l’économie au fil des décennies, au détriment d’industries plus lourdes telles que la fabrication ou l’extraction métallurgique. En général, de telles sociétés sont plus rentables (à tout le moins en termes de rendements moyens sur le capital investi), moins cycliques et offrent un plus grand potentiel de croissance à long terme. Il est, à mon avis, normal qu’un ratio cours-bénéfices plus élevé soit mérité.
En lisant les journaux, on peut avoir l’impression que tout va mal dans le monde. Pourtant, ce n’est pas le cas. Un investisseur a tout intérêt à se le rappeler régulièrement.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100