Une année de changements pour le Régime de rentes du Québec
Dany Provost|Édition de la mi‑octobre 2024(Photo: Adobe Stock)
EXPERT INVITÉ. En plus du deuxième volet de sa bonification qui a instauré un maximum supplémentaire des gains admissibles (MSGA) de 7 % supérieur au maximum habituel, d’autres changements ont frappé le Régime de rentes du Québec (RRQ) en 2024.
- La limite de la période cotisable est passée de 70 à 72 ans sans pénalité pendant le report ;
- Les retraités de 65 ans et plus peuvent choisir de continuer à cotiser ou non au régime.
Avec les anciennes règles, un report de 0,7 % par mois permettait une augmentation maximale de 42 % de la rente à l’âge de 70 ans. Le problème était que les personnes désirant reporter le début du service de leur rente voyaient souvent leurs revenus annuels baisser entre leur 65e et 70e anniversaire, ce qui faisait baisser leur revenu moyen. Il était donc rare qu’une augmentation de 42 % s’applique. L’augmentation réelle était souvent plus de l’ordre de 30 %.
Les nouvelles règles font en sorte que non seulement le pourcentage d’augmentation maximal passera de 42 % à 58,8 % (0,7 % × 84 mois), mais ce sera aussi un « vrai » 58,8 % qui ne sera pas réduit à cause de possibles revenus faibles.
Par exemple, si une personne de 65 ans ayant une rente de base de 1000 $ par mois à cet âge décidait d’arrêter de travailler cette année et de reporter sa rente au maximum, sa situation serait la suivante (en dollars actuels) :
- Avec les anciennes règles, elle recevrait un montant de 1300 $ par mois, si on suppose que son augmentation réelle est de 30 %, à 70 ans ;
- Avec les nouvelles règles, elle recevrait un montant mensuel de l’ordre de 1588 $ à l’âge de 72 ans.
Afin de ne pas ignorer le rendement des comptes qui « absorbent » les différences et la valeur de l’argent dans le temps, la meilleure comparaison consiste à intégrer les revenus dans votre planification de retraite. Ainsi, un choix plus éclairé pourra être fait.
Il existe des points de croisement, des âges où des choix différents peuvent mener aux mêmes résultats. Ces points peuvent être découverts à partir de simulations personnalisées. Cependant, à des âges de décès excédant ces points, il est préférable de reporter au maximum le début du versement de la rente de retraite.
Le choix de continuer à cotiser ou non, quant à lui, a comme effet de revaloriser ou non la rente de retraite. Cette revalorisation, sur une base annuelle, est de 0,66 % du revenu admissible de l’année précédente qui a fait l’objet d’une cotisation, c’est-à-dire excédant l’exemption de base de 3500 $.
Par exemple, une personne salariée gagnant 13 500 $ dans une année verra sa rente de retraite augmenter de 66 $ par année l’année suivante, soit 0,66 % de 10 000 $.
Il faut comprendre que la rentabilité d’une décision relative au report variera en fonction de l’âge de votre décès, même si les nouvelles règles sont plus favorables. Tant que vous n’avez pas atteint le seuil de rentabilité, un report de la rente ou une cotisation volontaire nuit à vos héritiers. C’est pourquoi il n’y a pas de « bonne réponse » à la question de reporter ou de cotiser.
Les simulations des différents scénarios devraient être intégrées dans vos projections financières. C’est la seule façon de bien refléter votre environnement fiscal et votre profil d’investisseur. Des tables de mortalité peuvent servir de guide pour estimer vos probabilités de vivre jusqu’aux points de croisement si vous êtes en bonne santé.