L’économie canadienne devrait ainsi connaître une modeste croissance de 1% cette année, puis de 2% en 2025. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. L’économie est sur la bonne voie. La baisse des taux d’intérêt, amorcée en juin, annonce en effet le début d’un tout nouveau cycle de croissance économique au pays. Et ce, après que la Banque du Canada ait accompli le rare exploit de réduire l’inflation sans plonger le pays en récession.
Petit retour en arrière: en mars 2022, dans un contexte d’inflation élevée qui devait culminer à 8,1% en juin de cette année-là, la Banque du Canada décidait de relever son taux directeur à 0,50%, après l’avoir maintenu à 0,25% depuis le début de la pandémie survenue deux ans auparavant. L’effet combiné de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine, qui ont entraîné des problèmes d’approvisionnement, ainsi que le soutien financier des gouvernements qui ont alimenté les dépenses des consommateurs, ont contribué à cette hausse fulgurante des prix.
Mission accomplie
La Banque du Canada a décidé alors d’adopter une politique monétaire restrictive qui allait rapidement faire grimper les taux d’intérêt à 5%. Or, l’économie canadienne s’en est tirée sans trop de dommages importants. Certains secteurs d’activité, ainsi que des entreprises, ont évidemment souffert plus que d’autres. L’économie québécoise a ralenti davantage que dans le reste du Canada, enregistrant même trois trimestres de recul de son activité en 2023. Bien que techniquement en récession, l’économie québécoise continuait néanmoins à profiter à la fois d’un fort taux d’emploi, de revenus disponibles et de consommation. Voilà pourquoi, dans l’ensemble, la banque centrale peut dire «mission accomplie».
La baisse graduelle de l’inflation jusqu’à son maintien dans une fourchette cible de 1 à 3% depuis le début de 2024, jumelée au ralentissement de l’économie, devait donc finalement amener la Banque du Canada à réduire son taux directeur à 4,75% en juin dernier.
Cette faible baisse de 25 points de base, qui devrait être suivie d’une réduction similaire à la fin juillet, est néanmoins lourde de sens. C’est en effet le signal tant attendu qui marque la fin d’une politique monétaire restrictive et le début d’un nouvel élan économique.
Un pas à la fois
Malgré la perspective de jours meilleurs, il ne faut pas pour autant s’attendre à ce que l’économie reprenne de la vigueur rapidement. L’année en cours en sera donc une de transition. D’autant que les taux d’intérêt resteront élevés, particulièrement pour les propriétaires qui doivent renouveler leurs prêts hypothécaires.
Ainsi, après avoir inscrit une performance correcte mais sans plus en mars, l’économie canadienne a rebondi de 0,3% en avril grâce à une croissance généralisée dans 15 des 20 secteurs qui produisent des biens et services. Le rythme de croissance aurait toutefois ralenti à +0,1% en mai.
La baisse graduelle des taux, qui devraient se situer dans une fourchette de 2,5% à 3% en 2025, continuera toutefois à donner du carburant à l’économie. Cette réduction insufflera en effet une bouffée d’oxygène aux consommateurs et aux entreprises qui recommenceront à dépenser et investir davantage. L’économie canadienne devrait ainsi connaître une modeste croissance de 1% cette année, puis de 2% en 2025.