(Photo: 123RF)
FINANCEMENT D’ENTREPRISES. Des experts de tous les horizons confient leurs meilleurs trucs et conseils pour tirer le maximum des sources de financement auxquelles une entreprise québécoise peut aspirer.
1. Préparer son dossier
Avant de cogner à la porte d’un bailleur de fonds, un minimum de préparation est requis. De quel montant avez-vous besoin ? Pourquoi ? Quelles sont les retombées escomptées ? Il faut être capable de détailler, puis de documenter les réponses à ces questions. «Cela suppose de maîtriser son plan d’affaires, ses finances et ses hypothèses de financement», souligne Aziz Guellouz, directeur au financement des entreprises chez PME MTL Grand Sud-Ouest.
2. Se fixer des objectifs SMART
Exiger du financement sans avoir fixé d’objectif clair, net et précis est le meilleur moyen de ne pas en obtenir. C’est pourquoi Manaf Bouchentouf, directeur de l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale – HEC Montréal, recommande de se fixer des objectifs SMART, c’est-à-dire précis, mesurables, qui peuvent être atteints, réalistes et fixés dans le temps. « »Je veux 500 000 $ pour vendre aux États-Unis » n’est pas suffisant, illustre-t-il. Il faut préciser à quoi ce montant va servir, pendant combien de temps…»
3. Ne rien dissimuler
Un prêteur s’attend à avoir l’heure juste sur la situation de votre entreprise. Vous avez bien plus à gagner à être transparent avec cet allié potentiel que le contraire. Il en va de votre futur lien de confiance. «Parfois, ce n’est même pas délibéré ; on omet certains détails pourtant cruciaux sans même s’en rendre compte. Une bonne préparation du terrain est donc nécessaire», insiste Simon Jodoin, associé chez APEX Direction financière.
4. Démontrer son engagement
Il existe certains principes de base en matière de financement, et l’engagement en est un. Il se mesure généralement à la lumière des fonds personnels que vous avez investis dans votre propre projet. «C’est une démonstration du sérieux de l’entrepreneur. Cela a pour effet de le crédibiliser aux yeux de ceux auxquels il s’adresse pour demander un prêt, une subvention ou de l’aide», explique M. Bouchentouf.
5. Penser à long terme
La question n’est pas de savoir si votre entreprise aura besoin de financement, mais bien à quel moment. Il importe donc, même en période faste, de soigner ses états financiers. «Les décisions que l’on prend aujourd’hui ont parfois des impacts majeurs sur les bilans et les résultats futurs. Si je néglige mon fonds de roulement maintenant, je vais devoir le justifier demain», rappelle M. Jodoin.
6. Avoir le bon timing
Peaufiner un montage financier peut prendre des semaines, voire des mois. Attendre jusqu’à minuit moins une pour entamer ses démarches est donc la recette idéale pour se retrouver dans une fâcheuse position de négociation. Cela est tout particulièrement vrai auprès de certaines sources de financement, comme les fonds privés en capital de risque, qui cherchent à frapper des coups de circuit. Ceux-ci profiteront alors de leur position dans la négociation pour exiger – et obtenir – davantage.
7. Éviter le surendettement
Un entrepreneur sollicite du financement pour se conférer les moyens d’honorer des contrats, tout en respectant sa situation financière actuelle. Avoir les yeux plus gros que la panse et prendre les bouchées doubles peuvent donc être synonymes de catastrophe. «La règle d’or est de ne jamais se surendetter. Sans plan de développement adéquat, on risque alors de flirter avec l’insolvabilité», mets en garde M. Guellouz.
8. Garder le contrôle
En phase de démarrage, alors que les besoins financiers sont pressants, il peut être tentant d’offrir des parts de l’entreprise à des amis, à de la famille ou à de proches collaborateurs. Attention ! Cela risque d’encombrer inutilement l’actionnariat et de nuire à la destinée de l’entreprise. Pire, il est dangereux de se retrouver avec plusieurs capitaines à bord. «Quand plus de 25 % des parts d’une jeune entreprise sont réparties entre plusieurs actionnaires, cela envoie un mauvais signal», affirme M. Guellouz.
9. Signer une convention d’actionnaires
Le droit est partout, surtout dans les questions relatives au financement. Il est impératif que les acteurs qui s’impliquent financièrement dans un projet commun signent une convention qui prévoit une marche à suivre pour l’ensemble des situations et des scénarios possibles. Chez PME MTL, où quatre entreprises sur cinq (80 %) dépassent le seuil fatidique des cinq ans d’existence, ce balisage est même conditionnel aux services d’accompagnement.
10. Bien s’entourer
Le véritable levier de création de valeur dans l’entreprise n’est pas ses services et produits, mais bien les individus qui y travaillent. «En réalité, les bailleurs de fonds investissent dans des humains, pas dans les activités de l’entreprise. Le financement peut servir à se procurer de nouveaux équipements, mais, au final, ce sont les gens qui créent de la valeur à partir de ces équipements. C’est fondamental de le comprendre et de le mettre de l’avant», conclut M. Bouchentouf.