Louis-Edgar Jean-François est PDG du Groupe 3737 depuis février 2018. Membre de l’Ordre des CPA du Québec, il a auparavant été président de la société multidisciplinaire de comptabilité et de services juridiques LEJ. Il a aussi travaillé, entre autres, chez RDS, Bombardier et Deloitte. (Photo: courtoisie)
Q&R. Le Groupe 3737 a reçu, en décembre, un financement de 500 000 $ du Fond du Grand Mouvement de Desjardins. Son PDG, Louis-Edgar Jean-François, s’est donné comme mandat de pérenniser cette organisation montréalaise qui se veut un moteur de développement économique et social pour et par la diversité et l’inclusion, en particulier pour les communautés noires.
Les Affaires – La somme reçue le mois dernier procurera au Groupe 3737, selon vos dires, un important effet de levier, entre autres pour développer vos services en accompagnement entrepreneurial. Que comptez-vous en faire, exactement ?
Louis-Edgar Jean-François – Ce que l’on souhaite accomplir, c’est d’aider les entrepreneurs issus de la diversité, particulièrement ceux des communautés noires, dans le développement de leur projet.
De façon plus large, nous voulons aussi encourager le développement économique et avoir un impact social dans les collectivités où nous sommes présents. Le Groupe 3737 a été fondé en 2012 dans le quartier Saint-Michel, souvent cité comme étant le deuxième plus pauvre du Canada derrière Montréal-Nord, situé juste à côté.
On s’est installé dans ce quartier de façon stratégique pour être un véhicule de changement en créant du développement commercial.
L.A. – En plus de Desjardins, vous avez beaucoup de partenaires d’affaires et gouvernementaux. Qu’est-ce qui explique que vous ayez autant d’appuis ?
L.-E. J.-F. – Avant 2020, ce n’était pas le cas. Groupe 3737 a été créé par Frantz Saintellemy, fondateur, président et chef de l’exploitation de LeddarTech, et par sa femme, Vickie Joseph. Le couple a investi 15 millions de dollars (M $) pour que nous puissions bénéficier d’infrastructures de 50 000 pieds carrés.
Le premier financement intéressant que nous avons reçu après ma venue, en 2018, a été signé avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui a été un des premiers à nous faire confiance. L’entente a fait boule de neige.
Après quelques ententes gouvernementales, nous avons voulu tisser des liens avec le monde des affaires.
L.A. – Vous dites que 2020 a été une année charnière pour le Groupe 3737 en matière d’appuis financiers. Est-ce que le mouvement Black Lives Matter a contribué à cette prise de conscience ?
L.-E. J.-F. – Ça a accéléré les choses. Il y a des ententes qui étaient sur le point d’être signées avant le mouvement, notam-ment avec Desjardins et la Banque Royale. Mais il y a d’autres partenaires qui sont venus par la suite, comme la Banque Scotia et la Banque de développement du Canada.
L.A. – Quel est le bilan des activités du Groupe 3737 depuis sa fondation ?
L.-E. J.-F. – Nous avons accompagné à ce jour plus de 700 entrepreneurs par l’entremise de nos huit programmes d’accompagnement, et nous avons contribué à la création de près de 400 emplois. Collectivement, nos organisations et entreprises ont généré 93 M $de chiffre d’affaires. Notre équipe compte 11 personnes à temps plein, sans oublier nos 44 bénévoles, 49 coachs, les membres du conseil d’administration et les ressources mises à notre disposition par nos partenaires.
L.A. – Quels sont vos objectifs pour cette année ?
L.-E. J.-F. – Nous voulons vraiment utiliser notre expertise de développement entrepreneurial et organisationnel pour aider les fondateurs issus de la diversité à venir augmenter ces chiffres et avoir un effet concret dans la société québécoise.
Nos objectifs sont assez ambitieux. En combinant nos initiatives d’appuis à la communauté noire et nos programmes d’accélération, on aimerait créer entre 300 et 400 emplois.
De plus, j’ai le mandat de pérenniser l’organisme. Nous avons une stratégie en trois axes qui ne peut reposer uniquement sur de l’aide gouvernementale et du monde des affaires.
Premièrement, nous souhaitons mettre en place un groupe de membres qui payeraient des frais d’adhésion pour avoir accès à nos programmes d’accompagnement. Deuxièmement, nous voulons aussi mettre en place une plateforme d’accompagnement numérique pour les entrepreneurs qui jugent en avoir besoin. En troisième lieu, nous pourrions louer certains espaces de notre bâtiment de 50 000 pieds carrés à des entrepreneurs de l’extérieur.
L’objectif est de consolider ces trois sources de revenus récurrents, en combinaison avec les ressources gouvernementales et de nos partenaires d’affaires.
L.A. – Vous avez installé votre siège social dans le quartier Saint-Michel, mais pensez-vous étendre vos activités dans d’autres régions ?
L.-E. J.-F. – Nous voulons y aller une étape à la fois, mais la demande est là. Nous avons des pourparlers pour ouvrir des locaux satellites à Laval et à Québec, mais aussi au Canada, à Halifax, Edmonton et Toronto.