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Manuel St-Aubin

Le droit dans vos affaires

Manuel St-Aubin

Expert(e) invité(e)

3 avril 2024 | 11:15 am

5 conseils pour mieux gérer vos conflits juridiques

Manuel St-Aubin|03 avril 2024

5 conseils pour mieux gérer vos conflits juridiques

«On oublie souvent que le silence aussi peut être une solution lorsqu’une affaire n’est pas judiciarisée.» (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Au cœur d’un conflit important, il est parfois difficile de savoir comment s’y prendre. Je partage avec vous quelques conseils inspirés de l’expérience de ma pratique comme avocat. Ceux-ci peuvent être applicables dans des conflits de plus grande ampleur, lorsque ceux-ci sont judiciarisés ou en voie de l’être. Il est à noter que je ne traiterai pas ici des conflits impliquant l’État (conflits administratifs ou pénaux). 

Ces conseils sont évidemment à prendre avec modération, car chaque conflit exige une gestion particularisée.

 

1. Laissez passer la colère et taisez-vous!

Lorsqu’on est visé par une mise en demeure ou qu’on est impliqué dans un conflit, il peut être tentant sur le coup de l’émotion de parler ou d’écrire énormément, afin de justifier notre position. Or, je vois régulièrement qu’à plusieurs égards, cela n’apporte rien de bon.

En effet, agir sur le coup de l’émotion augmente souvent l’intensité du conflit. Il vaut mieux se taire momentanément, prendre un pas de recul, comprendre la situation et réfléchir pour trouver la solution souhaitée.

 

2. Entourez-vous de professionnels indépendants 

Lorsqu’on est pris dans un conflit, nous n’avons pas le recul nécessaire pour prendre les décisions les plus rationnelles. Ainsi, l’embauche d’un ou de plusieurs conseillers indépendants (avocats, consultants en communications et relations publiques, etc.) peut nous aider à voir plus clair dans le processus de prise de décision. Ces personnes sont des professionnels payés pour trouver des solutions, et de ce seul fait ont un recul qui leur permet de mieux réfléchir dans une situation de conflit. 

Ces professionnels pourront vous confronter dans votre perception des choses et vous permettre d’identifier vos angles morts dans le conflit que vous avez à gérer. Ils pourront vous conseiller en conséquence afin de vous proposer des solutions pragmatiques. 

Avec l’aide des professionnels engagés, vous obtiendrez souvent une série d’options possibles afin de régler le conflit. Il est alors essentiel de prendre la décision la plus logique qui soit, au fur et à mesure de l’évolution du conflit. 

J’ai vu plusieurs personnes qui, en voulant tout régler eux-mêmes pour économiser un peu, ont plutôt amplifié le problème. Malheureusement, cela a mené vers un élargissement du conflit et des frais gargantuesques. 

Évidemment, un entrepreneur pourra déterminer si le conflit en question en est un qui est facilement gérable et s’il a déjà été géré avec succès par le passé. Auquel cas, il n’est pas toujours nécessaire de faire appel à des conseillers externes.

 

À SUIVRE -> 3. Gardez le silence avant d’agir

3. Gardez le silence avant d’agir

On oublie souvent que le silence aussi peut être une solution lorsqu’une affaire n’est pas judiciarisée. Cela est encore plus le cas lorsqu’une partie fait face à des allégations non fondées et farfelues, alors qu’il n’y a pas de problèmes de relations publiques. Pourquoi répondre à des allégations d’une mise en demeure qui ne feraient pas long feu devant les tribunaux?

Aussi, lorsqu’il y a un désaccord important entre deux parties, l’échange d’arguments étoffés ou non ne fera pas vraiment changer d’idée l’adversaire. Dans divers milieux, il existe une habitude d’échange de lettres étoffées entre parties adverses qui mènent parfois à des admissions (aveux) de part et d’autre. N’oubliez jamais qu’en cas de judiciarisation les écrits peuvent souvent être utilisés par les parties à titre d’admission et de matériel pour contre-interroger. Plus il y a d’écrits de la part d’une partie, plus il y a de matière à contre-interroger efficacement.

Inutile, donc, de donner gratuitement à votre adversaire les munitions pour vous attaquer dans un litige. La parole en cas de conflit doit être réfléchie et mesurée et le silence reste parfois un très bon argument.

 

4. Décrochez le téléphone, discutez calmement et faites des compromis

À l’ère des courriels et de la messagerie instantanée, il est tentant, autant pour les avocats que les justiciables, de principalement mettre tout par écrit.

Bien que l’écrit soit un bon mode de communication, la discussion téléphonique facilite quant à elle un réel dialogue efficace. Outre le langage utilisé, le ton de la voix et les inflexions communiquent des informations importantes sur l’autre partie. Cela permet de diminuer les tensions et de comprendre les enjeux en temps réel, ce qu’une lettre ou un message ne donne pas.

Avec les échanges écrits, les parties ont malheureusement le réflexe de s’enfermer dans leur propre logique sans la confronter en temps réel avec l’autre. Cette façon de faire n’apporte rien de bon, sauf d’allonger la liste des correspondances.

Les échanges de vive voix permettent d’évaluer l’ouverture de part et d’autre à trouver une solution au conflit. Si telle ouverture existe, il faut évidemment prendre l’occasion de trouver un compromis acceptable afin de régler le tout à l’amiable.


À SUIVRE -> 5. Ne perdez pas de temps avant de judiciariser l’affaire

5. Ne perdez pas de temps avant de judiciariser l’affaire

Lorsque les discussions ont été tentées pour régler le conflit à l’amiable avec tout le pragmatisme nécessaire et que cela n’a rien donné, il ne faut pas garder de faux espoirs: la judiciarisation devient la solution.

Parfois, plusieurs tentent malgré tout de régler le litige et étirent ainsi les conflits dans le temps. Dans le cadre de réclamations financières, étirer les conflits peut entraîner des conséquences désastreuses, notamment la faillite de la partie adverse quand les discussions sont tellement longues que la partie débitrice a eu le temps de préparer sa faillite.

Un conflit judiciarisé impose des délais, des audiences et des frais. Une judiciarisation impose aussi aux parties de se parler. Très souvent, c’est au stade de la judiciarisation que les réelles discussions de règlement se font et que les bons règlements se concluent.

Il ne faut donc pas craindre de judiciariser une affaire même si le procès n’est pas une issue ultimement souhaitable. Lorsqu’aucun règlement n’est possible sans judiciariser le conflit, il faut se poser la question suivante : est-ce que le statu quo est une option ?

 

Évitez les maux de tête

Évidemment, un livre complet aurait pu être écrit sur la gestion des conflits d’un point de vue judiciaire. Je vous ai fourni ici un simple résumé de résumé du sujet. Au fil de ma pratique d’avocat de litige, je constate que l’application de ces cinq conseils peut éviter de nombreux maux de tête aux justiciables qui se retrouvent avec un conflit important qu’ils n’ont pas l’habitude de gérer.

Souvenez-vous que, dans la très grande majorité des cas, un conflit bien géré finit par se régler.

 

 

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