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ANALYSE. Il est clair pour tous que la Bourse est entrée dans une phase de fébrilité si l’on se fie à la spéculation qui s’empare des titres vendus à découvert, mais aussi d’une foule de titres à faible capitalisation et de secteurs à la mode tels que l’énergie verte. Une série d’indicateurs frôle les niveaux atteints lors de sommets antérieurs, que ce soit l’optimisme, l’évaluation, l’achat démesuré d’options d’achats, l’achat sur marge, etc.
En même temps, les bonnes données économiques suggèrent que la planète économique s’adapte mieux qu’avant à la pandémie si l’on se fie au commerce mondial. Contre toute attente, les travailleurs dépensent grâce aux nouveaux modes de consommation.
Le duo de Janet Yellen, au Trésor, et de Jerome Powell, à la Réserve fédérale (Fed), semble aussi très déterminé à assurer une reprise plus durable et équitable que par le passé — quitte à nourrir l’inflation et les cours des actifs financiers —, jusqu’à ce que le marché de l’emploi ait récupéré ses pertes, explique l’économiste Ed Yardeni, qui ne partage pas leurs idées progressistes.
Entre ces deux pôles, les choix de placement se compliquent. Le déplacement des investisseurs d’un secteur à l’autre est frénétique. De nombreux analystes recommandent surtout des titres dont l’évaluation n’a pas autant grimpé que leur industrie, peu importe qu’elle soit chère ou non.
Deux mauvais sorts à déjouer
Le S&P 500 doit aussi déjouer deux mauvais sorts, disent les mordus de statistiques. La baisse de 1,1 % du S&P 500 en janvier est de moins bon augure pour le reste de l’année que ne l’aurait été un mois positif. La Bourse s’apprécie les deux tiers du temps après un premier mois de l’année au rouge, rappelle tout de même Nicholas Colas, fondateur de Datatrek. L’autre mauvais sort à déjouer est le fait que la Bourse américaine a rarement enfilé trois années de gains consécutifs supérieurs à 10 %. Depuis 1928, une telle séquence ne s’est produite qu’à cinq reprises, précise-t-il. «Le S&P 500 pourrait conjurer ce sort si les vaccins, les nouveaux plans d’urgence et les profits envoient encore plus d’investisseurs en Bourse», note le financier. Savita Subramanian, de BofA Securities, signale de son côté que l’indicateur maison d’optimisme (58,4 %) s’approche du niveau qu’il avait en août 2007 (60,4 %), avant que la Bourse ne chute de 11 % sur 12 mois. Pour la première fois depuis 2011, ce signal suggère que le S&P 500 se dirige vers un rendement annuel de moins de 10 % au cours des 12 prochains mois.
Drapeau jaune
Pour sa part, Martin Roberge, de Canaccord Genuity, aime moins que la corrélation entre les titres du S&P 500 plonge. Cela dénote une grande confiance de la part des investisseurs dans le scénario du retour à la normale grâce aux vaccins et au soutien des banques centrales, écrit le stratège quantitatif.
Bien que cette corrélation approche des niveaux qui avaient précédé les chutes de 2017, 2018 et 2020, le stratège quantitatif ne craint pas un épisode aussi sévère puisque cette fois, une phase de croissance économique s’amorce.
Pharmaceutiques: un autre pari de reprise
Comme plusieurs, le stratège Martin Roberge s’attend à ce que les matières premières surpassent les actions, comme c’est le cas lorsque l’économie mondiale rebondit, les gouvernements dépensent, les fabricants commandent et le billet vert s’affaiblit. Cette catégorie d’actifs ne convient toutefois pas à tous les investisseurs puisque ses mouvements haussiers ont rarement duré dans le passé.
Maintenant que la Bourse a trouvé un certain équilibre entre les grandes sociétés technologiques et les bénéficiaires de la reprise, dont les banques, quelle autre industrie mérite un second regard ? Martin Roberge pointe le potentiel du secteur pharmaceutique américain représenté par le fonds négocié en Bourse Vaneck Vectors Pharmaceuticals (PPH, 69,10 $US).
Les vaccins de Moderna (MRNA, 170,43 $US), de Pfizer (PFE, 34,94 $US et de Johnson & Johnson (JNJ, 160,21 $US) font les manchettes, mais c’est le retour à la normale du système de soins qui l’intéresse.
Une fois que la vaccination sera avancée, à la mi-année, les consultations chez le médecin devraient raviver les achats de médicaments. «Les pharmaceutiques américaines sont d’énormes fabricants et exportateurs de médicaments. Un billet vert moins fort devrait aussi leur être favorable», dit-il. Les pharmaceutiques constituent aussi un choix bon marché pour profiter de cette reprise. Le multiple de 14,5 fois les bénéfices prévus est 38 % moins chers que celui du S&P 500. «Au moment où l’effervescence s’enfle chaque jour, les pharmaceutiques nous semblent un bon endroit où placer ses pions, malgré le risque croissant de correction», conclut le stratège.