L’an dernier, le Québec comptait 25 projets comparativement à 31 en 2016. Cette baisse serait principalement attribuable à un environnement défavorable aux investissements, selon l’Association minière du Québec. [Photo : Adama Productions]
INDUSTRIE MINIÈRE. Investissements stratégiques dans les infrastructures, mise en place d’un climat d’investissement plus favorable et de systèmes de réglementation plus efficaces, participation accrue des communautés autochtones : telles sont les principales initiatives élaborées dans le Plan canadien pour les minéraux et les métaux, dévoilé en mars dernier par le gouvernement fédéral, afin d’améliorer la compétitivité et l’attractivité du secteur minier au pays.
«Le gouvernement a mis la table à l’adoption de mesures favorisant la croissance du secteur minier. On verra comment le plan d’action va se déployer et s’il est capable de livrer la marchandise», commente Josée Méthot, PDG de l’Association minière du Québec (AMQ) qui accueille favorablement ce plan de développement. L’Association minière du Canada (AMC) salue également ce plan ambitieux qui, selon elle, propose une vision qui donne les moyens à l’industrie de réussir à long terme et devrait positionner le Canada comme chef de file mondial du secteur minier.
«Le Canada a longtemps profité d’une industrie des minéraux et des métaux prospère, mais il n’est pas immunisé contre la concurrence mondiale et ne peut pas tenir pour acquis les avantages et possibilités que recèle l’industrie minière pour sa population», a souligné Pierre Gratton, président et chef de la direction de l’AMC, par voie de communiqué.
Freiner le déclin
Le lancement de ce Plan arrive au moment où le secteur minier, un important moteur de l’économie québécoise et canadienne, décline depuis plusieurs années déjà. Les réserves de certains métaux tendent à diminuer et le pays a connu une baisse des volumes de production des principaux produits de base. Le nombre de projets miniers prévus et en cours au Canada a diminué, passant de 150 en 2014 à 108 en 2018. La valeur de ces projets a aussi chuté au cours de cette même période, passant de 166 milliards de dollars à 72 milliards.
L’an dernier, le Québec comptait pour sa part 25 projets comparativement à 31 en 2016. Or, cette baisse est principalement attribuable à un environnement défavorable aux investissements, estime l’AMQ, qui a formulé des recommandations dans le cadre des consultations menant à ces orientations.
«Les processus d’autorisation de projets sont beaucoup trop longs et laborieux. Les investisseurs s’attendent à plus de prévisibilité en matière de délais et de rendement de l’investissement», souligne Mme Méthot, en précisant que les gouvernements fédéral et provincial doivent notamment mettre fin aux dédoublements réglementaires.
Le Canada a longtemps joui de la réputation de meilleure destination pour les investissements miniers. Cette position enviable est toutefois en train de s’éroder. Si la part des budgets d’exploration pour les produits minéraux non ferreux que reçoit le Canada demeure supérieure à tout autre pays, celle-ci a en effet connu une baisse au cours des dernières années. L’Australie, une autre destination de choix pour ces dépenses d’exploration, a vu sa part demeurer relativement stable, tandis que la région de l’Amérique latine a vu la sienne bénéficier des plus grands gains.
Des mesures concrètes
«Le Canada est en compétition avec les autres pays afin d’obtenir les investissements requis pour mettre en valeur ses ressources minérales, appuyer le développement de régions entières et stimuler la prospérité. Il doit offrir un climat d’investissement attrayant», note d’ailleurs le Plan canadien pour les minéraux et les métaux.
Les gouvernements fédéraux, provinciaux et territoriaux devraient modifier les politiques fiscales et d’autres instruments fiscaux pour appuyer la compétitivité de l’industrie au chapitre des coûts, et pour attirer des investissements, suggère-t-on dans ce Plan.
Le document fait aussi mention d’investissements concrets à réaliser dans les infrastructures, d’ici 2025, pour appuyer le développement des ressources minérales. «Une grande partie du potentiel de développement en ressources naturelles se trouve dans les régions plus éloignées et isolées du Nord. Il faut avoir un meilleur accès à ces territoires», indique Mme Méthot.
Le Plan canadien pour les minéraux et les métaux souhaite aussi promouvoir davantage la participation des peuples autochtones, et ce, en augmentant le nombre d’ententes entre les communautés autochtones et les promoteurs de projet, tout en explorant les possibilités d’intensifier l’approvisionnement auprès de ces communautés qui constituent aussi un bassin de main-d’oeuvre.
Ainsi, «on doit travailler à intégrer davantage les travailleurs autochtones, mais aussi les femmes, qui sont encore nettement sous-représentées dans l’industrie minière», reconnaît Mme Méthot.
L’environnement est également au coeur de ce Plan alors qu’un programme de recherche pancanadien sur la valorisation des résidus miniers serait établi d’ici 2020 afin de réduire l’empreinte des résidus miniers et d’améliorer la performance environnementale de l’industrie.
«Si les gouvernements fédéraux, provinciaux et territoriaux du Canada prennent des mesures pour mettre ce Plan en oeuvre, il y aura une amélioration notable du contexte concurrentiel pour les nouveaux investissements dans l’exploration minérale et le développement minier», affirme M. Gratton.
En 2017, la production minérale du pays s’est chiffrée à environ 44 G $, dont 8,6 G $ au Québec. L’Ontario (9,8 G $) et la Colombie-Britannique (8,8 G $) viennent en tête.
Le secteur des minéraux et des métaux (qui comprend les activités d’exploration et d’exploitation minière, la première transformation et la fabrication de produits) génère 19 % des exportations nationales totales du Canada, représente 5 % du PIB et emploie 634 000 personnes.