Certes la neurodiversité présente souvent des défis dans la communication avec les personnes neurotypiques. (Photo: 123RF)
EXPERT INVTÉ. Il y a quelques semaines, j’ai publié un article sur l’importance de normaliser la neurodiversité dans les organisations. J’ai été très content de constater que cette publication a suscité un grand intérêt ce qui confirme la nécessité de continuer à avoir des conversations sur le sujet.
Aujourd’hui je souhaite approfondir ce sujet en discutant des impacts évidents que la neurodiversité peut avoir sur la communication dans nos organisations. Il est indéniable que la communication représente souvent l’un des défis les plus importants pour de nombreuses personnes neurodivergentes. Par conséquent il serait faux de prétendre que tout est rose.
Il est essentiel de reconnaître cette réalité et d’aborder franchement cette question délicate.
Bâtir des ponts entre neurodiversité et communication
La neurodiversité présente sans aucun doute des défis en matière de communication, mais elle apporte également de nombreuses forces et perspectives uniques qui peuvent considérablement enrichir une organisation.
Alors que de plus en plus de personnes prennent conscience de la neurodiversité et s’identifient comme neurodivergentes, les organisations doivent suivre le mouvement et repenser leur approche pour mieux soutenir leurs employés neurodivergents et tirer parti de leurs compétences uniques. Cela implique de repenser la culture de l’entreprise et de créer un environnement propice à leur développement.
Le rôle de la neurodiversité dans la communication au travail
La neurodiversité joue un rôle crucial dans la communication au travail. En reconnaissant, valorisant et normalisant la diversité des fonctionnements cognitifs, les organisations peuvent favoriser des stratégies de communication plus efficaces. Cela contribue à créer un environnement de travail plus productif et innovant.
Il est donc essentiel de prendre conscience que nos lieux de travail sont de plus en plus diversifiés en termes de styles cognitifs, de préférences, de capacités, mais aussi de limitations. Ces différences ont un impact direct sur la façon dont les gens interagissent dans vos organisations. Cette diversité de perspectives offre un potentiel considérable pour des environnements et des cultures plus innovants et dynamiques.
En effet lorsque des personnes aux points de vue différents collaborent, elles sont plus à même de résoudre les problèmes et de prendre des décisions innovantes. Pour réaliser pleinement ce potentiel, il est crucial que les entreprises intègrent des stratégies de communication qui prennent en compte les besoins et les préférences des individus neurodivergents.
Les défis de communication liés à la neurodiversité.
Alors que par le passé (et malheureusement encore aujourd’hui) de nombreuses organisations jugeaient les personnes neurotypiques comme étant «étranges» «capricieuses» ou «inappropriées» de plus en plus d’entreprises reconnaissent désormais la valeur de ces personnes et comprennent que leurs traits de personnalité font partie intégrante de leur identité et de leur fonctionnement. Cela ouvre la voie à une meilleure compréhension de la nécessité de trouver des solutions adaptées à la communication avec les personnes neurodivergentes.
Certes la neurodiversité présente souvent des défis dans la communication avec les personnes neurotypiques. Certains de ces défis peuvent être surprenants, inattendus, voire déconcertants, et peuvent malheureusement avoir un impact sur les relations.
Voici quelques-uns des défis de communication les plus courants liés à la neurodiversité :
· Différences dans les styles de communication,
· Défis de traitement sensoriel,
· Différences dans les styles d’apprentissages,
· Défis d’interaction sociale,
· Défis de fonctionnement exécutif,
· Défis de gestion des émotions, et
· Les défis du traitement de l’information.
Ces différences peuvent rendre difficile pour les personnes neurodivergentes de communiquer efficacement avec des collègues neurotypiques, et vice versa. En comprenant ces différences et en s’y adaptant, vous pourrez maintenant aider à améliorer la communication entre tous les membres de vos équipes et ainsi créer un environnement de travail plus inclusif !
Par exemple, les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) peuvent avoir du mal à interpréter les signaux sociaux et à capter la communication non verbale. De même, les personnes possédant un TDAH sont susceptibles d’avoir des difficultés d’attention et de concentration, ce qui peut rendre difficile pour elles de suivre de longues conversations ou d’effectuer plusieurs tâches pendant les réunions. C’est personnellement mon cas. Souvent, après 20 minutes, les gens se rendront malheureusement compte que j’ai décroché et que je fais d’autres choses, le tout étant perçu comme un manque de respect par plusieurs neurotypiques !
Étant moi-même aussi atteint de troubles d’apprentissage tels que la dyslexie, je peux aussi trouver particulièrement difficile de traiter des informations écrites rapidement. Cela nécessite pour ma part un besoin de silence et d’utiliser mon «hyper-focus» pour contrer ma difficulté.
Il ne s’agit ici que de quelques-uns d’exemple qui affecte la communication avec des neurodivergents, je pourrais évidemment continuer une longue liste.
Sans surprise, ses problèmes de communication entraînent souvent toutes sortes de malentendus, de mauvaises interprétations, de stigmatisation et de sentiments d’exclusion chez les employés neurodivergents. C’est aussi souvent ce qui va créer des conflits entre les différentes personnes.
Il est pour moi clair que ces défis contribuent aussi à des opportunités manquées de collaboration et d’innovation entre les gens, car les idées et les perspectives uniques des individus neurodivergents peuvent ne pas être efficacement communiquées ou reconnues par le reste de l’organisation. C’est certainement quelque chose que nous, en tant que leaders, devons régler.
Exemples de défis et solutions !
Je vous propose maintenant d’explorer les sept défis de communication courants liés à la neurodiversité tout en identifiant également comment certains traits observés chez les employés neurodivergents peuvent influencer la communication et comment mettre en place certaines solutions.
Différences dans les styles de communication : les personnes neurodivergentes peuvent avoir des styles de communication différents de ceux de leurs collègues neurotypiques, ce qui peut les empêcher de comprendre ou d’être compris. Prenons par exemple les personnes autistes. Un collègue autiste peut rencontrer des difficultés à interpréter la communication non verbale ou à comprendre le sarcasme. Une personne atteinte de TDAH, comme moi, aura du mal à suivre des instructions complexes ou longues.
Pour répondre à ces différences, une bonne stratégie peut être de s’assurer que nous fournissons une communication et des instructions claires et directes, en évitant le sarcasme, le langage abstrait ou ambigu.
Défis de traitement sensoriel : de nombreux employés neurodivergents connaîtront des sensibilités ou des défis sensoriels en ce qui concerne différents stimuli, ce qui aura potentiellement un impact sur leur capacité à communiquer efficacement dans certains environnements. Les personnes autistes, par exemple, peuvent se retrouver submergées par des bruits forts ou des lumières vives, ce qui peut les empêcher de se concentrer sur ce qui se passe ou de participer à des
discussions de groupe. Les TDAH auront souvent beaucoup de difficultés à travailler dans endroits bruyants, les poussant à privilégier le télétravail.
Pour tenir compte des différences sensorielles, vous pouvez fournir des environnements de travail calmes ou des pièces calmes, des écouteurs antibruit ou d’autres aménagements sensoriels. C’est un des défis auxquels nous prévoyons nous attaquer chez Connect&GO dans les prochains mois, revoyant l’utilisation de nos espaces de bureaux ouverts pour créer plus de zones de calme.
Différences dans les styles d’apprentissages : De plus, certaines personnes neurodivergentes vont favoriser différents styles d’apprentissages, ce qui peut avoir un impact sur leur capacité à apprendre ou à comprendre certains types de communication ou d’interactions. Les personnes atteintes de dyslexie pourraient avoir du mal avec les documents écrits et celles atteintes de dyscalculie pourraient avoir du mal avec les chiffres, tandis que les personnes atteintes de TDAH pourraient probablement avoir du mal avec de longues conférences ou présentations (ce que très peu d’organisation semble avoir compris : incluant la mienne, trop souvent).
Pour s’adapter à différents styles et préférences d’apprentissage, les organisations peuvent s’adapter en proposant différentes options et formes d’apprentissages, incluant des aides visuelles, activités pratiques et des discussions en petits groupes. Vous pouvez aussi tenter de réduire la durée de vos présentations à moins d’une heure.
Défis d’interaction sociale : Bien sûr, certaines personnes neurodivergentes peuvent également rencontrer des difficultés lorsqu’il s’agit de gérer les interactions sociales, ce qui peut facilement avoir un impact sur leur capacité à communiquer efficacement dans les relations professionnelles. Les personnes autistes peuvent avoir du mal à capter des signaux sociaux subtils ou avoir du mal à maintenir un contact visuel, ce qui peut créer des malentendus ou des problèmes de communication avec leurs homologues.
Dans le but de faciliter les interactions sociales entre tous, vous pourriez proposer une formation sur les compétences sociales ou encore promouvoir des canaux de communications plus structurés et directs au bureau !
Défis du fonctionnement exécutif : Un autre défi auquel sont couramment confrontées les personnes neurodivergentes concerne les défis du fonctionnement exécutif, qui ont un impact sur la capacité d’une personne à planifier, hiérarchiser et organiser son travail efficacement. Évidemment, nous pourrons rapidement penser aux TDAH qui peuvent avoir du mal à gérer efficacement leur temps ou à accomplir certains types de tâches dans les délais prescrits.
Pour soutenir ses personnes, vous pouvez vous assurer de fournir des instructions très claires et spécifiques, d’offrir aux gens des suivis réguliers (sans que cela soit interprété comme du micromanagement) ou encore la mise en place d’outils de gestion de projet dans le but de les aider à être plus concentrées.
Défis de gestion des émotions : Pour certaines personnes, encore plus chez les neurodivergents, il peut s’avérer très difficile de gérer ses émotions dans des situations stressantes. Le tout peut évidemment avoir un impact sur la capacité d’une personne à communiquer clairement avec les autres au travail. Par exemple, les personnes autistes peuvent avoir plus de mal que la plupart à exprimer leurs sentiments ou émotions personnels, ou elles peuvent être incapables d’interpréter les émotions des autres. De même, les personnes souffrant de troubles de l’humeur éprouvent parfois des émotions intenses qui peuvent avoir un impact sur leur performance au travail ou leurs relations avec leurs collègues.
Dans le but d’aider la gestion des émotions, vous pouvez proposer différentes options que ce soit l’horaire de travail flexible (par exemple, lorsque je sais que mes émotions vont déborder, je dois pouvoir quitter le lieu de travail et finir la journée chez moi), des services en santé mentale ou encore une formation sur les stratégies de gestion des émotions (qui sera utile, selon moi, autant pour les neurodivergents que les neurotypiques).
Défis de traitement de l’information : Finalement, certaines personnes neurodivergentes peuvent également éprouver des surcharges cognitives ou des défis de traitement de l’information, ce qui aura également un impact sur leur capacité à communiquer efficacement avec les autres. Une personne atteinte de TDAH peut avoir du mal à filtrer les distractions ou à gérer plusieurs sources d’informations à la fois, ce qui aurait un impact sur sa capacité à assister et à traiter la communication verbale ou écrite.
Pour mieux aider ces personnes, vous pouvez travailler à mieux décomposer les informations complexes en éléments plus petits ainsi qu’en fournissant des espaces de travail calmes où il peut être plus facile de se concentrer.
S’adapter pour gagner !
En adoptant la neurodiversité, en mettant en œuvre des stratégies de communication inclusives et en gardant un esprit ouvert et accommodant sur l’inclusion, vous bénéficierez aussi d’opportunités incroyables pour exploiter les perspectives et les talents uniques des neurodivergents.