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Air Canada acquiert Transat pour 520 millions $

La Presse Canadienne|Publié le 27 juin 2019

Air Canada acquiert Transat pour 520 millions $

(Photo: 123RF)

Après 30 jours de négociations exclusives, Transat A.T. a accepté l’offre d’Air Canada évaluée à 520 millions $, mais la transaction pourrait avoir du plomb dans l’aile puisque d’importants actionnaires ont déjà signalé leur opposition.

Le plus important transporteur aérien au pays allongera 13 $ pour chaque action du voyagiste québécois, ont annoncé les deux entreprises, jeudi, révélant au passage que l’approche d’Air Canada en vue d’un regroupement était survenue à l’automne 2018.

Air Canada a dit vouloir maintenir les marques Transat et Air Transat parallèlement à celles d’Air Canada, Air Canada Rouge et Vacances Air Canada. Le siège social du voyagiste québécois devrait également être conservé à Montréal, où se trouve également celui d’Air Canada.

Jeudi avant-midi les dirigeants des deux entreprises n’étaient pas disponibles pour accorder des entrevues.

« Cette transaction entièrement financée, réglée en espèces, constitue l’occasion idéale de développer la présence et les emplois de Transat à Montréal et, par conséquent, la meilleure option pour toutes nos parties prenantes », a fait valoir le président et chef de la direction de Transat A.T., Jean-Marc Eustache, par voie de communiqué.

Le conseil d’administration du voyagiste a accepté l’offre d’Air Canada alors que le promoteur immobilier Groupe Mach avait déposé, cette semaine, une proposition amendée en offrant 14 $ pour chaque action du voyagiste.

La transaction, dont la clôture est prévue au début de 2020, devra être approuvée par au moins les deux tiers des actionnaires de Transat A.T.

Toutefois, Letko, Brosseau et associés, plus important actionnaire du voyagiste, et Penderfund Capital Management, qui détiennent conjointement environ 21,1 pour cent des actions en circulation, ont déjà signalé leur opposition au prix de 13 $ par action offert par Air Canada. Il n’avait pas été possible de rejoindre ces deux firmes, jeudi avant-midi.

De leur côté, le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détiennent respectivement des participations de 11,56 pour cent et de 5,83 pour cent, n’avaient pas encore commenté, jeudi.

Ensemble, Air Canada et Transat A.T. contrôleraient près 60 pour cent de la capacité des vols sur le marché transatlantique depuis le Canada, ce qui pourrait faire l’objet d’une étude minutieuse de la part du Bureau de la concurrence.

Les dirigeants d’Air Canada et de Transat A.T. ont toutefois tenté de minimiser ces craintes.

« Les voyageurs pourront profiter des moyens accrus dont disposeront les deux sociétés regroupées sur le marché hautement concurrentiel du voyage d’agrément à l’échelle mondiale, de l’accès à de nouvelles destinations, de plus de correspondances ainsi que de vols plus fréquents », a indiqué le président et chef de la direction d’Air Canada, Calin Rovinescu, dans un communiqué.

M. Eustache a affirmé que « davantage de choix et de possibilités » allaient s’offrir aux voyageurs.

Le virage de Transat A.T. vers une nouvelle flotte entièrement composée d’appareils Airbus devrait également donner un coup de main à la plus grande compagnie aérienne au pays. Les deux douzaines d’appareils 737 Max 8 d’Air Canada, qui sont cloués au sol, à l’instar des autres 737 Max dans le monde à la suite de deux écrasements ayant coûté la vie à 346 personnes, constituent environ 20 pour cent de sa flotte d’appareils à fuselage étroit.

De plus, les analystes estiment que le contexte d’affaires est de plus en plus difficile pour Transat A.T., qui doit rivaliser avec les alliances entre les grandes compagnies aériennes permettant à celles-ci d’offrir aux consommateurs plus de vols et d’utiliser leurs avions plus efficacement.

« Intégrer le giron d’Air Canada pourrait résoudre ces problèmes et nous considérons donc son offre comme la meilleure option pour la viabilité à long terme de Transat », avait souligné l’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans une note envoyée plus tôt ce mois-ci.

Si Transat A.T. devait décider d’accepter une offre concurrente, une indemnité de 15 millions $ devrait être versée à Air Canada. À l’inverse, si la transaction ne va pas de l’avant, par exemple en l’absence du feu vert des autorités réglementaires, Air Canada devra payer une indemnité de rupture pouvant atteindre 40 millions $.

À la Bourse de Toronto, jeudi après-midi, le titre de Transat A.T. se négociait à 13,35 $, en baisse de 84 cents, ou 5,92 %. L’action d’Air Canada cotait à 40,55 $, en hausse de 1,19 $, ou 3,02 %.

Chronologie du processus de vente de Transat A.T.

30 avril : avant la tenue de son assemblée annuelle des actionnaires, l’entreprise annonce discuter avec plusieurs joueurs dans le cadre d’un processus qui pourrait mener à sa vente.

16 mai : Air Canada et Transat A.T. annoncent la signature d’une entente d’exclusivité pouvant mener à une transaction. Air Canada offre 13 $ pour chaque action de Transat A.T., ce qui représente environ 520 millions $.

4 juin : un nouveau joueur s’invite alors que Groupe Mach propose d’offrir 14 $ pour chaque action du voyagiste. Le groupe immobilier demande une aide de 120 millions $ au gouvernement Legault.

14 juin : Groupe Mach confirme le dépôt d’une proposition formelle au conseil d’administration de Transat A.T. même si le voyagiste doit continuer à négocier exclusivement avec Air Canada.

25 juin : une offre amendée est transmise par Groupe March, qui renonce notamment à sa demande d’une aide financière de la part de Québec.

26 juin : dernière journée de la fenêtre de 30 jours où Air Canada et Transat A.T. négociaient de façon exclusive.

27 juin : le conseil d’administration du voyagiste accepte l’offre d’Air Canada.