Près de quatre aînés sur cinq demeurent dans un logement traditionnel, que ce soit une maison, un condo, un appartement ou un logement subventionné. (Photo: 123RF)
MARCHÉ DES AÎNÉS. Depuis le début de la pandémie, les médias ont beaucoup parlé des aînés vivant en résidences privées ou en CHSLD, en raison des mesures sanitaires imposées dans ces milieux de vie. Cela peut donner l’impression qu’au Québec, la plupart des aînés vivent dans ces types de logements. Dans les faits, seulement 3 % des gens âgés de 65 ans et plus habitent en CHSLD et 18,4 % des 75 ans et plus vivent en résidence privée, selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.
Rester à la maison
Près de quatre aînés sur cinq demeurent donc dans un logement traditionnel, que ce soit une maison, un condo, un appartement ou un logement subventionné, et ce, malgré les petits ou les grands maux qui les affligent.
Selon des données de 2011 de l’Institut national de santé publique du Québec, 57 % des personnes âgées de 65 ans et plus sont en effet atteintes d’une incapacité liée à la mobilité, à l’agilité des mains ou à l’audition. Si elles veulent rester à domicile, celles-ci n’ont par conséquent d’autre choix que d’adapter leur lieu de vie. C’est l’exercice auquel s’est pliée Clémence, 73 ans, lorsque son conjoint de 83 ans a été victime d’un arrêt cardiovasculaire. Le couple, qui habite dans leur bungalow de Québec depuis 25 ans, ne se voyait pas déménager.
«Au début, mon conjoint pouvait marcher sans canne, alors on n’a pas eu de gros changements à faire : on a installé une rampe dans l’escalier et on a posé une toilette surélevée», explique Clémence. Trois ans plus tard, les déplacements de son conjoint étaient devenus plus difficiles. Elle a donc fait remplacer la rampe par une chaise d’escalier motorisée et fait poser une rampe extérieure.
Lorsque la pandémie a frappé, le couple était très heureux de vivre dans leur bungalow. «On aime notre quartier et on n’a pas eu à subir les mesures strictes de certaines résidences. Puis, on a pu voir notre fils et sa conjointe dans la cour arrière, en maintenant la distanciation physique.»
Par où commencer ?
Pour connaître les modifications pertinentes à apporter à leur domicile, les aînés doivent se tourner vers un professionnel de la santé – un ergothérapeute ou un physiothérapeute – afin d’obtenir une évaluation de leurs besoins.
Sarah Morin, thérapeute en physiothérapie et fondatrice de la clinique Physiothérapie S.Mobile, offre un service de «portrait fonctionnel». «On visite le domicile de la personne et on regarde tout ce qui peut être fait pour augmenter sa sécurité et son autonomie», résume-t-elle.
Ce genre d’évaluation est plus nécessaire que jamais, croit la thérapeute. «Avant, les personnes âgées étaient placées en centre d’hébergement au premier signe de perte d’autonomie, et on voyait peu d’équipements adaptés à domicile. Aujourd’hui, les aînés veulent vieillir à la maison. Il y a donc un travail à faire pour adapter leurs lieux de vie, sans que ça ressemble à un hôpital.»
Parfois, les adaptations requises relèvent du détail : on abaisse la hauteur d’un lit ou on ajoute des barres fixes aux murs. À d’autres moments, on doit apporter des changements structurels à la maison. Il est alors préférable de recourir au service d’un entrepreneur général spécialisé dans ce genre de projet de rénovation.
Lorsqu’une personne se déplace en fauteuil roulant, les modifications à apporter à son logement peuvent être plus importantes et coûteuses. «Un tel projet peut facilement atteindre les 100 000 $», estime Alexandre Morel Breton, président de Gestion Construction Rive-Nord, qui se spécialise depuis cinq ans dans l’adaptation de domiciles pour des personnes à mobilité réduite.
Les travaux commencent à l’extérieur, par la pose d’une rampe ou d’un monte-charge. Ils se poursuivent à l’intérieur par l’élargissement des cadres de porte, la reconfiguration de la tuyauterie et des comptoirs. «Je reçois peu de commandes de ce genre de la part d’aînés, note cependant l’entrepreneur. Ce sont surtout de jeunes familles qui décident d’adapter les lieux pour un enfant handicapé.»
Parmi les raisons qui pourraient expliquer cette situation, Alexandre Morel Breton souligne que la subvention du Programme d’adaptation de domicile – limitée à 16 000 $ et renouvelable aux cinq ans – est habituellement insuffisante pour couvrir l’entièreté des rénovations. Aussi, des travaux structurels peuvent affecter la valeur de la maison. «Quand on décide d’adapter une maison, on doit envisager d’y rester un certain temps, car elle ne sera pas nécessairement revendable au même prix. Il faudrait trouver une personne qui a les mêmes besoins», fait-il remarquer.