Il y a une dizaine de jours, Amazon Canada a fait une tournée des médias québécois pour présenter sa nouvelle gamme d’enceintes connectées Echo. Leur principale nouveauté : elles peuvent enfin converser en français. Ou, devrait-on plutôt dire, en québécois, avec un niveau de langue pas si soutenu que ça.
En d’autres mots, Alexa parle le franglais. Pour y arriver, Amazon a refilé plusieurs centaines de ses appareils à des ménages d’un peu partout dans la province, afin de les écouter parler la langue de Molière à leur façon. Non seulement est-ce qu’on peut donc tout à fait naturellement aller «checker la météo», mais Alexa elle-même a un ton un peu plus nasillard, un peu plus paresseux sur certaines voyelles que sa contrepartie anglophone, ou même française-de-France.
Car évidemment, Français, Québécois et autres Canadiens français ne parleront pas de leur «parking» de la même façon…
Bref, à ce niveau, chapeau à Amazon pour avoir rattrapé les rivales que sont Siri et l’Assistante Google, qui conversent toutes deux en français depuis un petit bout, déjà. Présentes sur les téléphones intelligents d’Apple et des nombreux fabricants de mobiles Android, ces deux-là ont plus facilement réussi à s’approcher des utilisateurs québécois de commandes vocales.
On se demande d’ailleurs si les interfaces pour l’auto CarPlay et Android Auto ne jouent pas un rôle important dans cette interaction vocale, qui peut être moins fréquente dans d’autres contextes… Amazon a présenté un adaptateur pour la voiture en début d’année, mais il n’a pas encore traversé la frontière canado-américaine.
Echo Plus et Echo Sub, un duo gagnant
Au menu des nouveautés d’Amazon, donc : cinq appareils Echo, dont un Echo Input, qui fait office de micro à commandes physiques minimales qu’on relie à une enceinte non connectée pour lui donner vie. L’Echo Dot, de la taille d’une grosse rondelle de hockey, ajoute un haut-parleur qui sert surtout à interagir avec l’utilisateur, dans un contexte de maison connectée.
Côté sonore et musical, les deux nouveautés les plus attrayantes sont les Echo et Echo Plus, auxquelles on peut jumeler un Echo Sub, un gros caisson de graves qui doit être obligatoirement jumelé avec un ou l’autre de ces deux autre Echo pour fonctionner. Aucune commande vocale pour celui-là, il ne fait que suivre le rythme (musical) des deux autres.
Son paramétrage de départ n’est pas des plus simples, car certains réglages sont pour ainsi dire difficiles à trouver (l’égalisateur sonore s’appelle «commandes audio», allez savoir pourquoi), mais une fois créée une paire musicale, la magie opère.
Notez qu’on peut aussi jumeler deux Echo ou deux Echo Plus pour créer une paire stéréo, à la manière du Sonos One et du HomePod d’Apple, mais de façon beaucoup plus économique.
En fait, c’est surtout là l’attrait de ces produits connectés : non seulement est-ce qu’Amazon a été la première grande techno à investir le marché de la commande vocale pour appareils domestiques connectés, elle a aussi flairé très tôt l’engouement que pourrait susciter l’achat d’ampoules WiFi et d’autres gadgets pour la maison envers une enceinte comme son Echo.
Résultat : Alexa est l’interface vocale la plus polyvalente en matière de compatibilité avec tous ces bidules à commande WiFi… en anglais, du moins. Les développeurs doivent transposer leurs listes de commandes vers le français pour qu’on puisse demande à Alexa de les commander sans passer à la langue de Shakespeare.
La liste est donc incomplète, mais tout de même comparable à celle d’un Google Home, par exemple. Apple traîne toujours la patte dans ce créneau.
Là où Apple se tire un peu mieux d’affaire, c’est du côté de la musique, le service Apple Music étant mieux intégré et plus naturel à utiliser sur un HomePod que le service Amazon Music des Echo. Ceux-ci peuvent toutefois aller chercher la musique sur Spotify, ce qui crée une excellente combinaison musicale.
À noter qu’Amazon intègre un peu plus de stations de radios web que les deux autres, aussi. Non seulement à travers les applications spécialisées comme TuneIn ou iHeart Radio, mais de façon native, également (allez essayer Radio Paradise, pour voir).
Qui est à l’écoute?
Chez Amazon, on explique que ces enceintes ne transmettent des données vocales vers les serveurs d’Amazon qu’une fois le mot-clé entendu («Alexa», qui peut être personnalisé). Mais ça n’empêche pas les erreurs, si on se fie au passé récent, tandis que des propriétaires d’une Echo ont pu entendre des conversations provenant d’autres enceintes connectées installées dans d’autres foyers, fruit d’une erreur chez Amazon.
Utiliser une enceinte connectée dans la pièce où vous tenez vos réunions secrètes n’est probablement pas la chose la plus avisée à faire. Au moins, les Echo ont un bouton pour désactiver physiquement leur micro. Amazon assure aussi que les infos transmises ne sont utilisées que pour améliorer Alexa, et non pour bâtir un historique web qui pourrait servir à de la pub ciblée, sur le web ou sur son site d’achat en ligne.
Naturellement, ce que vous achetez sur Amazon via Alexa, ça, c’est pris en note.
Évidemment, Amazon espère que vous achèterez des produits via votre Echo, et que vous l’utiliserez conjointement avec son service Amazon Prime, qui gagne rapidement en popularité aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Car c’est la raison pour laquelle Amazon peut détailler ses enceintes à un prix loin sous celui d’appareils rivaux (129$ pour un Echo, contre 179$ pour un Google Home) : ces appareils servent à distribuer les services du géant de Seattle, plutôt que l’inverse.
La formule pourrait en attirer plus d’un. Les Echo sont des enceintes à la fois élégantes et fort polyvalentes. La barrière de la langue était le principal frein à leur adoption au Québec, et voilà qui est réglé.
Quant aux enjeux liés à la vie privée, on attend toujours un cadre légal entourant ces nouvelles interfaces, car il semble que ce soit le meilleur moyen d’éviter les dérapages…
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