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Après une remontée, peut-on maintenant croire en Bombardier?

Jean Gagnon|Édition de la mi‑Décembre 2022

Après une remontée, peut-on maintenant croire en Bombardier?

(Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Six mois de succès, c’est un peu court dans la vie d’une entreprise, mais les résultats des deux derniers trimestres du constructeur québécois d’avions d’affaires ont certainement surpris bien des observateurs qui semblaient plutôt sceptiques l’été dernier lorsque l’entreprise consolidait ses actions (reverse split) à raison de 25 pour 1. Cette initiative de Bombardier (BBD.B, 51,35 $), qui allait permettre au titre d’éviter de devenir un titre à moins de 1 $ (penny stock) et de regagner une certaine respectabilité auprès des investisseurs, comportait toutefois un risque important, car l’histoire regorge de cas où le recours à cette tactique a été un échec.

Cependant, après un recul inquiétant en juin à la suite de la consolidation des actions, le cours de l’action a été propulsé vers le haut, passant de 18 $à plus de 50 $entre le 10 juillet et le 1er décembre.

Ce rebond impressionnant a certainement été soutenu par la publication de résultats pour les deux derniers trimestres qui ont excédé les attentes des analystes. À cela, il faut ajouter le ton et les commentaires très positifs de la direction lors de la divulgation des résultats du troisième trimestre au début du mois de novembre, note Benoit Poirier, analyste chez Desjardins.

Les chiffres indiquent que Bombardier conti-nue de rembourser sa dette et que la direction entend poursuivre en ce sens au cours des prochains trimestres, ce qui devrait lui permettre d’améliorer sa cote de crédit. Ce fait n’est certainement pas anodin, car il permettrait d’atti-rer les investisseurs institutionnels qui avaient déserté le titre en grand nombre depuis plusieurs années après de nombreux efforts de restructuration qui avaient été des échecs les uns après les autres.

En grande partie, les actions de Bombardier se négocient aujourd’hui entre investisseurs individuels.

À ce compte, la société d’évaluation Moody’s indique qu’un ratio d’endettement brut inférieur à six fois les revenus jumelé à des flux de trésorerie libres soutenables permettrait une amélioration de la cote de crédit de Bombardier. L’analyste de Desjardins estime que cet objectif pourrait être atteint au premier trimestre 2023.

 

Fin de cycle

Un gestionnaire de portefeuille d’une institution montréalaise qui préfère garder l’anonymat suggère que le secteur des avions d’affaires en est un qui génère généralement de bons rendements lorsqu’on approche la fin d’un cycle économique, comme ce serait le cas actuellement.

De plus, des entreprises du secteur des avions d’affaires aux ÉtatsUnis, soit Flexjet et FlyExclusive, ont récemment annoncé leur intention d’entrer en Bourse par le biais de fusions avec des sociétés d’acquisition à vocation spécifique (SPAC). C’est de bon augure pour Bombardier, car cela suggère qu’elle pourrait elle aussi profiter d’une hausse de ses multiples d’évaluation.

Une enquête encourageante

Une enquête récente commandée par Airbus Corporate Jets, une filiale d’Airbus, auprès d’une centaine de dirigeants de sociétés faisant partie pour plusieurs de l’indice S&P 500, révèle que 79 % des répondants croient qu’une combinaison de l’utilisation de carburant d’aviation durable et des améliorations continues aux avions d’affaires se traduira par une hausse des ventes de ces appareils, rapporte Benoit Poirier. L’enquête révèle de plus que 43 % des répondants qui ne possèdent pas encore un jet d’affaires prévoient en acheter un au cours des prochaines années compte tenu de l’accent qui est mis sur le développement durable des appareils.

Cela augure bien pour Bombardier, selon l’analyste de Desjardins, l’entreprise venant d’annoncer une entente avec Signature Aviation pour l’achat de carburant d’aviation durable qui couvrira toutes ses opérations de vol à compter de janvier 2023. Les avancements technologiques du carburant d’aviation durable en matière de réduction de l’empreinte carbone améliorent l’acceptabilité des avions d’affaires par les dirigeants des grandes entreprises, estime Benoit Poirier.

 

Un renversement important

Le graphique des variations du titre de Bombardier montre certainement un comportement fort prometteur, constate Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles. Le cours de l’action a franchi aisément une résistance qui se situait à 35 $, pour s’envoler rapidement jusqu’à 50 $. Ce faisant, le titre se retrouve au-dessus de ses moyennes mobiles de 10 semaines (ligne noire) et de 40 semaines (ligne grise) qui, par surcroît, se sont croisées à la mi-octobre, confirmant ainsi un renversement de tendance.

Le titre devrait se heurter à une prochaine résistance au niveau de 55 $à 56 $. Sa capacité de franchir ce niveau permettra de conclure si une nouvelle tendance haussière est bel et bien en place, souligne Monica Rizk.