Armés pour investir: la recette de Ryan Fitzgerald
Dominique Beauchamp|Édition de la mi‑février 2019N.D.L.R. Dans un marché turbulent et plein d’incertitudes, les fonds ayant une encaisse élevée sont particulièrement bien placés pour acheter des aubaines. Morningstar Canada a recensé pour nous huit fonds d’actions canadiennes dont le trésor de guerre dépasse 14 % du portefeuille. Quatre de leurs gestionnaires ont accepté de partager leurs motivations et leur stratégie.
La démarche prudente et le penchant valeur des fonds Harbour font en sorte que l’encaisse est souvent supérieure à celle des autres fonds de même catégorie.
Malgré tout, Ryan Fitzgerald reconnaît que la proportion de 33 % en liquidités est anormalement élevée.
« Au fil de 2018, nous avons encaissé des gains dans plusieurs placements de longue date tels que Dow DuPont et certaines grandes banques américaines. Les cours étaient élevés au moment où la conjoncture mondiale se gâtait », raconte le gestionnaire.
Par ailleurs, il devenait de plus en plus difficile de trouver des placements de haute qualité à prix raisonnable.
« À notre avis, ce n’était qu’une question de temps avant que les grandes multinationales, incluant les titans de la techno, ressentent la détérioration des économies étrangères », renchérit-il. L’encaisse s’est donc gonflée naturellement.
Bien que 2019 débute en lion, M. Fitzgerald n’est pas pressé de courir les aubaines. « Nous préférons acheter les titres de qualité sous-évalués petit à petit, quitte à manquer le premier rebond. Nous accumulons des positions lorsque les facteurs fondamentaux de l’industrie ou de la société confirment notre thèse originale », dit-il.
La démarche consiste donc à échelonner les achats par blocs d’un tiers, précise M. Fitzgerald.
Par exemple, au cours des derniers mois de 2018, le fonds a ajouté au placement dans Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 71,09 $), dont l’action est redevenue attrayante au moment où sa performance d’exploitation s’améliore.
Le producteur d’énergie renouvelable Boralex (BLX, 18,71 $) est un autre exemple d’achat progressif. Le titre a chuté de 28 % en 2018 en dépit du fait que la baisse des taux soit habituellement favorable aux titres à revenu.
« Des résultats financiers inégaux et un bilan alourdi ont fait fuir certains investisseurs, mais la société dépend bien peu de l’économie puisque ses revenus sont contractuels. Son accès au crédit est donc intact », juge-t-il.
Le contexte actuel milite pour une démarche graduelle, car il est trop tôt pour dire si l’économie ralentira ou tombera en récession.
« Si les titres les plus cycliques intègrent déjà ce risque, ce n’est pas le cas pour la majorité des actions », croit le financier de Toronto.
Il offre en exemple Caterpillar (CAT, 131,35 $US) pour illustrer le piège qui guette les investisseurs. Son titre a l’air peu cher au sommet du cycle économique, car ses profits sont alors à leur sommet.
Or, ce genre de titre peut facilement chuter de 25 % à 30 % par la suite, même lorsque ses profits continuent de bien performer.
En un mot, les estimations de bénéfices n’ont pas fini d’être revues à la baisse.
« Nous sommes à l’aise de rester sur la touche pendant cet ajustement. Notre encaisse diminuera au fil des occasions. Ça pourrait prendre plusieurs trimestres », dit-il.
HUIT FONDS D’ACTIONS ARMÉS POUR SAISIR DES OCCASIONS