Si vous évitez la phase de débat, vous risquez de prendre de mauvaises décisions et de ne pas disposer des éléments nécessaires pour convaincre toutes les parties impactées par vos choix. (Photo: 123RF)
EXPERT INVTÉ. Dernièrement, j’ai écrit un blogue sur l’importance de l’écoute dans la communication et le fait de «se la fermer un peu». En effet, trop souvent, les gens passent un temps fou à parler plutôt qu’à écouter, et par conséquent, ils n’apprennent pas grand-chose.
Aujourd’hui, j’aimerais aborder l’importance de créer des débats autour des idées. Tous ceux qui me connaissent, notamment mon équipe de direction, savent à quel point j’aime susciter des débats. Par exemple, je deviens très préoccupé lorsque nous sommes tous alignés dès le départ. Cela crée en un certain inconfort, même si je sais qu’une majorité de personnes recherchent cet alignement à tout prix.
Malheureusement, je ne sais pas si c’est une conséquence des vieilles disputes familiales concernant les Nordiques et le Canadien, ou des divergences entre les souverainistes et fédéralistes, mais j’ai l’impression qu’au Québec, nous n’avons pas une véritable culture du débat, et qu’on l’associe souvent à la confrontation plutôt qu’à la recherche d’amélioration et de nouvelles idées.
Selon moi, si vous évitez la phase de débat, vous risquez de prendre de mauvaises décisions et de ne pas disposer des éléments nécessaires pour convaincre toutes les parties impactées par vos choix.
Attention : en tant que leaders, vous n’êtes pas obligés de participer à tous les débats — en réalité, vous ne devriez même pas le faire. Mais vous devez vous assurer qu’ils ont lieu et qu’une culture du débat existe au sein de votre équipe.
Voici quelques astuces pour y parvenir.
- Créez une obligation de dissidence
Comme je l’ai mentionné précédemment, j’ai l’impression que si le débat (ou la rétroaction) ne devient pas une obligation, les gens chercheront à l’éviter autant que possible : ce qui est vraiment dommage. Vous devez donc, selon moi, créer une «obligation de dissidence» au sein de votre organisation. Si tout le monde est d’accord autour de la table, cela doit déclencher une alerte pour vous.
Lorsque cela se produit chez Connect&GO, je demande généralement à une personne de prendre un point de vue dissident, ou je joue moi-même ce rôle pour susciter une discussion. Ainsi, un débat se crée automatiquement autour de l’idée et amène à explorer des perspectives différentes.
- Maintenez le débat axé sur les idées, pas sur les égos
Lorsqu’il s’agit de créer une culture du débat, il est crucial de se concentrer sur les idées plutôt que sur les égos. Vous devez absolument vous assurer que les égos individuels et les intérêts personnels ne font pas obstacle à votre volonté d’obtenir la meilleure idée possible.
En général, cela signifie intervenir lorsque vous commencez à sentir que les gens pensent : «Je vais gagner cet argument» ou «Mon idée contre une autre idée» ou encore «Ma recommandation contre une autre recommandation». Nous ne sommes pas ici dans une compétition de débat oratoire ou une élection présidentielle. Rappelez aux gens quel est l’objectif : parvenir à la meilleure idée en équipe et les ramener à se concentrer sur les faits plutôt que sur les perceptions !
De plus, malheureusement, dans de nombreux débats, l’opinion de la personne la mieux payée a tendance à avoir le plus de poids. Vous devez en être conscient et travailler à contrer cet effet si vous souhaitez réellement obtenir les meilleures idées lors d’un débat. Par exemple, si je suis dans la salle lors d’une discussion, j’évite d’étouffer le débat en exprimant mon opinion en dernier.
Finalement, une autre façon d’aider les gens à rechercher la meilleure réponse plutôt que de chercher la validation de l’égo est de les faire changer de rôle. Par exemple, si une personne a plaidé en faveur de A, demandez-lui de commencer à plaider pour B. Si un débat risque de durer un certain temps, prévenez les gens que vous leur demanderez d’inverser les rôles.
Ayant expérimenté cela à plusieurs reprises, je peux dire que cela peut être un peu malaisant au début, mais les résultats sont assez surprenants ! De plus, lorsque les gens savent qu’on leur demandera de défendre le point de vue d’une autre personne, ils écoutent naturellement plus attentivement.
- Utilisez l’humour et amusez-vous
Chez Connect&GO, l’une de nos valeurs est «avoir du plaisir dans tout», et cela s’applique également aux débats. Lorsque vous lancez un processus de débat, l’état d’esprit avec lequel il commence peut déterminer comment cela se déroulera. Il est donc important que le début du débat se fasse de manière décontractée. Par exemple, l’humour est un excellent moyen de détendre l’atmosphère et de rendre le débat moins «sérieux et pesant».
Il est également important de comprendre que tout le monde n’aime pas débattre. Certaines personnes trouvent l’acte même du débat agressif et dérangeant. Ce qui peut représenter pour vous une opportunité de pousser mutuellement une idée, d’affiner et de développer de nouvelles idées peut être perçu par l’autre comme un exercice de surenchère.
Dans ce contexte, il est plus qu’important de fournir une explication claire à l’avance sur le but du débat et de créer un espace positif dans lequel il peut avoir lieu !
- Soyez clairs sur la fin du débat
L’une des raisons pour lesquelles les gens trouvent les débats stressants ou non pertinents est que trop souvent, la moitié de la salle attend une décision à la fin de la réunion tandis que l’autre moitié souhaite continuer à débattre lors d’une prochaine réunion.
Une façon d’éviter cette tension est de séparer les réunions de débat des réunions de décision. Une autre façon d’apaiser l’anxiété des personnes qui veulent savoir quand la décision sera prise est d’avoir une date fixe associée à chaque point débattu.
Ainsi, au moins, ils sauront quand le débat se terminera et quand la décision sera prise. De plus, je recommanderais de mettre en place une réunion mensuelle de «grand débat» qui permettra d’identifier le débat le plus important et de déterminer qui doit y participer.
- Ne prenez pas de décision, car le débat est trop difficile!
Il est tentant de mettre fin aux débats et de prendre une décision trop tôt lorsque le débat devient trop douloureux. Vous pouvez aborder un sujet qui suscite une grande controverse.
Dans de tels moments, les gens ont souvent tendance à se tourner vers le PDG pour mettre fin à l’exercice et prendre une décision. Malheureusement, beaucoup opteront pour une décision rapide. Cependant, le véritable travail d’un PDG est de maintenir le débat plutôt que de le résoudre par une décision précipitée.
Il est temps de débattre davantage.
La création d’une culture du débat au sein de l’entreprise est essentielle pour stimuler l’innovation et trouver les meilleures idées. En encourageant le dialogue, en valorisant les opinions divergentes et en favorisant la résolution créative des problèmes, les entreprises peuvent libérer le potentiel créatif de leurs employés. Une telle culture favorise l’innovation et renforce la compétitivité, ce qui est crucial. Alors, créons un environnement où le débat est encouragé et où les meilleures idées peuvent éclore.
Qui veux en débattre avec moi?
