Le président américain Joe Biden veut que les démocraties se mobilisent pour contrebalancer la montée en puissance des régimes autoritaires. (Photo: Getty Images)
ANALYSE. Depuis qu’il est au pouvoir, le président Joe Biden a multiplié les initiatives pour relancer l’économie américaine et restaurer le leadership des États-Unis dans le monde. Un fil conducteur commence à fédérer ses actions: une doctrine au cœur de laquelle les démocraties doivent résister aux autocraties en misant sur l’économie, l’innovation technologique et une politique étrangère axée sur les classes moyennes.
Le magazine américain Foreign Affairs a récemment publié une analyse à ce sujet, «The Emerging Biden Doctrine», dans lequel il décortique cette doctrine qui a le potentiel d’accélérer l’innovation technologique et de stimuler le commerce international.
Aussi, l’émergence de cette doctrine est importante pour les entreprises et les investisseurs canadiens, car elle créera des occasions d’affaires et d’investissement aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Trois menaces pour les démocraties
La doctrine Biden s’appuie sur le fait que les démocraties font face à trois «menaces» qui sont interreliées.
Menace #1 – Elles sont menacées par des puissances autoritaires, à commencer par la Chine et la Russie, qui veulent remplacer l’ordre international libéral par un système compatible avec leurs pratiques domestiques «illibérales».
Menace #2 – Les démocraties sont menacées par le discours des régimes autoritaires — savamment utilisé en Chine, par exemple — selon lequel les démocraties sont inefficaces pour gérer les crises internationales comme la pandémie de COVID-19.
Menace #3 – Les pays démocratiques sont menacés eux-mêmes à l’interne, avec l’élection par exemple d’un président «illibéral» aux États-Unis en 2016, Donald Trump, dont les politiques ont affaibli les institutions américaines.
Selon Foreign Affairs, ces trois défis ou tendances rendent les États-Unis et leurs alliés vulnérables à la «prédation autocratique».
Le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine lors de leur sommet en Suisse, en juin. (Photo: Getty Images)
Les réponses de la doctrine Biden
C’est la raison pour laquelle Washington propose de renforcer la puissance et la cohésion des démocraties, et ce, en investissant dans leur propre compétitivité et en démontrant qu’elles peuvent mieux répondre aux besoins de leurs citoyens que les autocraties.
L’objectif est entre autres d’enrôler l’Europe contre la Chine sur le plan économique.
Par exemple, les États-Unis sont en train de régler le litige commercial avec l’Union européenne sur l’appui des gouvernements à Boeing et à Airbus, de même que celui sur les tarifs visant les exportations européennes d’aluminium et d’acier sur le marché américain.
Lors du sommet du G7 au Royaume-Uni en juin, le président Biden a même proposé à ses homologues européens de lancer une contre-offensive occidentale afin de concurrencer les nouvelles routes de la soie de la Chine.
Ce plan, baptisé Build Back Better World (B3W ou Reconstruire le monde en mieux, en français), vise à démontrer à de nombreux pays émergents qu’il existe une alternative au modèle chinois de développement, rapporte le quotidien français Le Figaro.
Ce plan prévoit investir des centaines de milliards de dollars américains —de concert avec le secteur privé— dans des projets liés à la lutte aux changements climatiques, à la santé, à la transformation numérique ou pour contrer les inégalités.
La doctrine Biden cherche aussi à ce que les démocraties s’impliquent davantage dans la lutte à la COVID-19, notamment avec la distribution de 2 milliards de doses de vaccins dans les pays en voie de développement qui pâtissent encore de la pandémie.
Partenariat mondial sur le plan technologie
Sur le plan technologique, les États-Unis travaillent avec d’autres pays pour que les démocraties ne se laissent pas déclasser par les régimes autoritaires, au premier chef la Chine.
Les Américains collaborent avec la Corée du Sud sur les semi-conducteurs ainsi que sur la 5G et la 6G, avec l’Union européenne sur l’alignement de la technologie et de la politique commerciale, et avec le Japon afin de s’assurer qu’internet demeure un réseau mondial ouvert.
Washington collabore aussi avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) afin de lutter contre les cyberattaques et la désinformation.
Aux États-Unis même, le gouvernement veut aussi accroître les investissements dans la R-D scientifique et numérique, sans parler des infrastructures intelligentes. L’idée est d’améliorer la compétitivité de l’économie américaine dans le monde.
Enfin, sur le plan fiscal, la proposition de l’administration Biden de fixer un taux d’imposition mondial minimal de 15% sur les sociétés —accepté par les pays du G7 en juin— s’inscrit dans une politique pour aider les gouvernements à investir davantage dans leurs citoyens, notamment par le biais de meilleurs programmes sociaux.