(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. L’ère numérique du secteur minier est à nos portes. Il n’aura fallu que quelques décennies pour que l’enchaînement des innovations majeures – ordinateur, Internet, intelligence artificielle, robotique – vienne s’immiscer dans la vie des individus et des organisations. Par ses multiples variations et applications, le numérique composera l’ADN des sociétés minières prospères de demain.
Dans ce contexte, les emplois changent… et vite! De nombreuses fonctions disparaissent, d’autres se créent et d’autres s’adaptent.
Chaque année, on estime que dans presque toutes les organisations, 5 % à 10 % des postes sont totalement transformés, ce qui occasionne un important déficit de compétences. Dès lors, l’écart entre les habiletés des employés et les aptitudes requises pour les postes constitue l’un des enjeux les plus sérieux de l’ère numérique.
Les sociétés minières canadiennes n’y échappent pas. Le numérique les force à revoir leurs scénarios de croissance en évaluant leurs processus et leurs façons de faire, au risque de devoir faire face, tôt ou tard, à d’importantes perturbations qui menaceront leur compétitivité.
En somme, l’ère numérique amène les entreprises à connaître et à apprivoiser les plus récents outils technologiques à leur disposition si elles veulent être en mesure de se distinguer.
Plusieurs minières emboîtent le pas.
Elles investissent dans l’automatisation, l’intelligence artificielle, la modélisation 3D et la numérisation des données historiques. Grâce au traitement massif des données, on peut désormais recourir à la visualisation immersive du cycle de vie d’une mine avant même le début de la planification.
Les contrôles à distance, l’automatisation de plusieurs tâches répétitives ou risquées, la robotisation, partout où c’est possible, et le transport télécommandé figurent au palmarès des applications en cours d’utilisation ou en développement.
De grands acteurs du domaine technologique spécialisés dans la gestion des données, l’analyse prédictive, la numérisation et l’automatisation sont aussi engagés dans le développement minier.
Déjà ces acteurs occupent une place de plus en plus prépondérante au sein de certaines minières.
Régions 4.0
Dans ce contexte, du point de vue technologique, malgré leur éloignement géographique, plusieurs mines n’ont plus rien à envier aux employeurs urbains! Au contraire, elles sont en mesure de proposer aux travailleurs des technologies avancées et, du même coup, de s’assurer que leur main-d’œuvre peut effectuer des tâches à valeur ajoutée.
Dans une plus large perspective, la transformation numérique soulève d’importants enjeux de société. C’est un défi pour les particuliers, les entreprises, les gouvernements et les organisations de toutes tailles. Et tout le monde sait que le changement n’est pas bien loin.
Les données canadiennes démontrent que 53 % des travailleurs croient que la robotisation transformera leur emploi ou le rendra obsolète dans les dix prochaines années. Parmi ces travailleurs, 77 % aimeraient acquérir de nouvelles compétences ou procéder à un recyclage de leur expertise pour améliorer leur employabilité, et 35 % ont une forte volonté de s’y mettre.
Le moment paraît donc propice pour les entreprises canadiennes : c’est le temps ou jamais de passer au numérique et de s’assurer d’intégrer leur personnel dans cette démarche afin de leur permettre d’acquérir les compétences nécessaires pour en tirer le plein potentiel. Les dirigeants sont d’ailleurs optimistes au regard de leur « QI numérique », obtenant une note de 70,1 par rapport au score mondial de 68,2.
Trois secteurs d’intervention permettent de hausser un QI numérique : 1) un programme de recrutement et de formation d’une main-d’œuvre d’avenir, 2) la mise en route systématique de la transformation et 3) son application à tous les secteurs de l’organisation, sans exception.
La 22e enquête mondiale annuelle PwC auprès des chefs de direction démontre cependant que les dirigeants canadiens doivent agir rapidement s’ils veulent être prêts pour les défis d’avenir.
Le manque d’expertise retarde le virage numérique
À ce titre, plus du quart (27 %) affirme que le manque d’équipes compétentes est l’obstacle numéro 1 au succès des initiatives numériques. Par contre, ils n’investissent pas ou peu dans la mise à niveau des compétences de leurs propres employés.
Ils croient pouvoir recruter à l’extérieur ou espèrent que les nouveaux diplômés à la recherche d’un emploi viendront combler les lacunes. Or, toujours selon cette enquête, les dirigeants à l’échelle mondiale doivent mettre davantage l’accent sur la mise à niveau des compétences internes.
Les défis à venir pour le secteur minier sont grands. Le passage à la nouvelle année a également marqué le début des années 2020. Celles-ci seront assurément teintées par la nécessité des entreprises de se transformer, sans quoi elles ne réussiront pas à demeurer compétitives.
La nouvelle année inspirera-t-elle les minières à prendre des résolutions qui leur permettront de plonger à pieds joints dans l’ère numérique? Seul l’avenir nous le dira.
Sur ce, nous vous souhaitons un très bon début d’année et nous vous donnons rendez-vous dans quelques semaines pour vous faire part de nos perspectives 2020 sur la filière minière.