(Photo: 123RF)
Ça y est, les dés sont jetés. Notre sort est désormais entre les mains de la Commission parlementaire sur l’avenir des médias.
Il est de ces moments décisifs qui auront un impact pour les décennies à venir. Ces derniers temps, on a l’impression que ces moments se multiplient. La crise climatique qui plane à l’horizon, tel un ouragan menaçant et promettant de tout emporter sur son passage, n’y est sans doute pas étrangère.
Malgré quelques prises de conscience, les citoyens sont majoritairement insouciants. Après tout, ils n’ont jamais consommé autant de contenu. Il leur est donc difficile de comprendre qu’on sonne l’alerte sur d’éventuelles menaces à la démocratie ou sur la disparition d’une information de qualité. Tout cela semble au mieux lointain, au pire largement exagéré. Malheureusement, ce n’est ni l’un ni l’autre.
Écrasées par les pressions économiques, par des réglementations dépassées et par l’illusion numérique du tout-gratuit, les salles de rédaction doivent composer avec des effectifs de plus en plus réduits. Cela a des conséquences concrètes sur l’information qui en émane, comme la diminution des sujets couverts ou la disparition de journalistes ayant du métier.
Or, dans cet océan d’information qui menace de nous engloutir, les médias sont une bouée de sauvetage. Qu’elle soit locale, nationale ou spécialisée, la presse indépendante et de qualité n’est pas une commodité, mais bien une nécessité.
Imaginons pendant un instant un monde où la presse aurait disparu. À quoi ce monde ressemblerait -il ? On dirait le synopsis d’une dystopie, et pourtant… On a déjà assisté à la disparition d’industries entières, pourquoi pas celle-ci ? Espérons que le réveil n’aura pas lieu trop tard. Avant que le paysage médiatique soit complètement dévasté et que le terreau fertile de la communication mercantile et de la désinformation politique ait pris sa place.
Devant l’ampleur de l’enjeu, il est normal de se sentir démuni. Ou de penser que la responsabilité de régler la situation revient uniquement au gouvernement. Pourtant, chacun à son échelle a des moyens d’agir.
Si la liberté de la presse est importante pour vous, si vous croyez en la valeur ajoutée d’avoir des journalistes expérimentés qui couvrent l’information locale, il faut reconnaître que cela a un coût et donc un prix. Il ne s’agit pas de faire la charité, mais bien de payer pour un service que vous appréciez, comme vous le faites pour le reste de ce que vous consommez.
Comme citoyen, la meilleure manière de soutenir vos médias préférés est de vous y abonner.
Comme décideur dans votre entreprise, vous avez un immense pouvoir d’influence supplémentaire : celui de choisir où annoncer votre offre de produits ou de service. Dans un média d’ici ou dans un géant technologique étranger ?
L’avenir des médias québécois repose en grande partie sur ce choix.
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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@marinethomas