Baie-Comeau se prépare à deux gros projets de la filière batterie
Dominique Talbot|Mis à jour le 13 juin 2024Sur la Côte-Nord, le chemin de fer de la Société du port ferroviaire de Baie-Comeau est vue comme une « extension logistique » des industries de la région. (Photo: SOPOR)
Après avoir flirté avec Northvolt l’année dernière, Baie-Comeau se prépare à accueillir deux importants projets à venir de la filière batterie.
Déjà deux terrains ont été réservés dans le parc industriel Jean-Noël Tessier, qui dispose encore d’énormes superficies disponibles.
Et lundi soir, le conseil municipal a adopté un règlement pour octroyer un contrat de 225 000$ à une firme d’ingénierie afin de préparer les plans et devis pour adapter l’accessibilité au parc industriel, qui en est à sa troisième phase.
En entrevue avec Les Affaires, le maire de Baie-Comeau, Michel Desbiens, confirme avoir des discussions «avec deux promoteurs étrangers» qui souhaitent s’implanter dans sa ville et intégrer la filière batterie, projet économique phare du gouvernement de François Legault.
«Nous avons convenu avec eux [les promoteurs] des terrains où ils pourraient s’installer. À partir de ce moment, nous avons fait tout le travail que nous pouvions faire avec eux», confie le maire, qui a aussi eu des discussions sur le sujet avec le premier ministre et le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Ce dernier a d’ailleurs annoncé lundi que d’autres projets majeurs viendraient s’ajouter à la filière batterie, sans offrir plus de détails.
Pour des raisons de confidentialité, Michel Desbiens refuse de nommer les deux entreprises en question et dans quels secteurs de la filière elles se situent. Toutefois, affirme-t-il, les projets en question sont dans le même ordre de grandeur que ceux qui sont déjà en cours à Bécancour, où les usines de GM, Ford et Namaska Lithium sont en construction.
À eux trois, ces projets cumulent des investissements de près de trois milliards de dollars, et promettent de créer des centaines d’emplois.
«Ça pourrait se faire en plusieurs phases, si jamais ça se concrétise. Pas un milliard d’investissement au début, mais avec différentes phases, ça pourrait être une possibilité», compare Michel Desbiens.
Selon lui, l’avancement ou non de ces projets est maintenant dans le camp du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, qui attribuera plus tard cette année une allocation spéciale de puissance électrique de 600 à 700 mégawatts (MW) pour les projets industriels dans la province, comme il l’avait fait en 2023, où 956 MW avait été octroyés à 11 entreprises, dont Northvolt et Ford.
Les entreprises ont jusqu’au 31 mars pour présenter leur projet. «Par la suite, Hydro-Québec devra valider si la capacité de fournir l’énergie est bien au rendez-vous, explique Mathieu St-Amand, directeur des communications au cabinet du ministre Pierre Fitzgibbon. Les entreprises choisies seront ensuite contactées et une annonce officielle devrait avoir lieu dans les prochains mois», explique-t-il, refusant de commenter les projets en cours de négociations à Baie-Comeau.
«On aimerait avoir des nouvelles positives pour l’octroi de mégawatts, fait valoir le maire de la ville. Par la suite nous pourrons accélérer les discussions pour les permis de construction et voir si la Ville doit faire d’autres infrastructures pour que ces entreprises puissent s’implanter.»
Avantages
Bien que la municipalité soit éloignée du cœur de la filière batterie, les entreprises voulant s’y joindre s’y intéressent depuis quelques années en raison de ses avantages. Certaines, entre autres dans le domaine minier, ont déjà exprimé publiquement leur intérêt.
En plus des terrains disponibles, rappelle Michel Desbiens, il y a la proximité des ressources, notamment hydroélectriques, et un port en eaux profondes, des attributs recherchés par les entreprises en quête de produire des batteries vertes.
D’ailleurs, au début de ses démarches pour s’implanter au Québec, les dirigeants de Northvolt s’étaient rendus sur la Côte-Nord. Finalement, leur choix s’est arrêté sur le site de Saint-Basile-le-Grand et McMasterville.
«C’est plus que préliminaire cette fois-ci. Tous nos devoirs sont faits du côté de la Ville et du développement économique de la région Manicouagan à ce moment-ci, insiste Michel Desbiens. Si les projets ne vont pas de l’avant, ça ne sera pas à cause de la Ville de Baie-Comeau. On est prêt. On fait tous les efforts nécessaires.»
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