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Dominique Beauchamp

La Sentinelle de la Bourse

Dominique Beauchamp

Analyse de la rédaction

Banques: après un rebond de 74% que réserve le prochain trimestre

Dominique Beauchamp|Publié le 25 mai 2021

Banques: après un rebond de 74% que réserve le prochain trimestre

L'évaluation actuelle de 11,4 fois les bénéfices prévus des banques est à mi-chemin entre les bornes historiques. (Source: Canaccord Genuity)

Les grandes banques s’apprêtent à dévoiler les résultats de leur deuxième trimestre dans des circonstances bien différentes qu’au précédent.

Leurs actions en Bourse ont en effet grimpé trois fois plus (16%) que le S&P/TSX (6%) depuis le 26 février alors qu’avant le premier trimestre, leurs titres avaient pris du retard sur l’indice. Depuis un an, elles sont rebondi de 74%.

De plus, après deux trimestres consécutifs de surprises, les analystes ont relevé cette fois leurs prévisions et leurs cours-cibles, avant la divulgation des résultats.

La Banque BMO (BMO, 123,92$) ouvre le bal le 26 mai tandis que la Banque Scotia (BNS, 73,03$) ferme la marche, le 1er juin.

Étant donné le chemin parcouru et les attentes à la hausse, les analystes sont divisés quant au parcours des banques à court terme en Bourse.

Scott Chan, de Canaccord Genuity rappelle que le solide premier trimestre, qui avait vu les banques renverser une partie des réserves constituées pour les mauvaises créances, ont déjà soulevé les prévisions de bénéfices par 15% pour 2021 et par 9% pour 2022.

Il est encore possible que le deuxième trimestre rehausse davantage les prévisions, admet-il, surtout que les banques disposent de capitaux excédentaires records.

Pour sa part, Gabriel Dechaine de la Financière Banque Nationale, s’attend plutôt à ce que les cours bancaires réagissent peu au bond prévu de 116% des bénéfices pour l’ensemble des six grandes banques.

Si les titres fléchissaient – parce que certains investisseurs voudront encaisser des gains – ce recul offrirait néanmoins une nouvelle occasion de les acheter en vue des prochains catalyseurs, dit-il.

Cet analyste fait référence ici au fait que les banques auront bientôt le droit de relever leurs dividendes et de racheter leurs actions, dès que les autorités réglementaires auront retiré les contraintes imposées pendant la pandémie.

La plupart des analystes prévoient cet assouplissement en septembre, mais certains n’excluent pas que les autorités retirent cette interdiction le mois prochain parce que le progrès vaccinal et le dé-confinement graduel restaurent les fondations économiques.

 

Encore des distortions pandémiques

Comme pour tant d’industries, le deuxième trimestre des banque sera encore truffé de distorsions pandémiques.

Il y a un an, les banques avaient constitué d’importantes provisions pour d’éventuelles pertes sur prêts, par précaution. Le renversement de certaines de ces réserves depuis, en partie grâce à l’aide gouvernementale aux ménages et aux entreprises, a d’ailleurs contribué aux profits depuis.

Sohrab Movahedi, de BMO Marchés des capitaux, s’attend à ce que les provisions pour mauvaises créances passent de 152points de pourcentage  il y a un an à 28 points de pourcentage de l’encours des prêts, mais à ce qu’elles augmentent un peu par rapport au premier trimestre.

Le deuxième trimestre se bute aussi à la comparaison des robustes revenus tirés de la négociation de titres dans les marchés des capitaux, réalisés un an plus tôt.

En ce qui a trait aux activités principales de prêts aux particuliers et aux entreprises, les analystes prévoient une hausse des emprunts hypothécaires, mais préviennent que les prêts commerciaux et même les prêts aux consommateurs feront encore piètre figure, au deuxième trimestre.

Sans les dotations aux pertes de crédit et les charges d’impôts, les profits des activités bancaires de base augmenteront de 8% en moyenne, prévoit Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux. Cette mesure est l’étalon de la rentabilité préféré du cœur des activités des banques des analystes.

Les bénéfices par action, auxquels les investisseurs portent plus d’attention, pourraient dépasser les prévisions en fonction des provisions pour pertes qui seront récupérées.

Doug Young se demande si les marges d’intérêts ont enfin touché le fonds du baril et remonteront la pente tard cette année. Au deuxième semestre, ces marges se compareront au niveau déprimé de l’an dernier.

L’analyste de Desjardins a relevé ses cibles pour les huit banques canadiennes le 12 mai dernier. Elles offrent un potentiel de rendement total de 2,5 à 20,6%, incluant les dividendes.

Potentiel de réévaluation

Un autre élément qui divise les analystes concerne l’évaluation des banques qui correspond actuellement à la moyenne à long terme d’environ 11 fois les bénéfices prévus. Les analystes ne s’entendent pas sur le potentiel que cette évaluation augmente.

Il faudra probablement voir les provisions sur pertes baisser davantage et les prêts commerciaux rebondir cet automne pour que les banques soient réévaluées à la hausse, estime Gabriel Dechaine.

Sohrab Movahedi de BMO, est de ceux qui croient que le multiple peut passer de 11 à 12 fois les bénéfices prévus en 2022 parce que leur rentabilité ne peut que profiter du rebond du volume des prêts au moment où les marges d’intérêts s’améliorent, fait-il valoir.

«Les banques peuvent procurer un rendement total supérieur à 10% étant donné la croissance des bénéfices, le rendement du dividende et la possibilité que leurs titres soient revalorisées lorsque les autorités retireront les contraintes de capital», écrit-il.

Aux yeux de l’analyste américain Ebrahim Poonawaia de BofA Securities, toutes les conditions sont réunies pour que les banques canadiennes poursuivent sur leur lancée étant donné l’accélération de l’économie nord-américaine, la hausse des cours des matières premières et la remontée des taux.

L’analyste a relevé ses prévisions de 5% pour 2021 et évalue qu’elles dépassent le consensus par 7%. Ses nouveaux cours-cibles laissent entrevoir une appréciation potentielle d’encore 14% en moyenne pour les cinq plus grandes banques canadiennes.