(Photo: Pietro Schellino)
RÉSIDENCES POUR AÎNÉS. Résidences privées, CHSLD, ressources intermédiaires, Maisons des aînés… plusieurs milieux de vie existent pour les aînés du Québec lorsqu’ils ne peuvent plus ou ne souhaitent plus rester chez eux. Pour prendre la bonne décision, plusieurs critères sont à évaluer.
Le choix d’un hébergement pour aînés se fait souvent au moment de faire le deuil d’une maison familiale, parfois dans la précipitation de soins urgents, ou même dans le climat de tension d’une famille en désaccord. Cependant, il est très important de prendre du temps pour mûrir sa décision, et surtout, en premier lieu, d’écouter l’aîné en question. « Parfois, les enfants vont choisir selon leurs critères, et non ceux de leur mère ou de leur père. On voit quelquefois des personnes, après seulement un ou deux mois, pleurer parce qu’ils ne se sentent pas bien où ils sont », se désole Yves Desjardins, ancien PDG du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA).
D’après lui, il est important pour la personne de visiter plusieurs hébergements, de s’y rendre pour constater de l’ambiance. « On encourage les aînés à aller prendre un repas sur place pour voir qui habite là, à quoi ressemble la vie sociale et savoir s’ils se sentent vraiment bien », poursuit-il. Le Réseau FADOQ (auparavant Fédération de l’âge d’or du Québec) abonde dans le même sens. « La location est très importante. Est-ce qu’on veut rester dans la région où on a vécu toute notre vie ? Est-ce qu’on veut être proche de certains membres de la famille ? Est-ce qu’on veut pouvoir aller à la bibliothèque en transports en commun ? » énumère Danis Prud’homme, directeur général du Réseau FADOQ.
Enfin, il est important d’anticiper les possibles soins qui seront nécessaires à la personne en recherche de logement. Une prise de conscience importante pour éviter plusieurs déménagements. « Quand on a 83 ans, les chances d’avoir une perte d’autonomie sont plus grandes. Il faut s’assurer que les services pourront être accessibles dans les résidences retenues », explique Yves Desjardins.
Au Québec, 145 000 aînés vivent en résidences privées pour aînés (RPA). Dans le public, ils sont environ 10 000 en ressource intermédiaire (RI) et 38 000 en centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD).
Si un aîné nécessite trois heures ou plus de soins par jour, on lui préconisera un CHSLD ; si c’est moins, une RI. Actuellement, les listes d’attente varient de 12 à 18 mois, selon la région. Avec de la patience, cela permet de vivre dans un milieu de vie à un coût maximal de 1900 $/mois pour une chambre individuelle.
Les Maisons des aînés, proposées par le gouvernement Legault en 2019 pour remplacer à long terme les CHSLD traditionnels, verront le jour dès l’an prochain et seront des hébergements publics plus spacieux et modernes pour une contribution financière équivalente à celle en CHSLD ou en RI. Il n’y a pas de liste d’attente pour le moment.
Pour aider à faire un choix, plusieurs agences de placement, entièrement gratuites, existent en ligne.
Préserver ses droits
Les RPA sont considérées comme des logements personnels et proposent donc au locataire un bail, généralement d’un an, renouvelable. Il est donc important de s’assurer de la validité de celui-ci, comme l’explique Pierre Lynch, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR). « Il existe un bail régulier, partagé par le tribunal administratif du logement. Pourtant, plusieurs résidences ne l’utilisent pas, par négligence ou parfois par ignorance », élabore-t-il.
Une fois sur place, l’aîné doit aussi s’assurer que les termes du bail sont bien respectés, élément qui a parfois été négligé lors de la pandémie, comme le raconte Pierre Lynch. « Il y a eu des abus. Certaines résidences ont fermé leur stationnement pour éviter que les résidents ne sortent, ou encore n’ont plus rendu des services payés et inclus dans leur bail. C’est illégal. »
Il explique aussi que les RPA doivent passer une certification pour avoir une telle appellation, cependant cette dernière n’est pas toujours contrôlée. « Certaines résidences n’ont pas vu d’inspecteurs depuis quatre ans. Ça va au détriment des personnes qui vivent là. C’est pour ça qu’il faut bien se renseigner », ajoute-t-il.
Les aînés de plus de 70 ans ont accès à un crédit d’impôt qu’ils peuvent utiliser en vivant en RPA ou en restant à domicile. Il est égal à 35 % d’un montant maximal de dépenses payées dans l’année pour des services de maintien à domicile. Cette année, le gouvernement Legault a d’ailleurs bonifié ce crédit, dont le taux augmentera de 1 % par an jusqu’en 2026, allant de 35 % à 40 %.