L'ancien président américain Donald Trump, et l'actuel président Joe Biden. (Photo: 123RF, Photomontage Les Affaires)
ANALYSE. Plus ça change, plus c’est pareil, dit l’adage. Alors que l’ex-président Donald Trump avait une main de fer dans un gant de fer, Joe Biden a une main de fer dans un gant de velours. Bienvenue à l’ère de l’Amérique d’abord 2.0, dans laquelle les politiques de Washington sont sensiblement les mêmes.
En novembre, l’élection de l’ancien vice-président de Barack Obama avait pourtant suscité une vague d’espoir au Canada et dans le monde, mettant fin à quatre années d’une administration Trump qui avait soufflé le chaud et le froid sur les relations internationales.
Tout y était passé ou presque, et ce, des mesures protectionnistes à l’unilatéralisme en passant par des décisions contre-productives à l’égard de certains pays. L’arrivée de Joe Biden devait remettre le compteur à zéro.
Or, huit mois après sa prise du pouvoir en janvier, force est de constater que son administration démocrate a peut-être changé le ton à Washington (devenu plus cordial, raffiné), mais que peu de choses ont vraiment changé sur le fond, provoquant des tensions diplomatiques, soulignent plusieurs analyses publiées récemment.
Cinq dossiers problématiques
La critique la plus virulente vient sans doute du prestigieux magazine Foreign Policy (When the White House Changed Hands, It Changed Tone but not Policies), un média plutôt près des démocrates sur le plan idéologique.
Dans un long réquisitoire, le magazine américain dresse la liste des dossiers dans lesquels l’approche de l’administration démocrate ne diffère guère de la précédente républicaine, qui était souvent cavalière et improvisée.
Voici les principaux :
La France : sans prévenir les Français, les États-Unis ont récemment créé une alliance de pays anglo-saxons dans le Pacifique (avec le Royaume-Uni et l’Australie), qui a exclu la France et annulé un important contrat pour la construction de sous-marins français destinés à la marine australienne, provoquant l’ire de Paris.
L’Afghanistan: sans consulter ses alliés canadiens et européens, les États-Unis ont annoncé cet été que toutes les forces américaines auraient quitté ce pays le 31 août, provoquant une crise humanitaire et une crise de confiance à l’égard de la fiabilité de Washington.
Le protectionnisme: alors que Joe Biden affirmait lors de la présidentielle de 2020 que les Américains «payaient un prix élevé» pour les tarifs de l’administration Trump, le président démocrate a gardé la plupart de ces tarifs, en plus d’en renforcer quelques-uns.
Cuba: Joe Biden a confirmé l’imposition par Trump de sanctions plus sévères pour Cuba et la fin de l’ouverture historique d’Obama à l’île, alors que le peuple cubain souffre pourtant d’une crise économique importante provoquée par la pandémie de COVID-19.
L’immigration: l’administration Biden expulse les migrants plus rapidement que l’administration Trump, selon les données de l’U.S. Customs and Border Protection. Cela inclut les 15 000 migrants (surtout des Haïtiens), qui étaient s’étaient réfugiés plusieurs jours sous un pont au Texas, et dont Washington veut accélérer l’expulsion.
Le ministre des Affaires étrangères de la France, Jean-Yves Le Drian, a peut-être mieux que quiconque résumé comment plusieurs pays se sentent à l’égard de l’attitude de la nouvelle administration démocrate.
Commentant la crise des sous-marins avec les États-Unis, il a comparé la méthode de Joe Biden à celle de Donald Trump, mais «sans les tweets et avec une forme de déclaration solennelle assez insupportable».