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Bombardier entre dans une ère prometteuse, dit Éric Martel

Karl Moore|Publié le 06 avril 2022

Bombardier entre dans une ère prometteuse, dit Éric Martel

Pendant la pandémie, «tout le monde voulait acheter un avion», raconte Éric Martel, le PDG de Bombardier. (Photo: CORIM)

BLOGUE INVITÉ. Depuis que j’ai déménagé de l’Université d’Oxford à celle de McGill, il y a plus de 20 ans, Bombardier est l’entreprise que j’ai suivie de plus près.

Chaque année, j’enseigne un cours en collaboration avec un ancien vice-président de la stratégie de la société. J’ai aussi collaboré avec un de ses anciens PDG pour donner mon cours «CEO Insights», et j’ai assisté à des dizaines d’événements de leur industrie. J’ai pris le premier vol de la C Series avec Alain Bellemare et j’ai interviewé Laurent Beaudoin, Pierre Beaudoin et trois autres de ses PDG dans le cadre de mon émission de radio The CEO Series.

Les dernières années ont été décevantes pour beaucoup d’entre nous à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise, qui demeure l’une des plus importantes au Canada et une cheffe de file mondiale, 80 ans après sa fondation. Lorsque je me suis entretenu avec son nouveau PDG, Éric Martel, celui-ci m’a convaincu que Bombardier avait de nouveau un avenir prometteur.

 

Redécollage imminent

Depuis que l’aviation a été confrontée à de graves turbulences dues à la pandémie, les acteurs de l’industrie sont en mode reprise. Certains entrent même dans une nouvelle ère prometteuse. Nommé en mars 2020, son PDG Éric Martel a piloté l’entreprise à travers des périodes difficiles et vers un redressement financier important.

«Bombardier est dans la position financière la plus solide qu’elle ait connue depuis des décennies», déclare-t-il. Le constructeur canadien a été le principal moteur de l’industrie aéronautique du pays. Comptant 5 000 appareils, il est considéré comme possédant l’une des plus importantes flottes d’avion d’affaires.

Lors d’une conférence organisée par le Conseil des relations étrangères de Montréal (CORIM), Éric Martel a présenté le repositionnement de l’entreprise, son impact économique et social et son engagement envers les objectifs ESG.

Il a commencé par préciser l’effet d’accélération de la pandémie de COVID-19 sur le secteur des jets de luxe, les passagers choisissant de plus en plus de prendre des vols privés pour des raisons de sécurité et de santé.

«Tout le monde voulait acheter un avion, raconte-t-il. Il n’y avait plus d’avions d’occasion sur le marché, ce qui a stimulé notre croissance et augmenté les prix.»

Le PDG ajoute que «la taille de notre carnet de commandes actuel est impressionnante et devient même un problème, car nous n’avons souvent plus d’appareils à vendre dans plusieurs modèles».

 

Un apport important à l’économie

Un nouveau rapport de PwC Canada a d’ailleurs souligné l’importante contribution de Bombardier à la croissance économique canadienne.

En 2021, année où l’entreprise a vendu sa division ferroviaire, Bombardier a livré 120 avions d’affaires, ses revenus atteignant 7,6 milliards de dollars (G$) et représentant plus de 25% de la part du secteur de la fabrication aéronautique.

Le rapport a également révélé que Bombardier a contribué à hauteur de 5,7 G$ au PIB du Canada et de près de 4 G$ au Québec, ainsi qu’à plus de 33 000 emplois à temps plein pour les Canadiens en 2021. La contribution économique totale au PIB provenant des activités manufacturières devrait atteindre 25,2 G$ au cours des trois prochaines années.

«En 2021, au Québec seulement, Bombardier a soutenu des emplois directs qui représentaient 20% de tous les emplois du secteur aéronautique de la province, a indiqué Éric Martel dans un communiqué de presse. Ces postes sont des emplois qualifiés de grande valeur dont le salaire moyen est près de 70 % plus élevé que le salaire moyen au Québec. »

Bombardier a récemment présenté son plan d’action ESG qui place le bien-être de ses employés et le développement durable au cœur de ses activités.

Parmi ses ambitieux objectifs figure une réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025, dans le but d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 – conformément à la participation mondiale de l’industrie que constitue l’engagement de l’aviation civile sur le changement climatique (BACCC).

Pour continuer à ouvrir la voie vers un ciel plus propre, Bombardier s’est également engagée à investir plus de 50 % de ses fonds de recherche et de développement dans des avions plus écologiques et à maximiser l’utilisation de carburant durable. En fait, Éric Martel a déclaré que 90 % du budget de recherche est consacré à la réduction des émissions de gaz.

L’entreprise a déclaré travailler à la création de «l’avion du futur», conçu pour consommer le moins de carburant possible grâce à une conception innovante qui augmente la portance de l’avion tout en réduisant la friction de l’air. Selon son PDG, cela pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17 à 19 %.

Pour garantir le respect de son engagement de transparence, Bombardier a publié la première déclaration de programme environnemental au monde pour son Global 7500 en 2020 – une première dans l’industrie des avions d’affaires.

En outre, la compagnie a déclaré s’efforcer de faire en sorte que plus de 30 % des postes de direction soient occupés par des femmes d’ici 2025. «Notre personnel est ce que nous avons de plus important, souligne le PDG. Notre communauté chez Bombardier a connu des années difficiles et, aujourd’hui, les choses changent. C’est à nous de faire en sorte de rester et de devenir un employeur de choix, car nous avons la capacité d’offrir des carrières exceptionnelles. »

Chaque année, l’entreprise offre 1 000 stages rémunérés touchant divers secteurs afin d’inspirer et de stimuler les futurs leaders de l’industrie aéronautique.

«Nous construisons la Ferrari des avions, souligne le dirigeant. Nous sommes fiers de faire rayonner notre pays et de représenter les Québécois et les Canadiens.»

 

Karl Moore est professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie Ricci est étudiante en journalisme à l’Université Concordia.