(Photo: 123RF)
Les Affaires vous présente SE LANCER EN BOURSE, une rubrique bimensuelle dédiée aux jeunes et aux moins jeunes qui veulent faire le grand saut.
SE LANCER EN BOURSE. Il en va du marché boursier comme du hockey, du soccer ou d’autres sports: la gestion d’un portefeuille amène en effet les investisseurs à adopter des stratégies défensives et offensives. Ces tactiques visent soit à servir de police d’assurance et limiter l’exposition au risque de son portefeuille, soit à rechercher plutôt des occasions de croissance.
«On veut investir dans des valeurs défensives pour protéger le capital lors de marchés baissiers et, à l’inverse, on veut investir dans des valeurs offensives pour accélérer les rendements dans un marché haussier», explique Julie Hurtubise, conseillère en placement principale chez Gestion de Patrimoine TD.
Valeurs refuges
Les assises défensives d’un portefeuille ont donc pour but de réduire les effets de la volatilité des actions lorsque les marchés boursiers sont sur le point d’entrer dans de fortes zones de turbulence ou traversent déjà des périodes houleuses.
«Idéalement, même s’il est difficile de prédire l’avenir, il faut adopter une stratégie défensive avant qu’une crise économique survienne», indique Jean-René Ouellet, vice-président, gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine à Valeurs mobilières Desjardins.
Les titres défensifs se présentent ainsi comme des valeurs refuges qui sont moins sensibles aux aléas de l’économie et dont l’investissement s’avère du même coup moins risqué. «On les dit défensifs parce que, peu importe les cycles économiques, nous continuons à consommer les produits et services de ces entreprises», précise Julie Hurtubise.
Les valeurs défensives se retrouvent donc généralement dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la santé, des services aux collectivités ou encore des télécommunications qui profitent d’une demande constante de leurs produits et services. Ce sont aussi des sociétés caractérisées par un flux de trésorerie positif, un faible niveau d’endettement et des bénéfices stables.
Mais il faut aussi prendre en compte le modèle d’affaires de ces entreprises. Par exemple, «une stratégie défensive pourrait contenir des
titres d’entreprises œuvrant dans le transport de déchets qui fait partie d’un secteur d’activité, industriel, qui lui n’est pas défensif en soi», indique Julie Hurtubise.
Il importe aussi de considérer la valorisation du titre. «Même s’il s’agit d’un titre défensif, le prix à payer pour l’acquérir peut être trop élevé», souligne Jean-René Ouellet.
À l’offensive!
En revanche, les investisseurs se tourneront davantage vers des valeurs offensives lorsque la conjoncture économique est plus favorable. «On recherche alors des entreprises dont le potentiel de croissance des bénéfices est plus élevé que ce que le marché peut anticiper», explique Julie Hurtubise.
Les titres offensifs, qui se retrouvent notamment dans les secteurs industriels, des matériaux ou encore technologiques, présentent évidemment un niveau de risque plus élevé que les titres défensifs. «On y trouve des entreprises qui n’ont pas encore atteint leur maturité, mais qui offrent d’excellentes perspectives de croissance, comme celles à petite ou moyenne capitalisation», précise Jean-René Ouellet. Encore là, ajoute-t-il, «on ne doit pas acheter pas des titres offensifs à n’importe quel prix».
Les performances des deux stratégies sont aussi inversement corrélées. «Lorsqu’une sous-performe, l’autre a tendance à surperformer», souligne Julie Hurtubise qui cite en exemple la performance récente des «sept magnifiques», ce groupe d’entreprises technologiques à très forte capitalisation (Nvidia, Tesla, Meta, Apple, Amazon, Microsoft et Alphabet).
«Quand ces titres technologiques avaient le vent dans les voiles en 2023, les titres défensifs n’ont pas eu la même croissance, mais ont apporté une stabilité et des revenus dans les portefeuilles. Et en 2022, la stratégie défensive affichait, pour la plupart, des performances plus positives que les sept magnifiques», précise-t-elle.
Une question d’équilibre
Une stratégie n’empêche évidemment pas l’autre. Même s’il s’agit de concepts opposés, le contexte économique fera en sorte qu’un investisseur, selon son profil et sa tolérance au risque, pourrait être appelé à mettre davantage l’emphase sur l’une ou l’autre de ces tactiques.
L’importance est d’avoir un portefeuille diversifié composé à la fois de valeurs défensives et offensives. «Il faut avoir un équilibre entre les deux stratégies et une approche basée sur le long terme», fait valoir Julie Hurtubise.
Le portefeuille équilibré composé à 60% d’actions et à 40% d’obligations, surnommé portefeuille 60/40, «est un bon exemple de stratégie d’investissement qui englobe à la fois des titres offensifs et défensifs», souligne Jean-René Ouellet.
Le contexte économique actuel témoigne de l’importance de s’en remettre à ces deux stratégies. «On a un taux de chômage historiquement très bas, donc en situation de plein emploi, et des salaires à la hausse. En revanche, on a aussi un niveau d’endettement et des taux intérêts très élevés, une inflation persistante et un marché immobilier avec des conditions difficiles. Ceci nous envoie plusieurs messages contradictoires», constate Julie Hurtubise.
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