Le degré de tolérance au risque qu’une personne est prête à assumer déterminera en effet si elle est de nature prudente, modérée ou audacieuse en matière d’investissement. (Photo: 123RF)
Les Affaires vous présente SE LANCER EN BOURSE, une rubrique bimensuelle dédiée aux jeunes et aux moins jeunes qui veulent faire le grand saut.
La Bourse offre un potentiel de rendements élevés. Mais il faut aussi garder à l’esprit qu’un investisseur s’expose aussi à d’importantes pertes en capital. Voilà pourquoi il faut obligatoirement se poser cette question: quel niveau de risque suis-je prêt à accepter?
Le degré de tolérance au risque qu’une personne est prête à assumer déterminera en effet si elle est de nature prudente, modérée ou audacieuse en matière d’investissement. Cette analyse lui permettra du même coup de choisir le type de placements qu’elle devrait privilégier.
«Quelqu’un qui fait de l’insomnie à chaque fois que la Bourse baisse de plus ou moins 5% aura sûrement intérêt à se montrer prudent et à investir dans des actifs moins spéculatifs», conseille Richard Guay, professeur du département de finance de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) où il enseigne notamment aux étudiants les techniques de construction et de gestion stratégique de portefeuille.
Angoisses et nuits blanches!
S’il y a bien une chose dont on est certain concernant le marché boursier, c’est qu’il fluctue. Il y aura toujours des marchés haussiers (bull markets) et des marchés baissiers (bear markets) qui se prolongeront pendant un certain temps, mais aussi des titres d’entreprises qui peuvent enregistrer de fortes variations en une seule journée ou tout au long d’une semaine. D’où l’importance de bien estimer sa tolérance au risque, qui est déterminée à la fois par des facteurs émotifs et économiques.
«Le risque d’investir en Bourse peut facilement être mal évalué, surtout pendant une hausse prolongée du marché. Notre tolérance au risque est toujours plus élevée quand tout va bien», constate Andrée-Anne Paiement, conseillère en gestion de patrimoine à la Financière Banque Nationale.
La pandémie s’est d’ailleurs avérée une occasion inattendue de tester sa tolérance au risque. Bon nombre d’investisseurs ont en effet ressenti de fortes angoisses et vécu plusieurs nuits blanches après avoir vu le S&P 500 plonger de 34% en seulement une vingtaine de jours, au printemps de 2020. Mais cet indice, qui mesure la performance de 500 grandes sociétés cotées en bourse aux États-Unis, s’est rapidement raplombé pour finalement terminer l’année en hausse de quelque 16%.
Résister à la panique
«Des investisseurs qui ont paniqué et vendu une bonne partie de leurs portefeuilles n’ont pas su profiter du rebond. C’est souvent ce qui arrive quand le marché subit un repli considérable», note Andrée-Anne Paiement.
Auparavant, la crise financière et économique de 2008 avait aussi testé grandement la tolérance au risque des investisseurs. Entre ces deux événements qui ont fortement bouleversé les marchés boursiers, il s’est passé une dizaine d’années d’un marché haussier qui a pu laisser croire aux investisseurs que les risques étaient chose du passé. En 2000, c’est l’éclatement de la bulle technologique qui avait ébranlé les marchés boursiers et la confiance des investisseurs.
«Il arrivera toujours une situation où on sera placé en mauvaise posture ou encore à se demander quoi faire. Au début de la pandémie, il fallait être fait fort pour résister à la panique quand toute l’économie était en pause et qu’on se promenait dans des villes fantômes», souligne Richard Guay, en ajoutant que le spectre du krach boursier survenu en 1929 n’est jamais bien loin dans l’esprit d’un investisseur.
Un portefeuille virtuel pour s’entraîner?
Les investisseurs en herbe peuvent toujours s’entraîner d’abord en simulant des transactions par le biais d’un portefeuille fictif. Mais cet exercice a ses limites.
«Ça permet certainement de se familiariser avec la Bourse sans perdre de plumes. Mais ce n’est jamais la même sensation que si on investissait son propre argent», estime Richard Guay.
«Ça ne fait pas appel aux mêmes émotions. La tolérance est évidemment beaucoup plus grande quand il n’y a pas de véritables sommes d’argent en jeu», renchérit Andrée-Anne Paiement.
Évaluer son profil d’investisseur
Certains investisseurs supportent facilement que leurs placements fluctuent. D’autres, au contraire, en perdent le sommeil. Voilà pourquoi un placement qui convient à une personne n’est pas nécessairement approprié pour une autre. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a mis en ligne un outil qui aide à estimer la tolérance au risque et à déterminer les types de placements qui conviennent alors.
Cet outil commence par une série de questions qui permet d’abord d’établir la somme qu’une personne envisage d’investir et dans quel horizon de temps elle souhaite en tirer profit. Il passe ensuite en revue ses objectifs financiers et ses connaissances en la matière. Puis, il analyse sa capacité à prendre des risques en évoquant certains scénarios et en évaluant combien de temps elle serait prête à attendre avant que son portefeuille regagne sa valeur initiale, en cas de baisse de valeur de ses investissements.
Au bout de l’exercice, l’investisseur saura s’il est de nature prudente, modérée ou audacieuse et lequel parmi quatre types de portefeuille lui convient le mieux.
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