Le degré de tolérance au risque qu’une personne est prête à assumer déterminera en effet si elle est de nature prudente, modérée ou audacieuse en matière d’investissement. (Photo: 123RF)
Les Affaires vous présente SE LANCER EN BOURSE, une rubrique bimensuelle dédiée aux jeunes et aux moins jeunes qui veulent faire le grand saut.
Qui ne connaît pas ce célèbre proverbe : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Et il est justement important de ne pas injecter tout son argent dans une seule entreprise ou un nombre trop limité, quand on investit en Bourse, si on veut minimiser les risques de perdre gros en cas de mauvais placement, de circonstances imprévues ou d’une chute du marché financier.
«La diversification a l’avantage de réduire le risque lié à la volatilité des marchés. En répartissant le capital, on réduit donc son exposition à un actif en particulier», souligne Dominique Vincent, gestionnaire principale de portefeuille au sein de la firme Raymond James.
Philippe Veilleux, gestionnaire de portefeuille et associé de la firme Medici, fait écho à ces propos. «Les investisseurs qui se lancent en Bourse, sans avoir les connaissances requises, sont d’abord confrontés au risque d’ignorance. Et la meilleure façon de mitiger ce risque, c’est en répartissant ses avoirs dans un plus grand nombre de placements», conseille-t-il.
Des produits et des secteurs variés
Un investisseur qui met tout son argent sur les actions d’une ou deux sociétés, dans l’espoir de frapper un coup de circuit, mise davantage sur la chance que sur une saine gestion de son portefeuille. Il ne faut pas non plus s’en remettre à un seul secteur d’activité (1).
«Un investisseur qui investit dans plusieurs compagnies, mais qui œuvrent dans un même secteur d’activité, comme les services financiers par exemple, n’aura pas pour autant un portefeuille très diversifié», indique Dominique Vincent.
La diversification d’un portefeuille passe donc par l’achat de produits financiers variés (obligations ou autres titres à revenu fixe, actions) et dans des secteurs d’activité distincts (financier, énergie, industriel, matériaux, technologies, consommation, etc.). Les obligations et les actions, d’une part, ne réagissent pas aux mêmes soubresauts de l’économie. Les obligations subissent directement les effets des taux d’intérêt, tandis que les actions fluctuent généralement en fonction de conditions économiques plus globales, notamment la demande des consommateurs pour l’achat de produits ou services.
Les secteurs d’activité, pour leur part, évoluent chacun en fonction de leurs propres caractéristiques et tendances dans le marché. Chacun pourrait donc réagir différemment aux aléas de l’économie, comme l’a démontré la pandémie par exemple, et il y a ainsi peu de risque de voir tous les secteurs afficher un mauvais rendement au même moment.
Philippe Veilleux pousse plus loin le concept de diversification sectorielle en évoquant davantage la diversification en fonction du risque. «Une entreprise comme Amazon se retrouve dans le secteur des technologies, au même titre que Facebook ou Google. Mais son modèle d’affaires, basé sur la vente de produits en ligne, est différent et l’entreprise n’est pas confrontée aux mêmes risques de marché», précise-t-il.
Une diversification géographique ?
Dans tous les cas, «on devrait toujours avoir dans son portefeuille des entreprises qui ont de meilleures chances de faire face à la musique, quand l’économie se retrouve en situation de ralentissement ou de récession, ou lorsqu’elles sont confrontées à des problèmes spécifiques à leur secteur d’activité», ajoute Philippe Veilleux.
L’approche traditionnelle en matière de diversification consiste aussi à investir dans des actions ou des obligations d’entreprises situées dans différentes régions du monde. Et ce, sous prétexte qu’elles ne sont pas nécessairement confrontées aux mêmes soubresauts de l’économie, au même moment. Ce vieux concept ne tient plus la route, estime Philippe Veilleux.
«Ce n’est pas une obligation d’investir dans tel pays pour la seule raison de bénéficier d’une diversification géographique. Un investisseur qui tient à être exposé à une économie mondiale n’a pas besoin d’acheter des actions d’une entreprise inscrite à la Bourse d’un autre pays. Il peut très bien trouver une entreprise canadienne, cotée à Toronto, dont l’essentiel de ses activités est aux États-Unis ou ailleurs dans le monde», fait-il valoir, en soulignant que la globalisation des marchés a rapproché les frontières.
Même son de cloche de la part de Dominique Vincent. «On peut avoir une diversification géographique par l’entremise d’entreprises d’ici qui font affaire ailleurs dans le monde. Je leur laisse gérer les risques économiques et géopolitiques dans d’autres pays à ma place», souligne-t-elle.
Trop, c’est comme pas assez
Il importe toutefois de ne pas saupoudrer ses avoirs dans une trop grande quantité de titres. À trop vouloir éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier, «un investisseur risque de tomber dans le piège inverse d’être trop diversifié», prévient Dominique Vincent. En diluant ainsi ses avoirs, les mauvais coups risquent d’annuler les bons et de limiter le rendement du portefeuille.
Philippe Veilleux suggère d’avoir une sélection de 15 à 20 titres de compagnies, répartis selon différents secteurs d’activité. Sinon, pour ceux qui sont moins férus, l’achat de fonds communs ou de FNB qui reproduisent les indices boursiers permet aussi d’assurer une diversification.
Enfin, même si un investisseur bâtit un portefeuille diversifié, il ne pourra pas éliminer totalement les risques. «La diversification peut l’aider à atténuer une baisse des marchés, mais elle ne le protègera pas entièrement contre une correction majeure», conclut-elle.
(1) Liste des titres des secteurs de la bourse de Toronto
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