Un record de 25% des pros sondés prennent plus de risque qu'à la normale en portefeuille. (Source: BofA Securities)
Malgré les sommets boursiers, les gains démesurés de certains secteurs et de titres chouchous, les records d’évaluation et la frénésie des spéculateurs, les gros investisseurs restent très optimistes si l’on se fie au sondage mensuel de BofA Securities.
Seulement 13% des 225 répondants sondés entre les 5 et 11 février estiment que la Bourse américaine est dans une bulle; 27% croient qu’un nouveau marché haussier s’amorce; 53% d’entre eux pensent que l’élan haussier est à un stage avancé.
Seulement 13% des pros croient que la Bourse américaine est dans une bulle. (Source: BofA Securities)
Pour y faire écho, ce courtier orne d’ailleurs son rapport mensuel du titre: «La seule raison d’être pessimiste est qu’il n’y a aucune raison d’être pessimiste».
Pourquoi cette boutade ? Parce que l’indicateur Bull/Bear du courtier qui mesure le positionnement des pros atteint 7,7. Ce niveau est encore neutre, mais il deviendrait un signal d’achat s’il surpassait 8,0.
Les gestionnaires mondiaux sont les plus nombreux (91%) depuis 1994 à prévoir une reprise en force de l’économie. Quelque 34% d’entre eux prédisent une reprise en «V», un niveau que la banque juge consensuel. C’est le triple de la proportion d’il y a neuf mois.
Quelque 84% prédisent une amélioration des bénéfices mondiaux au cours des 12 prochains mois.
De plus, l’encaisse en portefeuille n’est plus que de 3,8%, un plancher en huit ans. Historiquement, le S&P 500 perd 3,2% un mois après un niveau aussi faible de liquidités indique BofA Securities.
Pour le deuxième mois consécutif, un record de 25% des pros disent prendre «plus de risque que la normale» en portefeuille. Quelque 61% des répartiteurs d’actif surpondèrent les actions en portefeuille, le plus fort score depuis 2011.
Les paris de reprise en tête
Les placements dans les actions mondiales et les matières premières sont aussi les mieux garnis depuis 2011: quelque 87% des répartiteurs d’actifs disent surpondérer ces deux classes d’actif.
Les placements cycliques ont la cote. Outre les matières premières, les marchés émergents et les banques sont aussi les plus populaires en dix ans.
Enfin, 31% des répondants prévoient que les titres à petite capitalisation surpasseront les plus grandes entreprises au cours des 12 prochains mois, une proportion légèrement inférieure au record de janvier.
Un peu plus de la moitié des répondants prévoient que les marchés émergents performeront le mieux en 2021, suivi du pétrole (17% des répondants) et du S&P 500 (11% des répondants).
Ceci dit, pendant la pointe de volatilité de janvier provoquée par le bras de fer entre les fonds spéculatifs et la nouvelle cohorte de négociateurs d’un jour, les pros se sont réfugiés dans la «sécurité» des géants de la technologie, des entreprises du secteur de la santé et dans les actions américaines.
Signe que les paris de reprise dominent, 82% des répondants prévoient que les taux à long terme remonteront plus vite que les taux à court terme. C’est plus qu’avant les craintes de resserrement monétaire en 2013, ou encore l’élection de Trump en 2016.
Quelque 86% des pros prévoient une hausse de l’inflation mondiale au cours des 12 prochains mois. Cette proportion est tout de même inférieure à celle de 92% en janvier.
Le scénario idéal de ré-accélération économique sans inflation perd des adeptes tandis que celui qui voit l’économie et l’inflation avancer main dans la main devient le nouveau consensus, avec 36% des participants.
Les risques
Pour 28% des panélistes, la progression de la campagne de vaccination est devenue le principal risque à l’avancée du marché.
Une remontée trop rapide des taux est la deuxième menace (pour 25% des pros). Un retour en force de l’inflation est au troisième rang pour 24% des répondants. Le risque de l’éclatement d’une bulle à Wall Street ferme la marche pour 13% des panélistes.
Quelque 35% des pros jugent que les titres de technologie sont encore trop aimés. L’engouement pour le bitcoin est retombé au deuxième rang des placements trop à la mode pour avec 27% des répondants.
Enfin, quelque 13% des pros jugent qu’il y a trop de paris contre le dollar américain et que l’investissement responsable est devenu un thème trop populaire.
Ce sondage a peu de valeur prévisionnelle. Il prend le pouls des gros investisseurs et révèle surtout comment ils sont positionnés, à court terme.
En tant que miroir du consensus, il peut néanmoins servir à cerner ce qui pourrait surprendre les pros.
Aux clients qui veulent prendre le contrepied du consensus, le stratège en chef Michael Hartnett mentionne que l’énergie et les actions britanniques sont deux placements encore impopulaires pour ceux qui veulent miser sur le retour de la croissance et de l’inflation.
En revanche, si l’accélération économique attendue ne se produisait pas, les marchés émergents, les matières premières et les titres industriels en souffriraient prévient-il.
Le placement le plus anticonformiste est probablement celui des multinationales de produits de grande consommation, un segment que les investisseurs pourraient songer à inclure en portefeuille pendant que la foule préfère miser sur les bénéficiaires de la reprise mondiale.