Bourse: vendre ou ne pas vendre, telle est la question! (2)
Pierre Théroux|Mis à jour le 13 juin 2024(Photo de Jakub Żerdzicki sur Unsplash)
Les Affaires vous présente SE LANCER EN BOURSE, une rubrique bimensuelle dédiée aux jeunes et aux moins jeunes qui veulent faire le grand saut.
SE LANCER EN BOURSE. Les investisseurs aspirent tous à avoir le bon «timing» pour empocher des profits. Mais quand faut-il vendre, ou ne pas vendre, telle est la question à plusieurs centaines, voire des milliers de dollars, que les investisseurs arrivent inévitablement un jour à se poser.
Mais une chose est sûre: la synchronisation du marché (market timing) n’est jamais très bien indiquée dans ces circonstances. «Je ne recommande pas aux investisseurs de vendre des actions ni d’en acheter par ailleurs, en essayant de prédire les fluctuations du marché. C’est la pire décision à prendre», souligne Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille au sein de la firme Claret.
Frédéric L’Heureux, gestionnaire de portefeuille et membre de l’équipe Leblanc Martineau St-Hilaire chez Valeurs mobilières Desjardins, fait écho à ces propos. «Essayer de synchroniser le marché est assurément l’exercice le plus difficile et, surtout, le plus périlleux à faire», prévient-il.
Trop monté ou trop baissé ?
S’il s’avère assez difficile de savoir exactement quand on doit vendre les titres d’une entreprise, il faut surtout éviter de passer à l’action sous le simple prétexte qu’elles ont soit trop monté, soit trop baissé.
«Ce n’est pas parce qu’un titre a grimpé de 30% ou 50%, par exemple, qu’il faut nécessairement le vendre. Le titre pourrait s’apprécier encore plus et même si l’investisseur aura déjà pu tirer un bon profit de cette vente, il risque de voir ce titre continuer à grimper et laisser encore plus d’argent sur la table. Il ne faut pas limiter ses perspectives de gains», illustre Vincent Fournier.
L’objectif de tout bon investisseur, rappelle-t-il, est de détenir des titres d’entreprises de très grandes qualités qu’il peut conserver le plus longtemps possible afin d’en arriver à multiplier son capital initial par 100, voire 200% et plus encore.
«Si tu te trompes dans l’achat d’un titre, le pire que tu peux perdre, c’est 100% de ton investissement. Mais si tu as raison, le pourcentage de gain peut être à l’infini», souligne-t-il.
Chute et rebond
En revanche, la baisse du prix d’une action ne doit pas nécessairement aboutir à une vente de débarras. «Il faut bien analyser les raisons d’une chute. Si elle s’inscrit dans un élan de baisse généralisée du marché boursier, ça pourrait être une erreur de vendre et de ne pas attendre que le prix se redresse. Cela dit, il faut aussi faire attention de ne pas s’accrocher inutilement à un titre qui baisse dans le seul espoir qu’il va rebondir un jour», conseille Frédéric L’Heureux.
Les deux dernières années témoignent de la situation. Dans la foulée d’une année 2022 difficile, qui a vu l’indice S&P 500 reculé de 18%, bon nombre d’investisseurs ont liquidé une partie de leur portefeuille pour limiter les pertes. D’autant que 2023 s’amorçait avec le spectre d’une récession, ainsi que dans un contexte de taux d’intérêt qui demeuraient élevés et d’un marché boursier qui s’annonçait difficile.
Or, le marché s’est au contraire fortement redressé, particulièrement en fin d’année, comme le démontre la performance du S&P 500 qui a enregistré une impressionnante et inattendue hausse de 26% en 2023. Les pertes se sont ainsi transformées en gains… pour ceux qui avaient maintenu le cap sans céder à la panique.
Une question d’équilibre
Il existe néanmoins de bonnes raisons de vendre. «Il est souvent utile de déterminer si les conditions conduisant à l’achat d’une action dans le passé sont encore en vigueur aujourd’hui. Si ce n’est pas le cas, il faut vendre», conseille la firme d’analyse Morningstar.
Il s’agit aussi bien souvent d’une question d’équilibre. «Quand la proportion d’un titre devient trop élevée dans son portefeuille, il faut rétablir l’équilibre pour réduire le risque de concentration. Ce qui ne veut pas nécessairement dire de liquider toutes les actions de l’entreprise», souligne Sébastien St-Hilaire, gestionnaire de portefeuille de l’équipe Leblanc Martineau St-Hilaire chez Valeurs mobilières Desjardins.
La vente d’actions d’une entreprise, en totalité ou en partie, s’avère tout aussi utile si «un investisseur manque de liquidités et a donc besoin d’argent pour acheter les actions d’une autre société qu’il juge aussi intéressante», ajoute son collègue Frédéric L’Heureux.
Vincent Fournier n’hésitera pas, quant à lui, à vendre les actions d’une entreprise si leur achat s’est finalement avéré une erreur de parcours. «Si vous en arrivez à la conclusion que, pour diverses raisons, la compagnie n’a pas les qualités requises d’un bon placement, il vaut mieux vendre ses actions et assumer les pertes, s’il y en a», précise-t-il.
Une entreprise qui peine à atteindre ses objectifs de croissance, dont les marges de profit et l’endettement se détériorent, ou encore qui doit réduire ou arrêter de verser des dividendes en raison de sa mauvaise santé financière, sont autant de facteurs qui pourraient inciter à la vente de ses actions.
Dans tous les cas, quand vient le temps de vendre les actions d’une entreprise, «il faut s’assurer que notre décision soit en accord avec notre plan de match de bâtir un portefeuille qui permet de diversifier nos risques et de protéger notre capital», rappelle Vincent Fournier
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