(Photo: Shane Rounce pour Unsplash)
Un texte d’Abdul Nakua, membre de la direction de l’Association musulmane du Canada, Karen Bouchard, membre du CA d’Imagine Canada et PDG de la Fondation Québec Philanthrope
COURRIER DES LECTEURS. Alors que la campagne de vaccination s’accélère, la reconstruction économique est imminente. Mais quelle forme prendra-t-elle ? Reviendrons-nous au statu quo, ou mettrons-nous enfin la population au premier plan en adoptant des réformes économiques visant à corriger les inégalités systémiques exacerbées par la pandémie ?
Le budget fédéral est l’occasion pour le gouvernement de mettre de l’avant des solutions économiques viables pour contrer la pauvreté, la discrimination, l’itinérance, le chômage chez les jeunes, et le manque de soutien en santé mentale.
Faire progresser l’équité, communauté par communauté, peut sembler être un défi de taille, mais ce n’est pas une mission impossible. Une grande partie de la réponse consiste à tirer parti du vaste potentiel latent des organismes communautaires, qui sont présents dans toutes les régions du pays et qui offrent des services à tous les groupes de la population, pour favoriser un changement économique inclusif.
Un réseau avec une force exceptionnelle
Les 170 000 organismes de bienfaisance et OBNL du pays possèdent l’expertise, les réseaux et la main-d’œuvre nécessaires pour forger la reprise inclusive que les Canadiennes et les Canadiens méritent. En moyenne, chaque circonscription abrite 450 OBNL qui emploient près de 13 000 personnes, dont la grande majorité est des femmes.
Le secteur communautaire représente 8,5 % du produit intérieur brut du Canada. En termes d’emploi, notre secteur est plus important que le secteur minier, l’industrie pétrolière et gazière, l’agriculture, les transports et la vente au détail. Les OBNL emploient directement plus de 2,4 millions de personnes, et quelque 14 millions de bénévoles offrent chaque année deux milliards d’heures de leur temps.
À l’extérieur du gouvernement, les OBNL sont parmi les quelques organisations qui ont la présence locale, la diversité et les compétences nécessaires pour lutter contre les inégalités dans chaque région et chaque communauté. Cependant, notre secteur doit disposer de ressources pour conduire un changement structurant.
Les OBNL, moteurs de croissance économique
À quelques semaines du budget fédéral, Ottawa doit prolonger les mesures d’urgence initialement mises en place pour aider à surmonter la pandémie. Le maintien des subventions salariales et de loyer et des autres programmes d’aide pour les organismes de bienfaisance et OBNL permettra de répondre à des besoins non comblés dans nos communautés jusqu’à ce que les activités de financement puissent redémarrer complètement.
Le gouvernement peut également propulser l’équité économique en injectant un financement supplémentaire au secteur, en particulier aux petites organisations. Ces fonds permettraient de stabiliser les opérations et d’élargir la prestation de services. Nous avons également proposé au gouvernement fédéral le jumelage des dons privés dollar pour dollar jusqu’à un maximum déterminé.
Le gouvernement fédéral doit par ailleurs repenser sa relation avec le secteur communautaire. Notre secteur doit être reconnu comme un partenaire stratégique et un moteur de croissance économique et d’innovation sociale. La création d’un département ou d’un ministère fédéral renforcerait la capacité du secteur d’être un catalyseur de changements efficace.
Les leaders de notre secteur travaillent sur un cadre pour une reprise équitable. Une priorité clé sera de forger des partenariats avec des organisations représentant des communautés racisées et en quête d’équité afin que leurs expériences et leurs points de vue soient priorisés.
Le Canada est à la croisée des chemins. Nous pouvons emprunter la voie traditionnelle de la relance ou façonner une reconstruction économique véritablement équitable. Le prochain budget fédéral indiquera si Ottawa cherche une transition significative vers un changement économique inclusif qui offre des avantages tangibles pour tous.
Un texte d’Abdul Nakua, membre de la direction de l’Association musulmane du Canada, Karen Bouchard, membre du CA d’Imagine Canada et PDG de la Fondation Québec Philanthrope