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Pierre Graff

Mouvement Génération

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Expert(e) invité(e)

Budget provincial et entrepreneuriat: vous avez dit timide?

Pierre Graff|Publié le 22 mars 2023

Budget provincial et entrepreneuriat: vous avez dit timide?

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. La prise de conscience du gouvernement de François Legault de la pénurie de main-d’œuvre est certainement le seul fait saillant de ce budget provincial qui a porté la majorité de son attention sur les particuliers.

La persistance de l’inflation a clairement conforté l’équipe caquiste dans l’application de sa promesse électorale de baisser les impôts des contribuables. Un pari risqué puisque les recettes fiscales pâtiront assurément du contexte macroéconomique.

 

Un contexte difficile pour les entrepreneurs

Le raisonnement aurait pu toutefois être étendu aux entrepreneurs et à nos jeunes pousses qui elles aussi souffrent de ce cocktail que je qualifie d’explosif: inflation, taux d’intérêt prohibitifs, guerre en Ukraine, chaînes d’approvisionnement encore enrayées et j’en passe.

Sur le terrain, les témoignages d’entrepreneurs qui vont dans le même sens se succèdent. Ils ont décidé de mettre sur pause leurs investissements, sont plus que jamais fragilisés par la hausse des salaires due à la pénurie ou encore retardent leur internationalisation pour certaines.

Sur ce dernier point, et c’est là une mince consolation, le budget ajoute 25 millions de dollars sur deux ans afin de faciliter les exportations et la numérisation. Une aide mitigée qui nous fait manquer une opportunité. En effet, la politique haussière des taux de la Federal Reserve américaine se différencie de plus en plus de l’approche de la Banque du Canada. Cela crée une appréciation du dollar américain et une baisse relative du huard qui par le fait même devient plus attractif. Pourquoi alors ne pas en profiter alors pour attaquer l’international avec plus de mordant?

 

Des enjeux structurels non évoqués 

Parallèlement, les intentions d’entreprendre dégringolent ! Un voyant lumineux rouge qui doit absolument être pris en compte si l’on veut continuellement développer nos futures entreprises du Québec Inc. On ne rappellera jamais assez que les jeunes pousses québécoises sont un moteur incontournable de l’innovation !

Aussi, le taux de survie de nos jeunes entreprises après cinq ans reste faible comparé à nos voisins et notamment l’Ontario. Un autre voyant rouge qui persiste année après année. 

De la même manière, la question du manque de relève n’a pas été abordée alors que c’est essentiel pour résoudre la crise de la reprise d’entreprise!  Les enjeux qui touchent au repreneuriat sont une réelle menace pour notre économie à court, moyen et long terme.

Le Gouvernement du Québec avec la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2 (SQRI2) et le Plan québécois en entrepreneuriat (PQE) avaient frappé fort. Les derniers mois ont permis toutefois de mettre en lumière des pistes d’amélioration pour en faire notamment des vases communicants et permettre aux investissements majeurs prévus de créer le maximum de richesse pour le Québec. On citera par exemple l’innovation (couverte par la SQRI2) dans le repreneuriat (couvert par le PQE). 

 

Créer un contexte favorable à l’entrepreneuriat

Le fait de reconnaître la pénurie est assurément un pas dans la bonne direction. Il faut en revanche en faire plus. À ce titre, la révision fiscale de la Régie des rentes du Québec pour maintenir à l’emploi les aînés est insuffisante. 

C’est grâce à un rééquilibrage de l’offre et de la demande de main-d’œuvre, donc freiner la pénurie, que nous réussirons à freiner la hausse des salaires qui a créé un confort supplémentaire chez les employés et une baisse des incitatifs à l’entrepreneuriat. 

Dans la même veine, travailler sur la culture entrepreneuriale au Québec parallèlement à une culture d’innovation forte est essentiel. 

Le Gouvernement provincial a prévu une enveloppe à cet effet pour les étudiants post-secondaires ainsi qu’une bonification des bourses d’excellence. Il faudra viser plus large, car tout le monde devrait être concerné lorsqu’on parle de culture entrepreneuriale. 

Enfin, alors que le Québec fait face à une triple transition démographique, technologique et environnementale, les investissements de 30 millions de dollars sur trois ans pour les technologies propres semblent dérisoires si l’on souhaite vraiment soutenir l’innovation et bâtir un Québec prospère et durable.

Je dis souvent qu’il est préférable de prévenir que guérir. Ce budget provincial me laisse assurément sur ma faim. Des incitatifs ambitieux à l’entrepreneuriat et au repreneuriat, complémentaires à la SQRI2 et au PQE auraient été les bienvenus pour soutenir nos créateurs de richesse.