Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires
Annie Boilard

Travailler agilement en équipe

Annie Boilard

Expert(e) invité(e)

Ça change tout le temps!

Annie Boilard|Publié le 13 septembre 2022

Ça change tout le temps!

Sophia vient de changer d’emploi. L’entreprise qu’elle a quittée était à la fine pointe de la technologie. Dans sa nouvelle équipe, la technologie n’est pas leur force. Comment va-t-elle réagir?

BLOGUE INVITÉ*. A-t-on horreur du changement?

Savez-vous pourquoi l’espace entre les rails d’un chemin de fer (ou des roues d’un train) en Amérique est de 1435 mm?

Parce que c’est la distance qui séparait les roues des chars romains… il y a 2 000 ans!

On s’entend vous et moi que ce type de véhicule se fait rare sur nos routes! Et pourtant, c’est l’écart établi il y a bien longtemps qui fait encore foi et loi aujourd’hui.

En général, l’humain ne cherche pas à changer. Sans contraintes, on répète ce qui existe déjà. C’est d’ailleurs un défi avec l’innovation, car inconsciemment, nous avons tendance à améliorer ce qu’on connaît. C’est ardu de faire table rase pour partir d’une page blanche.

L’humain, comme espèce évolutive, a souvent été louangé dans l’histoire pour ses capacités d’adaptation. On est capable de changer, mais cela a un coût qui se monnaie en énergie. Et l’énergie humaine est une denrée prisée en entreprise.

 

Quel outil peut aider notre équipe?

Les experts en gestion du changement possèdent dans leur coffre à outils un référentiel: la courbe d’adaptation. Elle leur permet d’apprécier où nous en sommes dans l’adoption de la nouvelle réalité.

Les réactions d’une nouvelle employée face au changement

Sophia vient de changer d’emploi. L’entreprise qu’elle a quittée était à la fine pointe de la technologie. Dans sa nouvelle équipe, la technologie n’est pas leur force.

Stabilité: le changement est annoncé.
Dès les premières heures en poste, elle se rend compte de la vétusté des équipements. 

Immobilité: peur, confusion.
Elle n’ose pas demander à ses collègues des informations plus détaillées à propos de leur environnement technologique. Elle a peur que leurs réponses soient encore pires que ce qu’elle vient de découvrir. 

Rejet: défense de l’ancienne façon, rejet de la nouvelle réalité.
Elle se dit que ce qu’elle constate n’est sûrement pas représentatif de la réalité. Il y a d’autres outils, c’est sûr. Faut juste qu’elle les trouve. 

Agressivité: colère, amertume.
Sophia se demande comment elle a fait son compte pour ne pas parler de ça en entrevue. C’est quand même un point essentiel. Où avait-elle la tête? 

Négociation: tentative de minimiser les impacts.
Mes collègues sont très compétents. Je vais pouvoir avoir de bons échanges avec eux et comprendre comment ils font leur travail… avec les outils en place. 

Dépression: frustration, sentiment d’avoir perdu.
L’équipe, c’est bien beau. Mais les outils de travail, c’est très important. Surtout dans son domaine. 

Test: essai limité de la nouvelle alternative.
Elle tente de tous les essayer, pour voir ce qui va vraiment lui manquer. 

Acceptation: le changement est encore perçu négativement.
Bon, finalement, c’est moins grave que ce qu’elle pensait. Elle pourra peut-être faire des demandes spéciales! Peut-être qu’il y a des budgets pour ça? 

Engagement: le changement est perçu positivement.
Elle décide d’arrêter de se braquer avec les outils informatiques sinon, elle va avoir une mauvaise intégration. Aller, hop, au boulot! 

 

On peut utiliser très facilement cet outil dans nos équipes: pas besoin d’être un expert en gestion du changement.

L’adaptation au changement est inévitable, avec ou sans courbe. L’idée d’utiliser cet outil est de fluidifier, donc d’accélérer, le passage d’une étape à l’autre.

En d’autres mots, cet outil ne permet pas d’éviter la souffrance inhérente au changement. Cependant, il contribue à réduire la période en cause et l’intensité des émotions. Les pics se transforment en vagues. Comme dans le cas de Sophia.

 

Et en équipe, comment on utilise cette courbe?

On en parle! On choisit un contexte, on analyse en équipe et on se positionne tous sur la courbe. On prend le temps de se demander:

  • Où te situes-tu sur la courbe?
  • De quoi as-tu besoin?
  • Qu’est-ce qui t’aiderait?

À force d’utiliser la courbe pour mieux se comprendre, on crée assurément des rires et des soupirs. On s’y retrouve, confirme le cycle et se dote d’un vocabulaire commun.

Dans la nouvelle équipe de Sophia, on pouvait entendre des commentaires: «Elle est dans son W. En revanche, je ne sais pas trop à quelle phase. On peut lui en parler?»

 

La courbe fonctionne dans les deux sens

Gardons en tête que nous pouvons avancer et reculer sur la courbe. Nos collègues aussi.

Parfois, quelqu’un de l’équipe a vu en une nouvelle application technologique une solution à un irritant du quotidien. Son engouement fait que toute l’équipe adhère au projet rapidement. Puis, on se rend compte qu’on avait mal compris. Finalement, les irritants du passé perdurent même avec le nouveau système.

Voici que notre collègue et des membres de l’équipe reculent sur la courbe.

 

La courbe, un incontournable ou pas?

Le simple fait d’en parler entre nous :

  • donne des points de repère communs
  • brise l’isolement (je pensais que j’étais toute seule)
  • laisse toute la place à l’empathie en créant des ponts relationnels

Ça ne change pas la réalité, mais ça facilite la façon d’aborder le changement en équipe. Et de grandir ensemble.

 

*Ce nouveau blogue de la présidente du Réseau Annie RH, Annie Boilard, s’adresse à celles et ceux qui travaillent en équipe au quotidien. Il propose des pratiques collaboratives inspirantes et des outils pour aborder les situations délicates. Ses objectifs? Avoir du plaisir à travailler ensemble et accroître l’efficacité collective. Une fois par mois, laissez-vous inspirer et (re)connectez avec le plaisir de travailler en équipe.