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Cadres, n’oubliez pas d’accompagner vos critiques de compliments

Karl Moore|Publié le 02 Décembre 2020

Cadres, n’oubliez pas d’accompagner vos critiques de compliments

En travaillant de la maison nous recevions moins de commentaires positifs de la part de nos collègues. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Les membres de la génération Z adorent recevoir de la rétroaction. C’est pourquoi nous nous sommes mis à donner plus de critiques au travail, mais l’une des leçons que j’ai apprises ces dernières années est que si la critique est nécessaire et appréciée, sans éloge, elle laisse trop souvent les gens démotivés et pleins de rancœur envers leur supérieur. 

Recevoir seulement des critiques est démoralisant. Bien sûr, certains ne méritent que de la critique, et pour leur bien et celui de l’organisation, il faut leur laisser le temps de s’améliorer, puis les aider à trouver une nouvelle opportunité professionnelle s’ils n’en sont pas capables. Selon mon expérience, cela n’arrive que très rarement. Au cours des 30 dernières années de ma carrière, j’ai eu de nombreux patrons chez IBM, Hitachi, à l’université d’Oxford et maintenant à l’université McGill. L’un de mes pires patrons était quelqu’un qui avait du mal à dire quoi que ce soit de sympathique, à moi ou à la majorité des personnes qui travaillaient pour lui. Lorsque cette personne a annoncé son départ, je me suis réjoui discrètement du fait que je n’aurais plus à la voir !

Cette personne n’était pas un mauvais administrateur. Elle a fait de bonnes choses pour l’organisation et elle a pu gravir les échelons d’IBM. Mais ce qui me déplaisait dans son mode de gestion, c’était le manque constant d’éloges et de reconnaissance dans leurs commentaires. Pendant son mandat, j’ai fait des choses qui méritaient d’être louées. Lors d’un examen annuel, ce responsable n’a fait que me critiquer. La critique était justifiée, mais il n’y avait rien de positif dans leurs commentaires pour atténuer le choc. J’avais l’impression de n’avoir rien apporté à l’équipe cette année-là. L’expérience m’a laissé en larmes, non pas devant lui, mais en privé. Je me suis senti très sous-estimé et j’ai pensé à quitter l’organisation. Heureusement pour moi, cette personne est partie en premier.

Certains d’entre vous se disent peut-être que je devrais grandir un peu en lisant mes propos ! Ayant plus de 30 ans à l’époque, j’aurais dû mettre mes émotions de côté et chercher une validation en mon for intérieur au lieu de faire appel à une figure d’autorité pour me féliciter. Je suis d’accord en partie. Cependant, je suis arrivé à la conclusion qu’un excellent patron fait des compliments ainsi que des critiques. 

Les cinq langages d’appréciation sont l’un des outils de gestion les plus puissants et les plus simples que j’enseigne maintenant depuis quelques années. Conçus à l’origine pour être utilisés dans le milieu familial, Gary Chapman et Paul White ont appliqué ces cinq langages du milieu de travail dans leur livre, The 5 Languages of Appreciation in the Workplace (Les cinq langages d’appréciation dans le milieu de travail). Ils affirment qu’il existe cinq façons principales d’exprimer sa reconnaissance envers ses subordonnés ou ses autres pairs au travail. Il peut très bien y avoir une sixième ou une septième façon de communiquer, mais ces cinq semblent couvrir 95% du territoire et, après tout, cinq est un chiffre facile à retenir. Les cinq façons d’exprimer son appréciation sont : les mots d’affirmation, le temps de qualité, les actes de service, les cadeaux tangibles et le toucher physique.

J’enseigne ces cinq langages depuis plusieurs années maintenant. La réaction des cadres auxquels j’enseigne ces principes est toujours très positive, car ils sont ravis de voir à quel point leurs collaborateurs sont contents de voir que leurs efforts sont appréciés et à quel point il est judicieux d’utiliser une langages qui correspond à chaque personne en particulier. Les langagess d’appréciation sont des outils puissants que les cadres se doivent d’utiliser pour transformer les reproches en critiques plus constructives que votre équipe appréciera et dont elle tirera des enseignements utiles.

Lors d’une récente réunion entre collègues, nous avons discuté du fait qu’en travaillant depuis la maison nous recevions moins de commentaires positifs de la part de nos étudiants et de nos collègues. Normalement ce genre de commentaires seraient échangés dans nos salles de classe ou dans les couloirs. Ce n’est pas la même chose sur Zoom. Notre conversation m’a fait penser aux cinq languages d’appréciation et leur utilité dans le contexte inhabituel que nous traversons. Ce sont ces moments inhabituels qui obligent ceux d’entre nous qui sont gestionnaires à réfléchir à la manière de bien gérer même en cas de crise.

 

Karl Moore et Marie Labrosse. Karl est professeur associé à la Faculté de gestion Desautels et Marie est étudiante en maîtrise de littérature anglaise, tous deux à l’Université McGill.