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CAE: le niveau de soutien doit tenir

Jean Gagnon|Édition de la mi‑novembre 2023

CAE: le niveau de soutien doit tenir

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

L’image que reflète le graphique des fluctuations quotidiennes du cours de l’action de CAE (CAE, 29,24 $) est devenue inquiétante en seconde moitié d’octobre.

Après une poussée intéressante entre juin et le début de septembre, alors que le titre est passé de 28 $à 34 $, soit un gain de près de 18 %, le titre n’a pas su résister à la saisonnalité défavorable des mois de septembre et d’octobre et est retombé rapidement à 28 $, note Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles.

Ce recul ramène le cours de l’action sous ses moyennes mobiles de 50 jours (ligne noire sur le tableau) et de 200 jours (ligne grise), ce qui laisse craindre que la tendance pointe maintenant vers des niveaux plus bas.

Les prochaines semaines pourraient être déterminantes, explique l’analyste. À 28 $, le titre se situe sur un niveau de soutien important (ligne rose). C’est à ce niveau que les investisseurs se sont présentés en nombre suffisant pour freiner chaque baisse du titre cette année. S’ils négligeaient de le faire à nouveau cette fois-ci et que le cours de l’action enfonçait ce soutien, les perspectives s’assombriraient rapidement, estime Monica Rizk.

 

Le volet de l’industrie de la défense

On aurait pu croire qu’une vague de violence au Proche-Orient débouchant sur un conflit majeur attirerait de nombreux investisseurs intéressés par les activités de CAE dans l’industrie de la défense.

L’effet, s’il y en a eu un, n’a duré que quelques jours. Bien que le fournisseur de simulateurs de vol et de formations pour les pilotes offre une exposition intéressante aux investisseurs qui prévoient un accroissement des dépenses militaires, ceux-ci semblent depuis quelques mois moins enthousiastes quant aux perspectives du côté de l’aviation civile.

Le trafic aérien progresse bien

Bien que le coût du carburant complique la vie des transporteurs, la demande pour le voyage aérien demeure pourtant solide. «Les plus récentes données de l’Association internationale du transport aérien (IATA) indiquent que le trafic aérien de passagers se rapproche de plus en plus des niveaux de 2019, juste avant l’arrivée de la pandémie, qui avait cloué au sol la majorité des transporteurs», signale Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale. En août, le trafic mondial n’était que de 4,3 % inférieur au niveau de 2019 et la capacité, plus basse de 3,1 %. Il y a à peine un an, le trafic était de 26,3 % inférieur et la capacité, de 22,8 % plus basse que leurs niveaux prépandémiques.

Spécifiquement pour CAE, l’utilisation d’avions se révèle un bon indicateur précurseur de la demande pour l’entraînement du personnel de vol, estime l’analyste. Selon les données de Flightradar24, un site web de traçage de vols qui mesure le nombre d’avions en vols en temps réel, le nombre total des vols commerciaux (incluant l’aviation d’affaires et de cargo) le 15 octobre était de 125 545, soit 6,3 % de plus qu’à la même date en 2019.

CAE divulguera ses résultats trimestriels le 14 novembre et ceux-ci devraient être bons, estime Philippe Côté, gestionnaire de portefeuilles à Eterna Groupe Financier. «CAE est un titre qui est suivi de près par beaucoup de monde», dit le gestionnaire. Selon lui, le manque de pilotes dans l’industrie de l’aviation en général devra être comblé éventuellement, ce qui permet de croire que la demande pour les produits et services de CAE continuera de croître.

 

Vente d’actifs

CAE a récemment annoncé avoir conclu une entente pour vendre sa division de soins de santé à la société américaine Madison Industries, établie à Chicago, pour un montant de 311 millions de dollars, soit sensiblement l’évaluation qu’en faisait Benoit Poirier, analyste à Valeurs mobilières Desjardins. L’entreprise indique que le montant obtenu servira à réduire sa dette et lui permettra de se concentrer sur le développement de sa technologie et de son leadership dans le secteur des simulateurs de vols, ainsi que sur l’optimisation de ses coûts. Le ratio de la dette passera de 3,2 fois à 2,9 fois, estime l’analyste.

Cela ouvre la porte à certaines stratégies de retour de capital aux investisseurs, croit Benoit Poirier. Il ne serait pas surpris que la société annonce un plan de rachat d’actions ou le versement d’un dividende d’ici la fin de l’année.

Reste à voir si cette perspective ramènera suffisamment d’acheteurs pour permettre au titre de ne pas enfoncer l’important niveau de soutien à 28 $.